Pouvoirs publics, patronat et syndicats, tout le monde est interpellé. L'encadrement syndical tombé en désuétude, le marché international dangereusement contraignant, et la cherté de la vie galopante, voilà les griefs d'une vie sociale qui menacent ! Traditionnellement, le 1er mai est consacré aux défilés des syndicats. Devenu un rituel, cela fait un sacré temps qu'il ne mobilise pas les foules, les masses laborieuses. «C'est aussi un jour de fête pour le muguet, car la tradition populaire veut qu'on offre un brin de muguet comme porte bonheur», dira l'abécédaire syndical. Au Maroc, l'est-il vraiment ? Loin s'en faut ! Et ce, pour tout le monde. Pouvoirs publics D'abord pour les pouvoirs publics : contraint à s'adapter avec un climat mondial, loin d'être favorable pour le pays, le gouvernement doit pour autant, prendre en considération les revendications, pertinemment justes des fonctionnaires et autres travailleurs. Le patronat, pris en tenaille entre une compétitivité sans merci et des doléances tout aussi incontournables des employés, est lui-même interpellé. Les deux partenaires sociaux des syndicats ayant bénéficié, depuis bientôt une décennie, d'une paix sociale sans précédent, sont actuellement en bute à une fronde syndicale qui va crescendo. La Fdt, vient de décréter une grève dans le secteur public, sans fixer la date de ce débrayage qui risque de paralyser la fonction publique, les communes et les établissements publics ! Elle sera fixée après le 4ème round des négociations. Amaoui, le trublion chef de la CDT, lui aussi est monté au créneau en annonçant le retrait des députés CDT de la deuxième chambre, et déclarant une grève générale imminente, qui touchera tous les secteurs, y compris le secteur privé. Une première, depuis l'avènement de la nouvelle ère. Le cours mondial ne facilite pas la tâche du gouvernement, avec un prix exorbitant de pétrole, le gouvernement peine à maîtriser la situation. Une révision à la hausse de la caisse de compensation fera augmenter les subventions de l'Etat à 40 milliards ! Une première au Maroc indépendant, bien que seul 30 % des défavorisés en bénéficient. D'où le malaise social croissant. Espace d'encadrement Faut-il pour autant dire que les syndicats sont forts et à même de faire régner leur loi ? Rien n'est moins sûr ! Atomisation, régression notoire d'adhérence, mode de désignation sclérosé, sont autant de maux qui pénalisent les syndicats. Espace d'encadrement en mutation à travers le monde, le syndicat marocain est en proie à un délitement, dont les raisons sont multiples. On en retient surtout, un mode de fonctionnement stérile sinon inhibiteur, et qui répugne les nouvelles générations de travailleurs. Ceux là même qui revendiquent des nouvelles pratiques syndicales, un «syndicalisme de troisième type construit sur une intervention dans la gestion et l'efficacité selon l'expression de A. Ayach, une devise qui, jusqu'à maintenant, est l'apanage de l'entreprise. Encore faut-il que les syndicalistes trouvent la formule ! S'y ajoute une multiplication cancéreuse des représentations syndicales, tous secteurs confondus. Rien que dans l'enseignement, le Maroc compte 27 organismes qui prétendent représenter les enseignants, inspecteurs, directeurs ou autres administratifs ! Un phénomène, jusqu'à une date récente, spécifiquement partisan. La contamination ronge l'espace d'encadrement et ternit l'image de marque du syndicalisme. Une loi sur les syndicats s'avère plus que nécessaire, à l'image des partis. Il est temps que l'Etat, et ses partenaires sociaux, légifèrent et régulent un espace d'où peuvent survenir tous les démons !