Le dernier «Black Friday» organisé au Maroc divise les Marocains. Vendredi dernier, Jumia, Hmall, Kaymu ont décidé d'apporter du sang neuf dans le commerce en ligne national. Les sites d'e-commerce, notamment Jumia, sont allés jusqu'à promettre des promotions de 90% aux clients. Tout à fait normal puisque le concept des black Fridays importé des USA se caractérise par des réductions à couper le souffle. Sauf que la première expérience de «black Friday» au Maroc n'aura pas fait que des heureux. Plusieurs Marocains, qui y voyaient l'aubaine à saisir en cette fin d'année, se disent déçus voire arnaqués. Et c'est surtout Jumia qui est dans le viseur des insatisfaits, puisque le site avait mené une campagne de communication chatoyante sur la journée promotionnelle. Une vraie grogne s'est emparée des réseaux sociaux dès lors. Une pétition a d'ailleurs été publiée, au lendemain du «black Friday» sur Avaaz, pour la «fermeture de Jumia.ma et l'arrêt de son activité». Vendredi à minuit, Jumia donnait le coup d'envoi de la vente chrono promotionnelle. Les Marocains étaient aux aguets. Après plusieurs mois de campagne, l'attente se faisait impatiente. Au bout de 10 minutes, rapportait le site de vente, ce sont 2000 commandes qui avaient été enregistrées. Moins d'une heure après le lancement, ce sont 10.000 commandes qui avaient été faites. Si la frénésie avait saisi les clients ce vendredi promotionnel, plusieurs se disent aujourd'hui arnaqués. Dans la pétition publiée sur Avaaz, une ONG internationale de cybermilitantisme qui se mobilise sur différentes questions internationales, le «black Friday» du site d'e-commerce est qualifié de «coup de bluff» voire de «canular». En effet, le pétitionnaire, le nommé Oussama M., épingle le site pour n'avoir pas précisé le nombre de produits concernés par la réduction de 90% car c'est cette offre qui aura alléché la plupart des clients. Certains produits ont plutôt connu des réductions de 10%, quelquefois moins, laisse entendre la pétition. Certains produits ont été classés «épuisés» au bout de quelques secondes, avancent certains clients qui n'ont pas pu faire leurs commandes à temps, du fait de la surcharge de connections sur le serveur du site. La pétition devra être signée par 500 personnes pour mener une campagne contre le site d'e-Commerce. Hier, dimanche en milieu de journée, ce sont 425 personnes qui l'avaient déjà signée. Une campagne d'insatisfaction a été aussi menée sur les réseaux sociaux. Sur facebook, le groupe «black Friday scandale» a vu le jour pour dénoncer la journée de vente. Plusieurs internautes y ont publié leurs expériences. Dans la même mouvance, des bloggeurs se sont également saisis de l'affaire. «Il ne s'agit pas d'une journée de solde mais une journée de grosse arnaque, une arnaque qui va toucher la crédibilité du site et les promesses des vendeurs», avance le blog Mira Dreams. Selon le bloggeur, «tout aurait été programmé pour que personne ne gagne les ventes flash surtout, programmées à des heures fixes avec des prix imbattables. «Les offres ont existé en vrai avec des stocks limités certes, mais une offre limitée vaut toujours mieux que rien. Car il y a eu des heureux gagnants, dont un ami à moi», rétorque un internaute ayant bénéficié des promotions. De l'avis du blog, ce sont les employés sinon des amis du site qui en auraient profité. Contacté sur la question, Bastien Moreau, DG de Jumia Maroc a déclaré à un site électronique : «nous avons travaillé toute la journée pour contacter nos partenaires et réalimenter le site de stocks supplémentaires lorsque cela était nécessaire. Malheureusement le stock disponible des distributeurs n'est pas illimité. C'est pour cela que l'incroyable demande de nos clients n'a pas toujours pu être satisfaite». Si le management du site se dit satisfait des ventes du «black Friday», avec des ventes estimées à 3 millions de DH, tel n'est pas le cas des clients. Plusieurs questions relatives, notamment à la traçabilité, à la qualité des produits, à la fiscalité se posent aujourd'hui avec acuité. Quels sont les droits de l'Etat sur une pareille société ? A qui se référer en cas de plaintes ? Jumia est né de l'éclosion du groupe nigérian Africa Internet Group. Il est détenu à plus de 20% par Rocket Internet, incubateur allemand qui a lancé Zalando, Kaymu et Jovago en Afrique. Les boutiques disparaitront-elles complètement bientôt ? On n'est pas sans se rappeler les déboires que vit l'agence de voyage Fram en France qui succombe aujourd'hui à la montée en puissance de la concurrence d'internet. Le «Black Friday» intervient aux USA le dernier vendredi du mois novembre, au lendemain de Thanksgiving. Le concept a été importé dans plusieurs pays d'Europe. Il consiste en des soldes de 90%, voire plus.