Pour Mustapha Chennaoui, secrétaire général du Syndicat national de la santé publique (SNSP) à la CDT, l'AMO est un pas en avant dans le système de l'assurance maladie dans notre pays. Chennaoui ajoute qu'il faut œuvrer davantage pour combler certaines lacunes et permettre à tous les Marocains, sans distinction ou discrimination, de profiter d'un système d'assurance maladie à la hauteur des espérances de tous. Al Bayane : L'AMO va fêter le 18 août prochain ses cinq années d'existence. Quel est le bilan que vous faites de cette expérience ? M. Chennaoui : Il faut savoir que l'assurance maladie obligatoire (AMO) fait partie du code de l'assurance et de la protection sociale qui regroupe l'assurance maladie, les retraites, les accidents de travail et autres. L'AMO est un système qui concerne les Marocains aux salaires fixes. Dans le secteur public, l'assurance maladie obligatoire est généralisée, tandis que dans le privé, tous les salariés ne bénéficient pas de l'AMO. Il y'en a certains qui ne sont même pas affiliés. L'Etat doit agir rapidement pour faire diminuer ces impartialités dans la gestion de ce système d'assurance maladie. Il ne faut pas oublier les personnes qui travaillent dans des professions libérales et qui ne sont pas couvertes par l'assurance maladie. J'appelle à ce que le système de l'AMO soit généralisé à tous les secteurs comme les médecins et les ingénieurs. On doit penser, comme je l'ai dit, à un contrôle de la part de la machine étatique, afin de palier à tout possible dysfonctionnement. Il existe une autre expérience qui n'a pas fait ses preuves, à savoir le projet «INAYA», qui a démontré des défaillances, du fait que cette assurance se fait auprès d'organismes privés et ne donne pas lieu aux mêmes avantages qu'avec les autres systèmes d'assurance. Dans ce registre, il faut penser à mettre en place des accords sectoriels public-privé, afin de réparer ce système. Pour ce qui est de mon bilan sur l'AMO, je pense que c'est une grande avancée dans notre pays, mais nous avons besoin davantage d'actions pour combler le vide et surtout donner à l'approche sociétale, la place qu'elle mérite. Quels sont les points faibles de l'AMO et sur lesquels il faudrait se pencher davantage ? Pour se pencher sur des lacunes, il faut que ça se fasse dans le cadre d'une approche consensuelle et périodique. Certes, l'AMO est un avantage pour les Marocains et pour le système de santé dans notre pays. Néanmoins, il ne faut pas que la vision managériale et des chiffres prenne le dessus sur l'élément social, la base même de toute la politique du Maroc du 21ème siècle. D'après des statistiques, il s'avère que les ménages marocains contribuent à la hauteur de 50 % aux dépenses de santé dans notre pays. Les 50 % restantes sont alors assurées par les subventions étatiques et autres. D'autre part, nous estimons que les remboursements des soins ne sont pas à hauteur des espérances d'une grande partie des Marocains. Aussi, la durée que demande les traitements des dossiers de maladies est relativement longue. Je demande par ailleurs, que la liste des médicaments remboursables soit étoffée, pour permettre aux Marocains d'être fiers et de bénéficier pleinement de leur droit à l'assurance maladie dans leur pays. En clair, doit-on estimer que l'avenir de l'AMO dans notre pays est incertain ? Je ne pense pas qu'il y a lieu de s'inquiéter pour l'avenir de l'AMO. L'équilibre financier de ce système est garanti. Nous pouvons dire que ce système connaît un excèdent. Si tel n'était pas le cas, la CNSS n'aurait pas réussi à élargir l'assurance aux soins ambulatoires. La seule incertitude qui existait du temps de l'instauration de l'AMO concernait la réaction des salariés du privé quant à ce nouveau système. Pour le système public, nous savions à quoi nous en tenir avec la CNOPS. En gros, je dirais que l'AMO est un bon point pour l'assurance maladie dans notre pays. Mais nous avons besoin de voir plus de réformes qui aillent vers le bien du citoyen marocain lambda.