D'après les données chiffrées du projet de Loi de Finances -PLF- pour l'année 2012, les ressources globales s'établissent à 314,5 milliards DH, alors que les dépenses globales se montent à 346,7 milliards DH, soit finalement un besoin de financement de quelque 32,2 milliards DH. Au-delà de cet écart entre les recettes et les charges, le ministre de l'Economie et des Finances, Nizar Barak, s'engage à ramener le déficit budgétaire à 5%. Le besoin de financement serait financé principalement pour la deuxième année consécutive par le recours au marché intérieur (émission de bons de Trésor), précise-t-on dans le rapport financier du PLF 2012, tel qu'il est présenté à l'examen des parlementaires. Le recours au marché international est une option retenue au cas où les conditions de levée de fonds seraient favorables. Pour Driss El Azami, ministre du Budget, le besoin de financement est estimé à 60 milliards DH et un appel aux bailleurs de fonds comme la BAD ou la banque mondiale, à hauteur de 2 milliards d'euros, n'est pas écarté. Au chapitre des investissements, le PLF prévoit un montant global de à 188,3 milliards DH, au lieu de 167,3 milliards DH pour l'exercice 2011, soit un montant additionnel de 21 milliards. Elaboré dans un contexte un peu difficile, en raison de la crise économique et financière en Europe et de la tension dans le Golfe, dans le sillage du «Printemps arabe», le PLF 2012 prévoit un taux de croissance de 4,2% de l'économie nationale, après 5% en 2011, dopé par le PIB non agricole qui devrait afficher une progression de 4,6% après 5,4% en 2011. Comme pour les années précédentes, cette croissance serait tractée essentiellement par la demande intérieure. «Ce rebond de la demande intérieure, devrait être rejoint par une amélioration sensible des exportations», relève dans le rapport financier du PLF. Toutefois, «l'insuffisance de l'offre au niveau local, notamment, en produits agricoles et industriels, serait à l'origine d'une évolution rapide des importations». Un creusement du déficit de la balance commercial n'est donc pas écarté. Le ministère de l'Economie et des Finances s'est basé, dans ses pronostics, sur un prix moyen du pétrole brut autour de 100 dollars/baril, et une certaine stabilité de la parité DH/Euro et DH/Dollar. Or, les cours du pétrole poursuivent leur mouvement haussier, au-dessus des 120 dollars le baril, et il n'est pas dit qu'ils vont stabiliser ou du moins stopper leur « bulle ». Pour rappel, les charges nettes de la Caisse de compensation en 2011 se sont établies à 48,8 milliards DH, enregistrant une hausse de près de 80% en comparaison avec 2010, alors que les crédits prévus étaient limités à 17 milliards DH. La mesure phare apporté par le PLF 2012 est la création du «fonds d'appui à la cohésion sociale ». Ce fonds, qualifié d'étape avancée pour l'optimisation des impacts des politiques sociales, «est appelé à contribuer au financement des dépenses relatives à la mise en œuvre du RAMED, à l'assistance aux personnes en situation de handicap et à la lutte contre l'abandon scolaire (TAYSSIR, distribution de cartables,...) et globalement à renforcer les mécanismes de solidarité et ce, en cohérence avec les perspectives de la réforme de la caisse de compensation». Ce fonds, précisait-on dans le rapport financier qui accompagne le PLF, «serait financé par la contribution des sociétés soumises à l'IS dont le bénéfice net déclaré en 2012 est supérieur ou égal à 200 millions de dirhams, par une contribution du fonds de solidarité des assurances et par des recettes provenant de l'augmentation de la TIC sur les tabacs». Il est intéressant de noter que le PLF 2012 prévoit également la promotion de l'emploi à travers deux mesures spéciales de formation insertion, élaborées en faveur des jeunes. Il s'agit du Contrat d'Insertion Amélioré et du Contrat d'Intégration Professionnelle. Au-delà de la volonté de préserver les grands équilibres macroéconomiques, le PLF 2012 développe aussi l'ambition de poursuivre la croissance et le développement social. Reste à convaincre les représentants de la nation de la pertinence du projet et de la portée des réformes engagées.