Les principaux indicateurs économiques et financiers du pays se portent plutôt mal. Malgré la résilience de l'économie en 2011, la loi de Finances 2012 devra prendre en compte plusieurs déficits structurels et conjoncturels. Ceci, sur fond de tensions sociales, que Benkirane compte apaiser. Radioscopie des principaux agrégats économiques. Le nouveau gouvernement désigné passe aux choses sérieuses. La tant attendue loi de Finances 2012 devra fixer les priorités budgétaires du gouvernement et plusieurs mesures à caractère social. Or, à la lecture de la dernière revue mensuelle de la conjoncture économique, monétaire et financière de Bank Al-Maghrib, on s'aperçoit que la tâche sera tout sauf facile pour Benkirane, qui devra boucler cette loi de Finances.En effet, dans un contexte international morose, la croissance économique s'est établie à 4,8% au troisième trimestre 2011, reflétant la poursuite de la progression de la valeur ajoutée agricole et l'ajustement à la hausse de la croissance non agricole de 4,1% à 4,9%, après le ralentissement observé au deuxième trimestre. Une analyse plus détaillée montre, toutefois, que cette orientation favorable du PIB global et de celui non agricole tient essentiellement à la dynamique des activités orientées vers la demande intérieure, avec notamment une bonne performance du secteur des Bâtiments et travaux publics. Quant aux activités sensibles aux fluctuations de la demande extérieure, elles ont connu des évolutions plus mitigées, comme en témoignent le ralentissement de la croissance des industries de transformation et le repli de la valeur ajoutée de la branche hôtels et restaurants. Concernant la croissance des autres branches, elle a été orientée à la hausse, nettement plus marquée pour les postes et télécommunications et, dans une moindre mesure, pour celle de l'Administration publique générale et sécurité sociale. La croissance économique s'est établie à 4,8% au troisième trimestre 2011, reflétant la poursuite de la progression de la valeur ajoutée agricole et l'ajustement à la hausse de la croissance non agricole. Le chômage augmente Sur le marché de l'emploi, et pour ne pas rassurer le gouvernement Benkirane qui compte résorber le taux de chômage, les données du troisième trimestre 2011 indiquent une augmentation du taux de chômage de 0,1 point de pourcentage en glissement annuel à 9,1%, en liaison avec la hausse de 0,3 point de pourcentage en milieu rural à 4,1% et une baisse de 0,3 point en milieu urbain à 13,5%.Par ailleurs, sur le registre des finances publiques, les données arrêtées à fin novembre 2011 font ressortir un déficit budgétaire de 42,2 milliards de dirhams, en aggravation de 11,1 milliards comparativement à fin novembre 2010, en dépit de la poursuite du mouvement haussier de l'ensemble des recettes, à l'exception de celles douanières. En effet, les dépenses globales ont progressé de 15,6%, tirées par l'expansion des charges de compensation, à 45,6 milliards, et l'accroissement des dépenses du personnel. Pour ce qui est de la liquidité bancaire, les facteurs autonomes ont exercé, entre novembre et décembre 2011, un effet restrictif de 3 milliards de dirhams sur les trésoreries bancaires, en raison essentiellement de la contraction des avoirs extérieurs nets de Bank Al-Maghrib. Compte tenu de la quasi-stabilité du montant minimum au titre de la réserve monétaire, le besoin de liquidité des banques s'est élevé à 38 milliards de dirhams, contre 35,1 milliards un mois auparavant. Aussi, Bank Al-Maghrib a-t-elle augmenté le volume de ses injections, le portant à 39 milliards de dirhams, dont 24 milliards à travers les avances à 7 jours et 15 milliards par le biais des opérations de pension livrées à 3 mois. Parallèlement, le taux moyen pondéré sur le marché interbancaire s'est situé à 3,28% en décembre, en baisse de 3 points de base par rapport au mois précédent. Le cours du Brent est en repli Bonne nouvelle pour Nizar Baraka. Au niveau des marchés des matières premières, les cours ont été orientés à la baisse en décembre dernier, comme en témoigne le repli mensuel de 3,1% de l'indice Dow Jones-UBS. Par catégorie, le prix du Brent a diminué de 2,5%, s'établissant à 108,3 dollars le baril. L'indice Dow Jones-UBS des métaux de base a reculé de 1,7% et celui des produits agricoles s'est contracté de 3,9%, en un mois, et de 12,1% en variation annuelle. Les prix des engrais se sont également repliés, en dépit de la stagnation du prix du phosphate brut, à 202,2 dollars la tonne. Toutefois, ce repli au niveau des marchés des matières premières pourra s'accentuer à cause des prémices d'une crise politique en Iran. Les déficits se creusent… Autre indicateur, autre déficit. Au terme des onze premiers mois de l'année 2011, le déficit commercial s'est chiffré à 167,3 milliards de dirhams ; soit une aggravation de 24,7% par rapport à la même période de l'année précédente, contre une légère amélioration de 1% un an auparavant. Cette évolution est liée à l'augmentation de 19,9%, ou 53,4 milliards de dirhams des importations, rythme plus rapide que celui de 15,1% ou 20,3 milliards, des exportations. Le taux de couverture s'est ainsi situé à 48%, contre 50% à fin novembre 2010.C'est dire que Benkirane, et en particulier Nizar Baraka, ministre de l'Economie et des Finances, auront du pain sur la planche pour redresser la barre en 2012, face à un déficit budgétaire de 42,2 milliards et un déficit commercial de 167 milliards de dirhams. Heureusement que la baraka était au rendez-vous dans la nuit de dimanche dernier, puisque la pluie est enfin tombée. On peut également compter sur la baraka des exportations de phosphates. Mais jusqu'à quand ?