Le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS, majorité) tient, à partir de ce vendredi à Bouznika, son 9ème congrès national, à un moment où ses militants se posent des questions sur les choix de leur formation depuis les législatives de 2011. Signe des temps, un nombre important de figures de l'ancien parti communiste marocain ont exprimé l'intention de briguer la présidence de cette formation, dont l'actuel secrétaire général Nabil Benabdallah reste peu disert sur le sujet. Au cours de ce conclave de trois jours, les congressistes auront à se pencher sur des documents se rapportant à l'identité du parti et à ses orientations politiques, après avoir accepté d'intégrer le gouvernement conduit par une formation islamiste -PJD en l'occurrence-, alors que sa place naturelle et historique est parmi les composantes de la mouvance de gauche. Le PPS a, en effet, vécu un tournant majeur durant la période post-législatives. Tout au long de son existence, le PPS a été imprégné, pendant plus de 70 ans, par des idées communistes et s'est constamment rangé du côté des forces de gauche, sous l'impulsion de son fondateur feu Ali Yata. Toutefois, des ténors de cette formation, qui n'a plus quitté le gouvernement depuis la première expérience de l'alternance démocratique en 1998, dédramatisent la décision de pactiser avec le Parti de la Justice et du Développement, en ce sens que la trame de cette alliance n'est pas idéologique mais plutôt politique, guidée par la volonté de poursuivre les réformes enclenchées et mettre en œuvre celles amenées par le Constitution de 2011. Khalid Naciri, membre du bureau politique du PPS, a expliqué à la MAP que le programme convenu avec le PJD ne s'oppose pas au référentiel de gauche de sa formation, qui joue un rôle central dans la mise en application de la politique gouvernementale de manière à ne pas pénaliser les couches démunies. La position défendue par l'ex-ministre de la Communication puiserait sa force dans les documents du 8ème congrès du parti (2010), qui, tout en privilégiant les alliances avec les partis de la Koutla démocratique (USFP, PI, PPS) et les sensibilités de gauche dans leur ensemble, ont ouvert une brèche pouvant servir d'argument à l'actuelle direction pour justifier ses choix. Le document politique du précédent congrès avait précisé que la question des alliances, quoi qu'elle soit une question de principe liée à l'identité du parti, reste néanmoins une approche dynamique se rapportant aux préoccupations majeures de la patrie et à l'ambition de parachever la construction d'un Etat démocratique moderne et viable par son unité nationale, la primauté de la loi et la consécration de la justice sociale. Aux critiques d'avoir préféré une coalition avec des forces conservatrices, M. Naciri répond que ce n'est pas la première fois que sa formation diverge avec ses alliés dans la gauche, estimant que «l'histoire a prouvé que le PPS avait à chaque fois raison». L'autre dossier chaud de la convention des «camarades» sera l'élection d'une nouvelle direction. Quatre noms sont officiellement en course pour le poste de secrétaire général: Mohammed Grine, Nouzha Skalli, Adelhafid Oulaalou et Aziz Drouch. Il est prévu que le titulaire du poste, Nabil Benabdallah, ministre de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville, annonce sa candidature à sa propre succession durant le déroulement du congrès. Dans d'autres circonstances, cette élection aurait été perçue comme une question interne, mais, cette fois-ci, elle revêt une importance capitale pour la continuité du gouvernement Abdelilah Benkirane, du fait que l'arrivée de certains noms, comme Grine ou Saadi, à la tête du PPS pourrait brouiller les cartes et remettre en cause l'actuelle majorité parlementaire.