Le calvaire des ouvriers agricoles ne fait que s'aggraver dans les fermes de la province de Chtouka Ait Baha, connue pour son dynamisme dans ce secteur d'export. Depuis longtemps, des sociétés aussi bien marocaines qu'étrangères s'adjugent de grandes superficies et recrutent des milliers de travailleurs à bon marché pour faire prospérer des cultures destinées à l'exportation. Cependant, le traitement des investisseurs avec leurs salariés est toujours caractérisé par des violations des droits légitimes les plus élémentaires. Dans nos livraisons antérieures, nous avions dénoncé une multitude cas dans ce sens, dont le dernier en date concernait la compagnie Nubrifel dont le patronat rudoyait le personnel au point d'en jeter des responsables syndicaux en prison pour des procès arbitraires. Aujourd'hui encore, nous évoquons l'exemple de la société Jean Jacques, dans la commune rurale de Belfâa, relevant de la province Chtouka Ait Baha. En effet, depuis mardi dernier, les ouvriers de cette entreprise agricole observent un sit-in ouvert, suite à la décision du patron d'embaucher plus de 500 travailleurs africains du Sénégal, transférés dans les lieux par des médiateurs à cet effet. Cette mesure a occasionné ipso facto le licenciement des ouvriers marocains qui étaient en service dans cette ferme agricole. En face de cette manœuvre inhumaine, les travailleurs se sont manifestés pour réclamer leur réintégration à leur poste, respecter leur ancienneté et préserver les libertés syndicales. Tout en revendiquant ce droit garanti par la Constitution, les ouvriers exigent la rupture de ces pratiques antisyndicales des temps révolues. En fait, l'administration de cette compagnie s'est lancée, depuis longtemps, dans une conduite de faire face à tout mouvement syndical, en faisant usage de toutes les tentatives visant à terroriser les ouvriers et à les dissuader de faire appel à des actions légitimes. Selon des responsables syndicaux, cette substitution inopinée et drastique vise à contrecarrer tout mouvement syndical au sein de la ferme et, d'autre part, recruter de nouveaux ouvriers pour des salaires dérisoires, sachant que ces nouvelles recrues ne pensent jamais à s'organiser afin de réclamer leurs droits légaux. D'autre part, il est à signaler que des réunions ont été tenues au siège de la Caidat de Belfâa, en vue d'examiner cette situation et y trouver les solutions nécessaires, à savoir la récupération des ouvriers remerciés, sur la base de l'ancienneté au service et le respect des dispositions du code de travail. Dans ce sens, il est à noter que, lors d'une récente rencontre similaire, la position des autorités était claire, puisque le gouverneur mettait en avant la sauvegarde des intérêts des ouvriers marocains et la consécration des lois en vigueur, tout en préservant pareillement ceux des salariés étrangers. Nonobstant, l'employeur semble ne pas parler le même le langage. A croire les travailleurs agricoles, l'opérateur de cette compagnie française est plutôt investi dans des attitudes entachées « esclavagistes » envers les salariés, d'autant plus que, jusqu'à présent, elle refuse de régulariser la situation des ouvriers par rapport à la CNSS, ce qui traduit bien sa persistance de se mettre au-delà des dispositions salariales. Il est à souligner, enfin, que les ouvrières et les ouvriers se sont déjà insurgés contre ce comportement avilisseur, en organisant un arrêt de travail, pendant deux jours, en mi- mois dernier.