Aux confins des provinces du Sud marocain, à quelque 1200km d'Agadir, s'étendent des domaines agricoles sur une superficie d'environ 120 hectares. Ils produisent les primeurs destinées à l'exportation et recrute un effectif de salariés atteignant 1200 ouvriers. Cependant, depuis fin juin 2010, la société à charge de cette exploitation a procédé au licenciement de 50 anciens ouvriers qui revendiquaient le dialogue sur de nouvelles normes de travail exigées par les responsables des fermes. Parmi les licenciés figurent plusieurs délégués des ouvriers élus lors des élections du mois de mai 2009. Fin juin 2010, un groupe de 40 ouvriers qui exprimait sa solidarité avec les ouvriers licenciés a connu le même sort, c'est-à-dire le renvoi pur et simple, sous prétexte, l'absence non justifiée. A ce stade, le 9/8/2010, les ouvriers ont intégré la FNSA/UMT et constitué leur bureau syndical. A ce moment, après la réintégration de l'UMT, les responsables des domaines ont intensifié leurs pressions et leurs agissements antisyndicaux contre les ouvriers. Ils recourent alors au licenciement d'un petit groupe de 5 à 10 salariés pour des motifs arbitraires. Pourtant, les ouvriers ont fait preuve de responsabilité et de discipline pour éviter que la situation se dégénère. Malgré l'effort déployé par les ouvriers pour calmer la situation, les responsables persistent dans leur offensif antisyndical et déclarent ne plus avoir envie de faire travailler les anciens ouvriers syndiqués, sous peine de les révoquer en totalité pour n'importe quel motif. Le 25 août, les responsables passent à une autre phase plus répressive. En effet, ce jour-là, une cinquantaine des forces de l'ordre environ, composées de gendarmes, d'agents d'autorité et d'intervention mobile interviennent avec violence pour faire évacuer 12 ouvriers des chambres qu'ils occupaient depuis des années en raison de leur relation de travail avec les domaines (le code du travail prévoit le droit d'occupation du logement par l'ouvrier 3 mois même après la fin du contrat du travail). Les membres des forces d'intervention ont jeté les biens des ouvriers hors des chambres et leur ont imposé de signer des papiers dont ils ignoraient le contenu. Quand ces ouvriers voulaient organiser un sit-in devant la ferme, ils étaient violemment chassés et éloignés à plus de 16 km en plein désert. Le 26 août, les responsables ont fait la même intervention, contre 4 syndicalistes qui étaient encore dans leur chambre, mais, cette fois, les gendarmes les ont arrêtés et accusés de vouloir attaquer un responsable avec un couteau avant de modifier l'accusation devant le procureur pour les poursuivre d'incitation des ouvriers à la mutinerie. Trois parmi eux, sont encore détenus. Le 27 août, les responsables ont transporté dans un climat de terreur, les restants des ouvriers licenciés, à la mairie de Dakhla pour leur imposer de signer et légaliser leur démission de la société contre leur gré. Il est à noter que les fermes résident en plein désert à une distance de 80 km au Sud-Est de la ville de Dakhla. Les ouvriers qui travaillent dans les fermes sont originaires des provinces de Khenifra, Azilal , Khemisset , Beni mellal, bien loin d'environ 1600 à 2000 km de Dakhla. Malgré les lettres adressées aux responsables des Domaines par le syndicat pour dénouer la situation et mettre fin à cette répression contre les ouvriers, la société compte régler le problème autrement loin des bases de dialogue et du respect de la législation du travail, optant pour la liquidation de la présence de syndicat aux seins des domaines.