La presse nationale était conviée le mardi 10 décembre 2013 en fin de soirée dans un grand palace de Casablanca pour assister à la présentation d'u un livre intitulé : «Mouvement national, Koutla et gauche : des faits pour l'histoire». Cet ouvrage est le fruit d'une collaboration entre deux hommes que tout rapproche, deux militants de la gauche, deux progressistes de la première heure , connus pour leur franc parler , leur position courageuse et leur patriotisme . Il s'agit de Ahmed Zaki et de Ahmed Salem Latafi. Le point sur cette présentation qui fut très bien accueillie par le public et suscité un grand intérêt chez les journalistes présents. «Mouvement national, Koutla et gauche : des faits pour l'histoire». Tel est le titre d'un livre que viennent de publier deux membres du bureau politique du Parti du progrès er du socialisme (PPS), Ahmed Zaki et Ahmed Salem Latafi, tous deux impliqués directement dans les évènements que le Maroc a vécus durant au moins les quatre dernières décennies et surtout depuis 1995, date de leur élection au bureau politique à l'issue du 5e congrès. Leur motivation est clairement exprimée dans l'avant-propos du livre, lorsqu'ils écrivent que «notre désir est que soit ouvert le débat sur le devenir du mouvement national et progressiste qui n'a pu faire éclore la Koutla démocratique et la faire exister en tant qu'instrument de lutte qu'après de pénibles efforts qui ont duré plusieurs décennies, après que toutes ses composantes soient parvenues à la conclusion qu'il ne pourra y avoir d'avancée sans leur union militante.» PPS : des propositions audacieuses C'est donc l'union des forces du mouvement national que les deux auteurs essayent de décortiquer à travers les prises de position des parties concernées, démontrant, textes et résolutions à l'appui, que le Parti communiste marocain, depuis sa création en 1943, et ses héritiers, le PLS et le PPS, ont toujours œuvré à l'unification des forces de libération nationale (durant le protectorat) et du mouvement national et de la gauche. A ce sujet, le livre dévoile la proposition audacieuse de la direction du PCM (interdit) faite en 1965 à l'UNFP de se fondre dans un seul et unique parti d'idéologie socialiste, proposition restée sans réponse de la part des amis de Mehdi Benbarka. Après l'échec de la Koutla nationale constituée du PI et de l'UNFP au début des années 70, excluant le PLS et les divergences entre ces deux partis en 1977 à l'issue des élections législatives, le PPS n'a cessé d'appeler au dépassement de la désunion du mouvement national et du divorce entre la monarchie et ce dernier à travers son mot d'ordre de «compromis historique». La Koutla : Naissance dans la douleur Et ce n'est qu'en 1992 que se réalisa enfin cette union qui vit la naissance de la Koutla démocratique qui a pu constituer l'alternative à la politique antipopulaire du régime et mettre le pays sur la voie des réformes. On perçoit tout de même, à travers le récit des auteurs à propos des décisions des uns et des autres que malgré leur union au sein de la Koutla, le PI et l'USFP ont toujours agi pour s'octroyer le leadership allant jusqu'à comploter l'un contre l'autre, comme en 2002 lorsque leur volonté d'en découdre pour avoir la primature a permis la nomination d'un Premier ministre en dehors de «la méthodologie démocratique». Et le livre de s'interroger sur le refus de l'USFP de prendre part à la constitution du gouvernement à l'issue des élections du 15 novembre 2011, alors que la Koutla avait toutes les possibilités pour mettre en œuvre son programme «accepté par le PJD». Il pose ainsi les orientations qui ont commencé à s'imposer au sein de la direction de l'USFP après l'arrivée du «nouveau venu» le PAM, qui va travailler l'USFP au corps et faire émerger une direction susceptible de s'allier à lui... Un homme est cité à cet effet. Il s'agit de Fouad Ali Himma, celui par qui la Koutla a été court-circuitée. Dès lors, les auteurs en appellent aux militants des parties de la Koutla (sans exclusive) pour se pencher sur «les particularités de la situation politique actuelle qui requiert la convergence des efforts de tous les démocrates qui veulent réellement traduire dans les faits le premier article de la constitution qui précise que le Maroc est une monarchie constitutionnelle, démocratique parlementaire et sociale.» Un livre a lire et a relire. « Le livre est en vente dans les kiosques au prix de 30 DH» Questions à Ahmed Zaki et Ahmed Salam Latafi Comment est née l'idée d'écrire ce livre ? C'est en constatant que la Koutla vivait ses derniers jours à l'été 2011, en l'absence de toute coordination pour le futur que nous est venue l'idée d'immortaliser des faits qui précisaient la responsabilité de chacun des trois partis concernés, à savoir l'USFP, le PI et le PPS. La disparition de la Koutla, une union qui a été à l'origine de toutes les réformes ayant fait évoluer le Maroc vers la démocratie et le progrès, ne devait pas laisser indifférent, comme si de rien n'était. Nous avons jugé qu'il fallait témoigner pour que l'on puisse savoir le rôle de chaque parti et que l'histoire ait les moyens de juger le comportement des uns et des autres, sachant que malheureusement des versions subjectives, voire erronées et contraires à la vérité, circulent, faisant même endosser la responsabilité au PPS qui a pourtant tout tenté pour maintenir vivante la Koutla. Vous faites supporter à l'USFP la disparition de la Koutla à travers son rapprochement avec le PAM. N'est-ce pas aller trop vite en besogne ? Pas du tout. C'est de l'intérieur même de la direction de l'USFP que des voix se sont élevées pour contester cette orientation. Des militants sincères au sein de ce parti refusent de voir leur parti s'allier à une organisation montée de toutes pièces pour détruire l'alliance de la Koutla et supplanter les partis du mouvement national considérés comme finis. Ce sont des dirigeants de l'USFP qui ont accusé le PAM d'avoir essayé de manipuler le dernier congrès de l'USFP. Les éléments que nous avançons dans le livre sont connus de tous et posent forcément à l'USFP et à ses militants la question de clarifier leur position vis-à-vis du PAM qui veut régenter la vie politique nationale à sa mesure, en s'aidant de l'administration territoriale et de certains cercles du pouvoir.