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«La violence à l'encontre des femmes : une question quotidienne qui exige un traitement quotidien» Entretien avec Fouzia Assouli, présidente de la Fédération
de la ligue démocratique des droits des femmes La journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes, célébrée le 25 novembre, a été l'occasion pour la Fédération de la ligue démocratique des droits des femmes (FLDDF) d'organiser une manifestation publique devant le parlement sous le signe de «Baraka !» pour s'exprimer en faveur de l'urgence de l'adoption d'une loi cadre prohibant les violences infligées aux femmes. Au lendemain de cette journée internationale, elle la FLDDF a tenu une conférence de presse pour présenter son étude sur la question de la violence à l'encontre des femmes et l'ensemble de ses revendications. Dans une interview au journal Al Bayane, Fouzia Assouli, présidente de la FLDDF, revient sur cette rencontre et le déroulement du sit-in de protestation le week-end dernier à Rabat. Les propos. Al Bayane : Quel est l'objectif de cette rencontre qui se déroule au lendemain de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes ? Fouzia Assouli : Cette rencontre a été organisée dans le cadre d'une campagne de sensibilisation, de plaidoyer et de lobbying pour une loi cadre contre la violence à l'égard des femmes et pour discuter du projet de loi qui a été présenté par madame la ministre de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement, et qui n'implique malheureusement pas la société civile. Quelles sont les principales revendications de la Fédération de la ligue démocratique des droits des femmes ? En effet, le projet de loi 103.13 soumis par le ministère de tutelle n'a pas tenu compte de l'expertise des associations dans le domaine des violences perpétrées sur les femmes. Pourtant, ce sont les seules structures qui, jusqu'à aujourd'hui, offrent les services d'accompagnement, de soutien psychologique aux femmes et qui assurent la protection et l'hébergement des femmes victimes de violence. Par ailleurs, le référentiel de ce projet, qui normalement devrait être un préambule, n'a été qu'une lettre à part. Il n'engage personne, alors que ce référentiel si important concerne la constitutionnalisation de l'égalité et la prohibition de la violence, de la discrimination, les mécanismes de l'autorité et de la parité, de lutte contre toutes les formes de violences à l'encontre des femmes, de même que les engagements du Maroc au niveau international, les conventions et traités, surtout que le Maroc a levé les réserves sur la convention CEDAW. Ce référentiel qui pouvait encadrer le législateur au moment de l'application de cette loi n'a pas été du tout pris en considération. A cela s'ajoutent les amendements du code pénal. Le projet de loi garde la philosophie et la structure du code pénal qui est totalement dépassé et en déphasage par rapport à la nouvelle constitution. Il considère par exemple le viol comme une atteinte aux mœurs et non comme une violation des droits des femmes. Il ne prend pas le viol conjugal en considération, de même que la question de la dépénalisation de l'avortement médical pour la santé physique et psychique des femmes. Ce projet est positif dans la mesure où il s'agit d'une vision globale et un traitement intégral de la question du genre, mais cela n'a pas été reflété au niveau des mesures et des mécanismes, notamment les dispositifs de coordination entre tous les intervenants. Ces dispositifs ont écarté les associations de femmes. En outre, cette coordination a été envisagée sur une fréquence d'une fois tous les quatre mois. Que peut-elle bien faire, quand on sait que la question des violences est une question quotidienne et qui exige un traitement quotidien, au moins une fois par quinzaine ? Comment s'est déroulé le sit-in de dimanche 24 novembre devant le parlement à Rabat ? A-t-il eu un impact prospectif ? Le sit-in était un grand succès parce que les femmes, ces victimes de violence, se sont déplacées. Il y avait des victimes de toutes les formes de violence : économiques, sexuelles, physiques. Les familles des femmes ayant été tuées y ont également pris part. Il y avait une présence représentative de tout le Maroc, une vraie diversité : des femmes venues de la ville et de la campagne, du Nord, du Sud et de toutes les régions du Maroc. Ce sit-in a reflété une véritable prise de conscience chez les femmes. Toutes les femmes étaient déterminées à défendre leurs droits, à faire entendre leurs voix et à interpeller le gouvernement. Certaines femmes ont fait 13 heures de route pour se rendre à Rabat et 13 heures pour regagner leurs localités le même jour. Elles ont montré une vraie détermination pour que cesse la violence à l'encontre des femmes et qu'il y'ait enfin une loi intégrale censée assurer la prévention des violences, mettre fin à l'impunité, protéger les femmes victimes de violence et garantir la réparation qui exige également un amendement du code civile et des juridictions spécialisées.