L'industrie du tourisme est une machine infernale. A tout moment, elle peut broyer ses usagers par de simples coups de tentacules ravageurs. Plusieurs facteurs accablent la vie du secteur, sous toutes ses formes. Certains émanent de la manière de s'y prendre, d'autres résultent des aléas de la conjoncture ambiante, aussi bien interne qu'externe. Il était question de focaliser les intérêts, de drainer les capitaux et de motiver les investissements. Pendant qu'une métropole comme Agadir s'urbanisait au lendemain du cataclysme, le champ touristique s'émancipait sur la cordelière littorale. Au cœur de cette dynamique virevoltante, nombre d'opérateurs du domaine émergent du lot. Dans ce giron pimpant, on ne saurait occulter l'apport indéniable d'une figure de proue qu'est incontestablement Said Scally, ex président du CRT Agadir, président de la fédération nationale du transport touristique et grand réceptif national. Depuis des décennies, il ne cessait de s'adonner à fond, avec cœur et métier, pour l'essor d'activité en constante déperdition quoique, par moments, elle se sanctionne d'éclaircies éphémères. Il est donc vrai que l'atout nodal de l'offre réside inexorablement en la longévité de la clémence climatique. Cependant, l'éclosion du tourisme ne s'est jamais contentée de ces donnes naturelles où la plage et le soleil trônent à longueur de saison. Elle se serait, sans doute, aidée d'un processus idéel à même de lui permettre, avec régularité et imagination, de pérenniser l'image de marque. Pour ce faire, il importait de remettre constamment en cause les évidences et proscrire ardemment les fatalités. Malheureusement, cette faculté créative n'est pas donnée à tout le monde. Ce qui explique en gros, les séries de déconfiture auxquelles est soumis un créneau aussi prometteur qu'Agadir. En revanche, Said Scally a été, de l'avis de tous, cette denrée rare dont a besoin le produit Agadir, de par ses idées ingénieuses, son audace impétueuse, son énergie généreuse et son analyse perceuse. Son franc-parler et son savoir-faire dans les rouages enchevêtrés du département sont perpétuellement donnés en exemple. Parfois, les mauvaises langues ont tendance à le taxer de « grande gueule » ou encore de « pernicieux ». Mais, à coup sûr, nul ne pourrait contester son civisme et sa compétence en la matière. Aussi bien ses plaidoiries en faveur de tel ou tel marché, en particulier celui de la Scandinavie dont il détient les ficelles, depuis belle lurette, que ses réquisitoires virulents qu'il n'hésite point à asséner à l'encontre de telle ou telle défaillance de manœuvre, ne sont nullement un secret pour personne. Ce feeling hors pair lui a toujours permis de procéder par discernement lucide, en vue de porter des appréciations justes sur le secteur, mis à mal par la complaisance et la compromission démesurées. Il va sans dire pareillement que cette supputation occasionne un réel embarras au sein de certains esprits irrésolus et pâteux. Au temps de la fission, seul Said Scally s'époumonait à tue-tête pour tenir un discours âcre et aigrelet, mais combien sincère de cette situation critique. «Le bout du tunnel est à quelques lieues !», s'esclaffait une horde de professionnels, dans ce climat morose qui n'admettait pas, en fait, ce satisfécit fourbe. «Au vu de l'acuité du phénomène structurel sous lequel s'abat le secteur, la reprise n'est nullement imminente, tel qu'on peut candidement le présager», rétorquait-il aux propos fuyants. Ce qui fut fait ! Le temps avait, en effet, donnait raison à la raison et réfutait la déraison. Agadir n'a pu se relever de ses déconvenues assassines. Non pas parce que la plage et le soleil se sont étiolés ! La nature du ciel n'est guère entachée de perfidie. Mais, parce qu'on a voulu tourner le dos à la réalité amère. Quand Said Scally avait parlé vrai, on le prenait pour un «casseur» ! Aujourd'hui, la casse est dans la baraque et on ne fait que se mordre les doigts ! Le marché Scandinave est aux calendes grecques, depuis qu'on s'amusait à estomper ses valeurs. Celui des germaniques n'est plus qu'une vague réminiscence. Celui des britanniques procure désormais un arrière-gout nostalgique... Aujourd'hui, on parle aussi de l'exigüité du volume capacitaire de la destination, de la « bouderie» constante de la compagnie aérienne pour des vols réguliers directs, de l'intermittence des charters low coast, de la déficience des services prestataires en termes d'animation et de traitement...Toutefois, on ne peut également passer sous silence les bavures au niveau de la gouvernance, tant dans les diverses structures touristiques que les organismes de pilotage. C'est là où le bas blesse, du moment qu'on ne parvient pas à déceler les choix idoines pour telle ou telle entreprise. De par son bouillonnement et sa vulnérabilité à la fois, le secteur du tourisme est en quête des « turbulences» qui puissent bousculer le statu quo morbide. Des personnes comme cela, il y en a tellement. Said Scally en est inévitablement un. Quoiqu'on dise, il aura certainement scellé de ses empreintes, éprises de dévouement et de perspicacité, le parcours du tourisme dans la région. Le secteur lui en sera, sans nul doute, reconnaissant, en dépit des renégats !