L'Egypte plonge dans un «Nil» de sang Ce qui se passe en Egypte depuis mercredi dernier dépasse tout simplement l'entendement. Pour disperser deux sit-in que les Frères musulmans organisent depuis juillet dernier, en protestation contre le renversement du président élu Mohamed Morsi, l'armée et la police égyptiennes ont fait preuve d'une brutalité sans précédent. Plus de 500 morts et des dizaines de blessés, tel est le bilan macabre de cette journée noire au Caire surtout, mais aussi dans les principales villes du pays. La prise à partie de journalistes lors de l'assaut contre les places Rabi'a El Adaouiya et Nahda – un caméraman de Sky News tué et deux autres travaillant pour une chaîne arabe emprisonnés – prouvent que les hommes du général Sissi ont tenté de faire un blackout total sur cette opération sanglante. Même si dans le camp des anti-Morsi, certains ont soutenu cette action sanguinaire de l'armée, ils se sont rapidement rétractés face à l'ampleur du carnage dont les chiffres exacts risquent de frôler le millier, puisque les Frères musulmans annoncent pas moins de 2200 manifestants tués. Même Mohamed El Baradei, figure de proue de la «Révolution du Nil» qui a renversé Hosni Moubarak, et qui avait soutenu le renversement de Morsi, a présenté sa démission de la vice-présidence de la république, un poste qu'il aura occupé durant moins d'un mois, pour protester contre ce carnage. La crainte de voir l'Egypte entrer dans une spirale de violences, voire une guerre civile, est désormais persistante, surtout que la journée d'hier a été marquée par de nouvelles violences. Ainsi, des islamistes ont incendié, jeudi, un bâtiment officiel au Caire et tué deux policiers dans le nord et le centre du pays, alors que le décompte des morts et blessés ne cesse de s'alourdir. Les réactions du monde entier, à part quelques voix dissonantes au sein du Conseil de coopération du Golfe, ont été unanimes à condamner la tournure sanglante que les événements d'Egypte ont prise. C'est en ce sens que le ministère marocain des Affaires étrangères et de la coopération a publié un communiqué, où le Maroc exprime «son émotion et sa consternation et déplore les pertes en vies humaines». Le Royaume du Maroc, poursuit le communiqué, estime que «seul le dialogue peut amener toutes les parties à dégager les compromis nécessaires à une solution politique, mue par l'intérêt supérieur du peuple égyptien». De même les chefs de partis politiques ont exprimé leurs inquiétudes face au drame que vit actuellement l'Egypte. Ainsi, dans une déclaration à chaud au site électronique Lakome.com, Mohamed Nabil Benabdallah, SG du PPS, a fermement condamné «les méthodes répressives utilisées à l'encontre de manifestants pacifiques», Il aussi exprimé son inquiétude de voit l'Egypte basculer dans une «guerre civile destructive». Par ailleurs, l'ambassade du Maroc au Caire a annoncé, jeudi, la mise en place d'une cellule de communication avec les membres de la communauté marocaine en Egypte, en vue de suivre leur situation dans le contexte des événements que connait ce pays.