Après les événements violents survenus la semaine dernière, la ville de Taza semble, pour le moment, retrouver son calme. Au moment où nous écrivions ces lignes, le tribunal de première instance de Taza a décidé le report du procès des 13 détenus, arrêtés suite aux incidents déclenchés en début de semaine dernière. La population attend toujours des signaux forts de la part du gouvernement pour donner suite, dans les meilleurs délais, à leurs revendications. Des revendications «légitimes qui ont un caractère purement social et n'ont nullement une connotation politique», souligne Abdessalam Seddiki, qui a conduit, samedi dernier, une délégation du parti du Progrès et du Socialisme dans la ville, en vue de diagnostiquer la situation et trouver les issues possibles à la situation d'impasse. Inscrivant son action dans une démarche d'écoute avec tous les acteurs de la ville, la délégation du PPS a constaté qu'il y a eu une certaine manipulation voire instrumentalisation de ces événements de la part de certains groupuscules extrémistes, en l'occurrence, Al-Adl Wal Ihssane et Annahj addimocrati pour servir des agendas hors des revendications de la population. Ainsi, et suite à des entretiens avec des habitants de la ville, notamment ceux du quartier El Koucha, ces derniers ont bien compris qu'il existe des «éléments qui veulent déstabiliser le Maroc en surdimensionnant les requêtes des citoyens», insiste le membre du BP du PPS. Toutefois, les habitants insistent sur trois éléments : «la libération des détenus, un dialogue sérieux et responsable autour de la problématique sociale, et le pardon de l'Etat sur les diverses violations envers la population», précise à Al-Bayane, Azzouz Senhaji, secrétaire provincial de la section du PPS dans la ville. A rappeler que la délégation du PPS a convenu avec les principaux acteurs de la ville pour organiser une journée de travail visant à identifier les potentialités économiques et sociales dont dispose la ville. D'ailleurs, «la ville connait des difficultés énormes», nous confie Abdeslam Seddiki. La ville de Taza prise en sandwich entre la région de l'oriental et celle de Fès-Boulemane n'a pu bénéficier des divers plans de développement intégré. A cela s'ajoute la forte baisse des transferts des RME et le faible développement industriel. En fait, «hormis quelques petites entreprises de textiles et des activités agricoles traditionnelles, Taza accuse un déficit tous azimuts.», ajoute notre interlocuteur. A titre d'exemple, l'université multidisciplinaire annexe, conçue pour la formation de 2000 étudiants, compte aujourd'hui un peu plus de 10.000 inscrits. Le complexe ne dispose ni de bibliothèque, ni de cité universitaire, ni encore de restaurants. Ce qui laisse porte ouverte à toutes sortes de pagaille et «impacte négativement la vie estudiantine», conclut Abdeslam Seddiki.