Certains partis politiques tentent de rattraper le temps perdu. Alors qu'ils s'étaient prononcés contre la participation de leurs adhérents aux marches du 20 février, ils ont levé leur veto pour celle du 20 mars. Une position religieusement respectée par les militants de certaines formations. En un mois, le mouvement initié par les jeunes a fortement gagné en crédibilité et le discours du roi Mohammed VI, le 9 mars dernier, a été interprété par les partis jusqu'alors frileux, comme un feu vert à descendre dans la rue, expliquant ainsi leur soudain revirement, la gauche dite gouvernementale en tête. Samedi dernier, l'USFP appelait ses militants à battre le pavé aux côtés des jeunes du 20 février, en contre-pied du PJD et du PPS, qui ont exprimé des positions hostiles aux marches. Depuis, la direction du PPS tente, via une opération de séduction à travers des rencontres dans plusieurs villes du royaume - dont la dernière s'est tenue le 19 mars à Tifelt - de regagner la confiance des jeunes. En revanche, les choses ont pris une tournure différente au PJD. Le pouvoir de Abdelilah Benkirane vacille, faisant face à une contestation grandissante à laquelle le mouvement du 20 février est en partie responsable. En clair, l'issue de la prochaine session extraordinaire du Conseil national du parti de la Lampe déterminera l'avenir politique de Benkirane. Ruées des partis vers les marches Cette ruée des partis vers les marches du 20 mars est motivée par le fait qu'ils n'entendent pas laisser Annahj Addimocrati, Al Adl Wal Ihsane et dans une certaine mesure le PSU exprimer seuls leur solidarité avec les jeunes. Réussiront-ils dans cette mission ? Pas sûr puisque les trois dernières organisations ont indéniablement une longueur d'avance sur les autres partis qui tentent de rattraper la tête du peloton. A ce facteur, s'ajoutent les différences criantes existant entre les jeunes du mouvement et ceux des partis politiques. La rencontre de Bouznika des 11 et 12 mars, attestant de leur animosité. (cf www.lesoir-echos.com) Des calculs internes expliquent également le changement de ton de la majorité des formations. Refuser de prendre part aux marches du 20 février a nettement affaibli les directions qui se sont alignées sur la position prônée par les autorités, au point d'être accusées par une opposition qui piaffe d'impatience de prendre les commandes, d'être les chantres du conservatisme. L'exemple du PJD est éloquent alors qu'au PPS les contestataires bravaient le veto imposé par Nabil Benadellah et publiaient, le jour même de la marche, un communiqué détaillant les raisons de leur participation. Récupération politique Le traitement des médias officiels des marches du 20 février et du 20 mars ne peut se faire sans évoquer la récupération politique. En ligne de mire : Al Adl Wal Ihasane et Annahj Addimocrati, alors que le PSU et le PADS, pourtant deux formations en faveur des revendication du mouvement des jeunes depuis le début, bénéficient d'une certaine indulgence de la part des canaux de communications officiels. Elles ne sont nullement mentionnées. Une absence qui n'est pas innocente. Rester focalisé sur Annahj et les affidés de Abdeslam Yassine, les extrêmes de la scène politique, va dans le sens d'une décrédibilisation du Mouvement des jeunes du 20 février, alors que le PSU et le PADS s'avèrent plus présentables et mieux fréquentables.