Combat pour l'abolition de la peine de mort A quand l'abolition de la peine de mort ? La question se pose avec acuité, surtout que le royaume, qui a fait de grands pas en matière de libertés individuelles, dispose actuellement de tous les ingrédients pour adopter une loi concrétisant les appels incessants de la société civile pour mettre le Maroc sur le chemin de la modernité. D'ailleurs, comme le souligne Nouzha Skalli, «il faut juste adapter le code pénal à l'esprit et aux dispositions de la constitution (articles 20 et 22) qui mettent l'accent sur la nécessité de la protection du droit de la vie ou interdisant toute atteinte à l'intégrité morale ou physique». Nouzha Skalli, qui a récemment pris part au 5e Congrès mondial contre la peine de mort, tenu à Madrid du 13 au 15 juin, se félicite de la participation marocaine à ce rendez-vous mondial. Une participation forte et remarquable, selon elle. En fait, «le Maroc est l'un des premiers pays au monde à avoir créé un réseau des parlementaires marocains contre la peine de mort», affirme-t-elle à Al Bayane. Cette structure, comprenant 208 députés et conseillers, a inscrit son action dans cette dynamique mondiale appelant à l'abolition de la peine de mort. L'heure est donc à la concrétisation de cet appel, ajoute l'ancienne ministre du Développement social et de la famille et membre du Bureau politique du PPS, précisant dans ce sens que 70% des Etats de la planète ont abandonné, en droit ou en fait l'application de la peine capitale. Une volonté politique Les propos de Nouzha Skalli sont étayés par Mohamed Nachnache, président de l'Organisation marocaine des droits humains(OMDH). Selon lui, «la peine de mort est une condamnation désuète et il est inconcevable aujourd'hui qu'on maintienne aujourd'hui un tel châtiment. Même la Cour pénal ne recourt plus dans ses verdicts à cette peine du talion», explique-t-il. Pour Nachnache, en dépit que le Maroc exerce un moratoire de fait sur la peine de mort, depuis 20 ans, mais cela n'est pas suffisant. L'Etat doit se doter d'une volonté politique pour aller de l'avant, martèle-t-il. Cette tâche n'est pas si difficile, contrairement à ce qu'essaient de nous faire croire certains passéistes, car dans l'ensemble, «l'arsenal juridique marocain est régi par des lois positives», précise le militant des droits de l'homme. Aussi, souligne-t-il, « plusieurs juristes et théologiens musulmans qui ont participé au congrès de Madrid ont démonté la difficulté de l'application de cette loi dans la législation musulmane». Notons par ailleurs que le 5e Congrès de Madrid a été marqué par l'appel de la délégation marocaine à la constitution d'un réseau des parlementaires maghrébins pour faire du lobbying auprès des gouvernements de la région afin de les exhorter à adopter des lois abrogeant la peine de mort. Rappelons au final que le Congrès mondial contre la peine de mort se tient tous les trois ans dans un pays de l'Union européenne. Cette manifestation s'assigne comme objectif de dresser un bilan sur l'état de la peine capitale dans le monde et de débattre des meilleurs moyens et stratégies pour l'abolir.