Rencontre avec... Gilles Paris Gilles Paris est un écrivain français traduit dans plus de dix pays dans le monde a accordé à notre journal un entretien exclusif. Après la réédition tout récemment de son best seller - Autobiographie d'une Courgette chez Flammarion -, il prépare activement la sortie de son prochain roman qui doit sortir chez Héloïse d'Ormesson en janvier prochain. Gilles Paris est aussi le parrain de la première édition du Prix Al Bayane de la littérature francophone. Al Bayane : Gilles Paris, votre best-seller Autobiographie d'une Courgette vient d'être réédité chez Flammarion dans une version augmentée, pouvez vous nous en dire plus? Gilles Paris : Onze ans après sa première parution chez Plon, puis en poche (J'ai Lu), Courgette n'a pas pris une ride. Même, ce petit garçon de neuf ans au surnom d'une cucurbitacée rajeunit! Je rappelle, pour ceux et celles qui ne l'ont pas lu, que ce roman raconte son histoire, de la vie à la campagne où il tue accidentellement sa mère au foyer d'accueil où il sera placé et, paradoxalement, trouvera l'amour qui lui a manqué enfant. Tout est vu et narré de sa hauteur d'enfant, et sa langue poétique dédramatise le thème. Un enfant de neuf ans ne juge pas, il essaye de comprendre. Si seulement nous savions être pareil, une fois adulte! Charles Berbérian a illustré cette nouvelle édition, pouvez vous nous raconter cette rencontre avec ce grand dessinateur ? En fait, on s'est rencontrés sur le tard, bien après que Charles Berberian ait rendu les dessins. Il ne tenait pas particulièrement à me rencontrer, probablement pour ne pas être influencé. Je savais par l'éditrice qu'il avait beaucoup aimé le livre. C'était déjà formidable. Ses dessins sont vraiment fidèles aux personnages. Je ne les aurais pas vus autrement. Je l'ai demandé en ami sur Facebook. J'ai reçu un message adorable de lui, m'invitant à une exposition de ses dessins dans une galerie parisienne. J'ai apprécié sa dimension poétique en quelques traits, sa vision mi-claire, mi-obscure de notre société. Je garde un souvenir ému de cette rencontre, entre deux timides, il m'a semblé! Autobiographie d'une Courgette a connu un très grand succès, plus de 150 000 exemplaires vendus et des traductions dans de nombreuses langues, dont le Chinois ou encore l'allemand, comment expliquez vous un tel engouement du public pour ce livre? Peut-être parce que ce roman est très accessible. Rien de cru, à la fois grave est léger, ce livre peut-être lu aussi bien par des enfants de neuf/dix ans, des hommes, des femmes, des adolescents, que des personnes âgées. L'espoir malgré le début du livre, et la fin heureuse ont sûrement contribué à son succès. L'enfance “malheureuse" qui arrive à vaincre les épreuves d'une petite vie est une bouffée d'oxygène qui ont peut-être permis aux lecteurs de s'identifier à ce petit bonhomme, comme l'enfant qu'ils ont été à cet âge. Vous n'êtes pas ce que l'on pourrait appeler un auteur prolifique, jusqu'à ce jour vous n'avez publié que trois romans, expliquez nous ce choix ? Ce n'est pas un choix, mais un hasard. Jamais je n'ai planifié d'écrire un roman tous les dix ans! La preuve, mon quatrième roman L'été des lucioles sort en janvier 2014 aux éditions Héloïse d'Ormesson. Et avant la fin de l'année, je publie deux chapitres dans deux ouvrages collectifs d'écrivains qui paraitront chez Albin Michel, Toi mon frère, toi ma sœur, et Toi mon père où je me livre avec une certaine pudeur, à propos de mes sœurs, puis de mon père, comme autant de clés pour mieux comprendre mes romans et mon univers d'écrivain. Vous publierez en début d'année prochaine un quatrième roman, pouvez vous nous en parler un peu? L'été des lucioles ne déroge pas à la règle de mes enfants narrateurs. Victor, 9 ans, passe des vacances dans le sud de la France avec ses deux mamans, et sa sœur adolescente, Alicia. Dans cette résidence, il y retrouve son meilleur ami Gaspard, son amoureuse Justine qu'il n'a pas osé encore aborder, et une baronne excentrique au passé douloureux. Sur le chemin des douaniers qui longe la résidence, il rencontre deux jumeaux de son âge, Tom et Nathan, qui vont l'initier aux secrets des Villas du Cap Martin. Mais un bien plus grand secret l'attend, qui pourrait remettre toute sa vie en question. Vous venez également de publier une nouvelle dans L'Acrobate des mots, la nouvelle revue de notre ami Omri Ezrati. Cette revue est destinée à faire connaitre des jeunes auteurs. Y a t il une frilosité des éditeurs à publier des talents émergents? Oui, car il y a toujours un risque que les lecteurs passent à côté et préfèrent les écrivains qu'ils suivent habituellement. Et pourtant, c'est aussi la hotte des auteurs de demain, et il ne faut pas hésiter à se laisser tenter par une quatrième de couverture, ou quelques lignes lues au hasard, avant d'emporter le livre d'un (ou d'une) inconnu avec soi. Les lecteurs marocains sont très fiers de vous savoir Parrain du Prix Al Bayane 2013. Avez-vous un message à leur passer? Je suis souvent allé au Maroc et je garde un souvenir intact de chacun de mes séjours. A Marrakech, j'ai suivi un groupe de jeunes que je ne connaissais pas et qui voulaient que je découvre les talents culinaires de leur famille. J'ai été reçu avec chaleur et c'est un des meilleurs repas que je n'ai jamais fait. Jamais pareille rencontre arriverait en France!