Il y a des semaines, où il fait bon déambuler dans Paris, à la rencontre d'histoires et d'auteurs extraordinaires. Dans un petit coin de Boulogne, derrière un immeuble à la façade décrépie, une petite maison au fond d'une cour. Cette maison est celle d'un couple de passionnés de livres qui chaque jeudi invite leurs amis à découvrir et échanger avec des auteurs réputés. Ce soir-là c'est Gilles Paris qui vient évoquer avec ses lecteurs sa dernière autobiographie d'une courgette, autour d'un verre de vin. Gilles est un homme discret qui me glisse un moment à l'oreille «Tu te rends compte, une de mes lectrices à fait 400 kilomètres en voiture pour venir me voir ce soir». Oui Gilles est un homme d'une profonde gentillesse, d'une empathie généreuse et qu'une lectrice qu'il ne connait pas, qu'il n'a jamais vu auparavant fasse des kilomètres en voiture, en pleine nuit, pour le rencontrer l'étonne, l'impressionne, l'honore évidemment beaucoup mais le met aussi mal à l'aise. Lors de cette charmante soirée chez Eric et Anne-Laure, nos hôtes d'un soir, Gilles parle de son livre, récemment réédité chez Flammarion et enrichi d'illustrations merveilleuses Charles Bébédian. Un petit livre à la couverture jaune pétante qui s'arrache déjà dans les collèges de France. Il parle aussi de son métier d'attaché de presse dans l'édition, du Prix Al Bayane dont il est le parrain cette année, de la culture marocaine qui le passionne. Dans le salon, un autre homme est là, qui écoute avec plaisir et attention. Il s'agit de Jean-Sébastien Hongre, auteur d'un extraordinaire roman paru il y a quelques semaines chez Max Milo, Un Père en colère. Hongre est un auteur à découvrir. «Un père en colère» commence par la révolte de Nathalie enseignante et de Stéphane, son mari, face au comportement de leurs deux enfants de 20 ans devenus délinquants. Comment en est-on arrivés là se demandent-ils ? Dans un blog, Stéphane décrit la lente dégradation des rapports humains dans leur famille, dans leur ville de banlieue, à l'école et au travail. Pour reconstruire sa famille, il veut comprendre ce qui s'est passé. Ce combat, bientôt médiatisé par un journaliste, lui ouvrira les voies de l'espérance. Surtout, il découvrira les raisons réelles de la dérive de ses deux enfants. Un véritable roman «coup de poing» mené à la manière d'un thriller, où le lecteur est tenu en haleine jusqu'à la dernière page. Samedi 18 mai dernier, boulevard Saint-Germain, à Paris. Dans la salle voûtée du Café Louise, voisin du célèbre Lipp se tient un salon littéraire d'un genre particulier. Je suis invité par Régine Heindryckx Recchiuti, l'organisatrice de cet évènement. Une femme délicieuse et admirable qui a réussi à faire venir en ce samedi pluvieux, 24 auteurs à la rencontre de lecteurs. On retrouve des auteurs de renom comme Gilles Paris ou encore Janine Boissart mais aussi de jeunes pousses de la littérature francophone. J'ai le plaisir d'y retrouver Eric Neirynck, un auteur belge que je connais depuis quelques temps grâce à Facebook. Il est l'auteur d'ailleurs d'un petit bouquin Facebook mon amour ! Que j'aurais plaisir à rééditer dans quelques semaines dans ma «Collection privée». D'ailleurs, Eric Neirynck croise dans ce salon une jeune femme, Astrid Manfredi, chroniqueuse à l'Huffington Post qui n'avait pas été tendre avec son livre. J'ai proposé à Astrid et Eric de débattre du livre dans les colonnes de ma revue, L'Acrobate des mots. L'un comme l'autre ont accepté le défi. C'est cela aussi la magie de la littérature ! Grâce à Régine Heindryckx Recchiuti, j'ai aussi eu beaucoup de plaisir à rencontrer trois auteurs de talent. A commencer par Sarah Mostrel. Une ravissante jeune femme effacée qui présente Révolte d'une femme livre, paru à L'Echappée belle. Sarah Mostrel, par une série de portraits, profils psychologiques caractéristiques de certains fonctionnements humains, nous raconte des bouts de vie déterminants, au milieu de gens qui se cherchent et qui cherchent leur voie. Elle parle des hommes et des femmes, de ce qui touche le cœur, évoque la part de l'enfance, de l'éducation, le formatage initial, la magie ou le désastre des relations amoureuses et décrit, à travers ses personnages, leurs aspirations, leurs sentiments, leurs ressentis, leurs difficultés : solitude, décalage, innocence bafouée, malentendus, incompréhension, recherches éperdues, absurdité d'un système, inadaptation d'avec la réalité, magie d'une rencontre, désillusions, amours heureux ou malheureux, émerveillement de l'inattendu... Ces croisements de destins nous entraînent dans une véritable traversée humaine, qu'est la vie. Deux autres auteurs me font vite oublier la pluie au-dessus de Saint Germain. Marie Christine Buffat, une auteure suisse absolument magnifique et rayonnante, est un vrai coup de cœur. Elle me parle de son dernier livre, Le nombre de fois où je suis morte. Et si, pour une fois, l'on prenait les expressions toutes faites au pied de la lettre? Si les émotions trop vives nous faisaient réellement mourir ? Entre détresse totale et humour noir, les héroïnes de Marie Buffat sont des femmes extrêmes et entières. Que leur arrivera-t-il si elles laissent leurs émotions se déchaîner sans frein ? Même lorsqu'elle n'aboutit pas à la destruction physique, cette exploration intrépide des passions ordinaires nous rappelle que notre vie est faite d'anéantissements et de résurrections. L'auteure de La Toupie était reconnue pour son style et sa lucidité. Avec Le nombre de fois où je suis morte, elle apporte un ton nouveau dans la littérature suisse. A découvrir ! Il y a aussi Erine Herle, une auteure savoyarde qui me fait une très belle impression avec son livre, Ce n'est pas grave !, paru chez Elzévir, structuré sous forme de petits pamphlets et de textes satiriques sur des situations de la vie quotidienne. Ce roman parle de la réalité. Nous abordons le travail, les voisins, les enfants ou encore la retraite même si nous n'avons pas l'âge ! Erine Herle aborde avec brio tous les sujets de la vie courante, de la vie de couple, du divorce. Elle ne s'interdit rien et on a envie d'encore plus.