Les deux prochains mois seront déterminants Après presque 40 jours de sécheresse, les agriculteurs poussent enfin un ouf de soulagement. Les précipitations généralisées qui s'abattent actuellement sur la majeure partie du pays peuvent être d'ores et déjà considérées comme salutaires. Il faut dire que durant ces dernières semaines de longue attente de la pluie, les cultivateurs ont commencé à douter. Certains ont croisé les bras, confiant leur sort à la bénédiction divine. L'inquiétude était à son summum car le spectre de la mauvaise année écoulée était encore dans toutes les mémoires. Cependant, si les pluies actuelles sont essentielles, elles ne sont pas tout à fait déterminantes. Il va falloir suivre l'évolution pluviométrique durant les trois prochains de laquelle dépendra la nature de l'actuelle saison agricole. Autrement dit, le pays a encore besoin de pluies, surtout que le blé dans certaines régions est encore au stade du début tallage, notamment dans la région du nord. En fait, les mois de février et de mars coïncident avec la période de remplissage et la germination des grains. D'où la nécessité de grandes quantités d'eaux. Le président de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural (Comader), Ahmed Ouayache, a indiqué que les pluies qui s'abattent actuellement ont un impact positif, compte tenu des hauteurs relevées et de leur répartition dans l'espace et le temps. Les précipitations actuelles ont le mérité de compléter les pluies précoces enregistrées au début de la campagne agricole, a-t-il dit, ajoutant qu'elles n'ont pas provoqué jusqu'à présent d'inondations comme ce fut le cas l'an dernier. Les pluies de cette année sont accompagnées par une augmentation des températures, situation très favorable à l'évolution des cultures et des productions agricoles en général, a-t-il expliqué. Elles vont avoir également un impact positif sur le volume des eaux stockées dans les retenues des barrages, des nappes phréatiques, des puits et sources, et partant sur la petite agriculture pratiquée dans les zones montagneuses et reculées du pays, a-t-il relevé. Il faudra aussi s'attendre à une amélioration des pâturages en comparaison avec la situation de l'année dernière, ce qui va permettre aux éleveurs de faire des économies sur l'achat des aliments de bétail et contribuer à améliorer le rendement et la situation du bétail, a-t-il ajouté, notant que les pluies ont également un effet psychologique sur les agriculteurs qui ont tendance à investir plus en de telles circonstances. Malgré cela, le chemin est encore long pour parler d'une bonne ou mauvaise année, tout en espérant que la situation évolue favorablement pour le bien des agriculteurs et l'économie du pays en général, a-t-il laissé entendre. A elle seule, la pluie n'est pas suffisante Pour l'heure, les agriculteurs sont dans l'obligation de se mettre au travail en procédant aux opérations de désherbages et l'utilisation des intrants azotés et pesticides. Une telle opération requiert une certaine vigilance de la part de l'Etat, en particulier du département de l'Agriculture. Laisser le marché à la merci des spéculateurs ne fait qu'augmenter le prix des produits, ce qui impacte négativement le rendement. En fait, à elle seule, la pluie n'est pas suffisante. Il s'agit seulement d'un facteur parmi d'autres dans le processus de production agricole. Ainsi, la cherté des intrants contraint la plupart des agriculteurs à faire l'impasse sur ces produits relativement chers par rapport à leur capacité financière, et ce en dépit des subventions du gouvernement. Notons dans ce sens, qu'au Maroc, plus de 50% des terres cultivées en céréales ne sont pas fertilisées. D'où la question sur la sécurité alimentaire, notion introuvable dans le programme gouvernemental. Selon plusieurs chercheurs agronomes, il est tout à fait possible d'augmenter la récolte si toutes les conditions sont réunies. A commencer d'abord par la mise en place d'une subvention consistante au profit des agriculteurs, et par la mise en œuvre ensuite de programmes de formations destinés à la vulgarisation de bonnes pratiques agricoles. Les importations du royaume en matière de produits céréales et dérivés ont connu ces dernières années un accroissement fulgurant. Or, la question qui se pose actuellement est celle de savoir si le moment n'est pas venu pour procéder à une évaluation du Plan Maroc vert, lancé depuis 2008. Pour ce faire, une nouvelle démarche s'impose, celle qui consiste à procéder par une approche d'écoute, notamment auprès des premiers concernés, et particulièrement les agriculteurs.