* Des mesures sont prévues pour contrer la flambée des prix du carburant. * Le département de tutelle va revoir à la hausse les primes et les subventions. * Un fort intérêt pour l'irrigation économe d'eau et la mécanisation. Le gouvernement a pris une série de mesures pour venir en aide aux agriculteurs en prévision de la prochaine saison. Malgré la bonne année agricole, les exploitants ont trouvé beaucoup de difficultés liées notamment aux problèmes de commercialisation et au renchérissement des intrants, notamment du carburant. D'autant plus qu'il n'y aura aucune dérogation pour le remboursement des dettes des agriculteurs. Lors du dernier Conseil de gouvernement tenu le 31 août, Mohand Laenser, ministre de l'Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes, a annoncé les soutiens financiers accordés par l'Etat en faveur du secteur pour développer la mécanisation et renforcer l'irrigation économe d'eau. Pour ces deux volets il existe déjà des mécanismes en la matière. Mais le résultat reste peu tangible vu la vocation agricole du Maroc. Les dernières techniques d'irrigation comme le goutte-à-goutte ou l'irrigation localisée ne sont répandues que dans les grandes exploitations destinées aux fruits et légumes ou pour l'arboriculture. L'étendue de l'irrigué reste timidement limitée par rapport aux terres bour. A peine 1,2 million d'hectares sont irrigués alors que la surface cultivée en moyenne annuelle dépasse les 6 millions d'hectares. L'Etat prévoit essentiellement des primes et des subventions qui peuvent aller jusqu'à 40% de la valeur de l'équipement. Sans oublier les conditions de crédit très favorables avec des taux d'intérêt réduits et des années de franchise. Le département de tutelle prévoit une hausse de la subvention à l'irrigation de 20% afin de la porter à 60%. Les prix des semences certifiées et les engrais sont aussi jugés élevés. Pour les prix des engrais, il est prévu de les réduire de 30%. Au niveau de la mécanisation, des efforts sont à déployer. Avec près de 60.000 tracteurs routiers et 4.000 moissonneuses-batteuses, le niveau du Maroc reste en deçà de la moyenne mondiale et de celle de la région. Il est question de renforcer le parc et de le moderniser. La moyenne d'âge des engins utilisés dépasse les 15 ans dont une bonne partie d'occasion importés de l'étranger. Laenser a affirmé qu'«il a été décidé de renforcer les incitations financières de l'Etat aux niveaux de la bonification des taux d'intérêt des crédits destinés au secteur agricole». «Cette initiative, a-t-il expliqué, entre dans le cadre visant à atténuer l'impact de l'augmentation du prix du gasoil sur le secteur agricole». Les agriculteurs ont accueilli ces mesures avec satisfaction, mais la prudence reste de mise, et pour cause : ils les trouvent insuffisantes pour faire face aux nouvelles conditions contraignantes d'exploitation. «Ce sont des mesures traditionnelles. Les coûts d'exploitation ne cessent de progresser d'une année à l'autre alors que les recettes sont restées les mêmes. Ce qui fait que les marges deviennent de plus en plus réduites», a annoncé Ahmed Ouayach président de la Confédération marocaine de l'agriculture (Comader). Il a expliqué que « le prix du carburant a presque doublé en dix ans, le prix des engrais et la main-d'uvre ont connu également une nette progression alors que le prix du blé est resté fixé à 250 DH le quintal ». Ouayach a souligné que « pas mal de filières vont subir le coût de la hausse des prix des carburants, notamment celles qui dépendent de l'irrigation avec des puits de plus de 150 m de profondeur, notamment dans le Souss et le Gharb». Il a évoqué « la hausse de 35 centimes le kilo du sucre qui devrait profiter normalement aux exploitants». Ouayach a appelé le gouvernement à prendre des mesures tangibles envers le secteur. « C'est sa dernière année, et il faut que l'actuel exécutif laisse des traces pour les années à venir », avant d'ajouter que «les agriculteurs demandent qu'ils soient traités, au moins, sur un pied d'égalité avec les pêcheurs en ce qui concerne les prix des carburants». Ouayach a révélé que «la Comader va tenir une réunion dans dix jours pour débattre de la question». «Nous avons un dossier en préparation et des propositions pour le ministère, a-t-il noté, mais les études concernant le secteur sont dépassées et il faut qu'elles soient actualisées ». Le président de la Comader a estimé que «les prix des intrants vont connaître un renchérissement car ils sont intimement liés aux prix des produits pétroliers ». Il a préconisé « une refonte profonde du secteur et une réorganisation du circuit de commercialisation qui profite essentiellement aux spéculateurs et aux intermédiaires».