Le club historique de la ville Kénitra, le KAC, qui a donné naissance à plusieurs grands joueurs du football national comme Boujemaâ Akhrif, Anafal Hsina, Khalifa, Boussati, Bouyahyaoui et autres, a débuté et termine l'année dans une crise, qui ne semble pas passagère malgré les efforts engagés pour assurer une stabilité au niveau de la direction de l'équipe. Les fans du KAC avaient mis tous leurs espoirs sur le nouveau bureau dirigeant présidé par M. Anas Bouanani, élu lors d'une assemblée générale extraordinaire, pour sortir l'équipe du marasme provoqué par un long conflit de légitimité sur sa direction. Ce conflit n'est pas tout à fait résolu, car la justice ne s'est pas encore prononcée sur un recours en contestation introduit par l'ancien bureau contre l'actuel. Aujourd'hui, l'équipe apparait esquintée et affaiblie. Elle est actuellement en très mauvaise posture après trois défaites successives, et traine en bas du classement du championnat. Si elle continue sur ce rythme, elle risque de rater le parie du professionnalisme. Les joueurs, à bout de patience, ont, à plusieurs reprises, menacé de boycotter les entrainements pour protester contre le non paiement de leurs salaires, primes de match et primes de signature. L'entraineur, Abdelkader Youmir, engagé dernièrement par le nouveau bureau, a eu maille, mardi dernier lors des entrainements, avec les supporters de l'équipe qui lui reprochaient les mauvaises performances enregistrées et demandaient son départ. Les supporters du KAC, bien organisés au sein des Hélala boys, ont joué un grand rôle dans la démission forcée de l'ancien président de l'équipe Hakim Doumou qui, après plusieurs procès intentés contre lui par un comité de redressement a fini par céder. Le départ de Doumou n'a pas mis pour autant fin à la crise, mais l'a envenimée davantage, créant un imbroglio qui a donné le tournis aux milieux sportifs de la ville. Trois bureaux vont alors se disputer la légitimité de la direction de l'équipe. Les procès en justice et les manifestations de rue des Hélala boys vont repartir de nouveaux. Pris dans cette tourmente, plusieurs joueurs notamment Ayoub Bourhim, Hicham Laroui, Youssef Tourabi, Zouheir Laroubi et Youssef Ben Mouih n'ont pas pu supporter cette instabilité et ont plié bagages pour d'autres clubs plus accueillants. Les entraineurs non plus n'ont pas pu résister. En l'espace d'à peu près de deux ans, le KAC a connu trois entraineurs. "Aucun entraineur ne réussira à Kénitra dans un climat aussi perturbant", avait lâché peu de temps avant son départ l'entraineur Aziz Karkach. Son successeur Youssef Lamrini goutera à la même amertume et partira avant la fin de son contrat. Lamrini qui avait rejoint le KAC en milieu du championnat, avait estimé que le club doit procéder à une restructuration à tous les niveaux pour grimper au classement et ne pas se contenter de se maintenir en division d'excellence. "Le KAC, qui était une école de football, a aujourd'hui totalement perdu sa vocation et ne forme plus les talents qui ont fait sa gloire et celle de l'équipe nationale", s'était-il désolé. "Aujourd'hui l'équipe doit revoir sa politique de formation et compter sur ses propres ressources, d'autant plus qu'elle n'a pas assez de moyens financiers pour engager des joueurs de qualité", avait-il enchainé. Abdelkader Youmir, qui vient de le remplacer, a lui aussi montré sa disposition à travailler au niveau de la pépinière de l'équipe et exclu le recrutement de nouveaux joueurs. Il s'est montré confiant, au début de sa prise de service, sur les chances de l'équipe de rester en division d'élite cette saison. Toutefois, la série de défaites subies au cours des derniers matchs n'est pas pour rassurer les adhérents et les supporters de l'équipe sur le sort de leur équipe.