Finalement, le nouveau président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a exprimé le vœu de se rendre en visite au Maroc, suivant une tradition respectée par ses prédécesseurs au poste. Après un long silence sur les relations avec le Maroc, le gouvernement espagnol compte relancer les contacts au plus haut niveau avec les autorités de Rabat et transmettre à l'opinion publique un message de tranquillité en vue d'aborder les problèmes en suspens dans un climat empreint d'entente. José Luis Rodriguez avait fait du Maroc sa première destination à l'étranger, en avril 2004, peu de jours après son investiture comme président de gouvernement. Ses prédécesseurs, Felipe Gonzalez et José Maria Aznar l'avaient précédé dans cette tradition. Rajoy, eu égard aux polémiques positions adoptées par son parti et les cercles conservateurs à l'égard du Maroc lors des incidents de novembre 2010 du campement Gdim Izik dans la banlieue de Laâyoune et d'autres incidents liés à la question du Sahara et des villes de Sebta et Melilla, s'est abstenu de mentionner durant sa campagne électorale et dans son discours d'investiture les relations avec le Maroc. Il a pourtant signalé ses priorités d'approfondir les concertations avec ses homologues à l'Union Européenne. Les médias espagnols ont ainsi repris une dépêche d'agence faisant état d‘une communication, mardi, entre SM le roi Mohamed VI et Rajoy durant laquelle les deux parties ont exprimé la volonté de «renforcer la coordination» aussi bien au plan bilatéral que celui «relatif aux questions régionales et internationales» sur la base du «respect mutuel et dans l'intérêt des deux peuples». Les médias signalent également le désir de Rajoy d'effectuer “une visite d'amitié et de travail au Maroc ». D'ailleurs, des sources proches du gouvernement espagnol ont précisé que cette initiative a été prise par Rajoy et que son déplacement au Maroc «interviendra en son moment». Le désir du nouveau président du gouvernement espagnol coïncide avec la nomination, mardi, par le souverain du nouveau gouvernement dirigé par Abdelillah Benkirane, leader du Parti Justice et Développement (PJD) que la presse espagnole d'audience nationale qualifie de formation «islamiste modérée». Les grands journaux espagnols, qui se sont limités à annoncer sans commentaire la nomination de ce gouvernement, notent que pour la première fois dans l'histoire de la monarchie marocaine, «les ministères dits de souveraineté» sont dirigés par des politiques et non par des personnalités désignées par le roi (ABC). Cependant, signale la presse madrilène, «les islamistes avaient été obligés de renoncer au portefeuille de l'économie et des finances, une de leurs priorités, qui a été attribué au Parti de l'Istiqlal». Le PJD a toutefois conservé les ministères de l'Industrie, du Commerce et du Développement «en dépit des critiques de certains de ses dirigeants à l'égard du projet du train haute vitesse marocain» (El Pais). Le Maroc dispose ainsi de son premier gouvernement «dirigé par les islamistes et d'un premier ministre relativement indépendant du roi» et jouissant de «nouveaux et plus larges pouvoirs dans son histoire» (La Razon). Toutefois, le nouvel exécutif devra faire face au «mécontentement social représenté par le mouvement 20 Février qui, depuis un an, revendique de profondes réformes économiques et sociales» (Publico).