Des réformes institutionnelles s'imposent La violence à l'égard des femmes s'invite au débat parlementaire. Ainsi, le Groupe du progrès démocratique a organisé, jeudi 13 décembre, une journée d'étude entièrement consacrée à cette problématique. Une occasion pour les participants de dresser un état des lieux et discuter des mesures jugées adéquates pour y faire face. En fait, dans une société encore marquée par la culture patrimoniale, la lutte contre ce phénomène nécessite d'abord d'étendre le débat à l'ensemble des acteurs. Autrement dit, l'approche participative est une condition sine qua non pour avancer, ont souligné la plupart des intervenants. En tout cas, c'est ce qu'estime Rachid Tahiri, députée et membre du BP du PPS, en déclarant à Al Bayane que «l'objectif de son groupe est de faire de la question de la violence à l'égard la femme une priorité dans l'agenda parlementaire et du gouvernement, pour qu'elle soit prise en compte dans l'élaboration de toutes les politiques publiques, car elle relève d'une problématique transversale». D'où la mise en place d'une stratégie dédiée, dont l'objectif est de combattre ce fléau. Il faut souligner que ce combat est perdu d'avance tant qu'une refonte en profondeur du Code pénal n'a pas été initiée. Dans cette optique, la ministre de la Solidarité, de la famille et du développement social, Bassaima Hakkaoui, a indiqué dans son intervention que son département œuvre actuellement pour l'élaboration d'un texte visant lutter contre la violence à l'égard des femmes. Une telle déclaration lui a valu les critiques des représentants des associations de défense de la femme et ce pour avoir de les impliquer en amont de ce projet. D'ailleurs, lors de cette rencontre, les différents intervenants ont plaidé pour «une meilleure coordination entre les différentes acteurs en vue de diminuer l'ampleur de ce phénomène». Un phénomène qui persiste encore en dépit des campagnes de sensibilisation. Le président du Conseil national des droits de l'Homme, Driss El Yazami, a dénoncé, dans une allocution lue en son nom, «la persistance des pratiques de discrimniation sur les plans législatif, institutionnel, malgré les efforts déployés», plaidant pour une politique efficace pour l'éradication de toutes les formes de discrimination. De son côté, Mahjoub El Hiba, délégué interministériel aux droits de l'Homme, a insisté dans son intervention sur «les défis qui restent à relever pour faciliter une meilleure appropriation des mécanismes internationaux, notamment en matière d'évaluation et de suivi de la mise en œuvre des recommandations, de formation, de traitement des plaintes...entre autres». De même, Najat Razi, représentante de la coalition «Printemps de la dignité», a appelé à la mise en œuvre «de réformes législatives audacieuses, et ce conformément à l'esprit de la nouvelle Constitution». Notons par ailleurs, et contrairement aux années précédentes, que la campagne de sensibilisation à la lutte contre la violence à l'égard des femmes n'a pas eu lieu cette année. Une telle éclipse a sucité l'indignation des associations de la société civile. «La campagne avait toujours une portée symbolique. En plus, elle nous permet de connaitre les chiffres exacts des cas de violence au Maroc», nous confie Rachida Tahiri. Et d'ajouter que «cette année il n'y avait ni conférences, ni chiffres, ni campagne à l'instar de ce qui se passe dans la plupart des pays du monde». Pour elle, toute stratégie en bonne et du forme devrait en premier lieu impliquer la question de la femme dans le chantier de la réforme de la justice, la révision du Code pénale, tout en s'interrogeant sur les motifs qui ont poussé l'Etat à geler son aide financière aux centres d'écoute dédiée à cette catégorie de femmes violentées et ceux consacrés à l'hébergement de ces victimes. In fine ce débats n'a pas oublier de mentionner les progrès accomplis jusqu'ici en faveur des femmes, couronnés par l'inscription dans la nouvelle Constitution des principes de parité et de lutte contre les discriminations, comme l'a souligné le président du groupe du Progrès démocratique, Rachid Roukbane, qui a noté une amélioration de 17% de la représentativité féminine dans les instances élues (Parlement et collectivités locales).