PLF 2013 : Nizar Baraka explique et tente de convaincre C'est un ministre des Finances qui se voulait rassurant et surtout convainquant que l'Agence Maghreb Arabe Presse a accueilli, mardi, dans le cadre de son rendez-vous mensuel le Forum de la MAP. Nizar Baraka a mis pour l'occasion les petits plats dans les grands. Exposé en data show, chiffres et analyses à l'appui, l'argentier du Royaume a tout dévoilé ou presque au sujet du projet de loi de finances 2013, qui suscite un tollé depuis sa présentation au parlement. Le budget 2013 institue des avantages en faveur des citoyens dont le revenu mensuel net d'impôt ne dépasse pas 15.000 DH, a dit le ministre à l'adresse de ceux qui ont le sentiment d'appartenir à la classe moyenne et veulent investir dans la pierre. Ces avantages fiscaux, a-t-il expliqué, vont aider à favoriser l'accès au logement et à résorber le déficit en la matière à l'horizon 2016 avec un rythme de production de 170.000 unités d'habitat par an. L'une de ces mesures incitatives, la prorogation, jusqu'au 31 décembre 2020, des exonérations fiscales accordées aux programmes de construction de logements à faible valeur immobilière destinés aux couches défavorisées et constituant une alternative à l'habitat insalubre. La contribution de solidarité touche moins de 1% des salariés A ceux qui affichent la crainte d'une pression fiscale sur l'entreprise, Nizar Baraka a été on ne peut plus clair: la contribution de solidarité n'augmente pas la pression fiscale sur l'entreprise marocaine, vu qu'elle touche uniquement 500 grandes entreprises, dont une bonne partie des entreprises publiques, sur un nombre total de 150.000". "Nous avons baissé la pression fiscale de 30 % à 10 % pour les petites et moyennes entreprises (PME), qui constituent 77 % des entreprises marocaines, et non pas augmenté la pression fiscale", a-t-il martelé. Et pour convaincre les plus irréductibles parmi ceux qui rechignent à décaisser quelques dirhams de leur salaire pour contribuer à l'effort national de solidarité en ces temps de disette, Nizar Baraka a trouvé les mots : la cotisation sociale prélevée sur les salaires dépassant 25.000 DH net ne touche pas la compétitivité de l'entreprise et ne pénalise guère la classe moyenne puisqu'elle concerne moins de 1 % des salariés contribuables. Pour le ministre, il s'agit d'un "petit sacrifice" qui devrait permettre aux citoyens marocains de concrétiser les valeurs d'une société "équilibrée et solidaire", et de "faire intégrer des millions de pauvres qui sont au ban de la croissance économique et du développement". Financement bouclé du projet LGV L'invité du Forum de la MAP ne s'est pas privé de narguer ceux qui se plaisent à dire que le Maroc ne pourra pas, en ces temps de crise à l'international, mener à terme certains projets comme celui de la LGV, la ligne à grande vitesse devant relier Tanger et Casablanca et qui ambitionne de révolutionner le secteur du transport ferroviaire. Pour lui, le financement de ce projet est bouclé et le lancement des travaux est prévu pour 2013. D'autres projets programmés pour cette année seront bel et bien exécutés. Caisses noires, une manne qui échappe à tout contrôle Epinglé sur le sujet polémique des fameuses caisses noires, le ministre a utilisé là encore un euphémisme : Il s'agit de comptes de trésorerie qui existent au Maroc depuis 70 ans. Le ministre a quand même reconnu que cette manne échappe à tout contrôle institutionnel, tout en signalant que le gouvernement affiche aujourd'hui une volonté politique pour une réforme globale de ces comptes conformément à l'esprit de la nouvelle constitution. Au sujet de l'impôt sur la fortune, le ministre semble avoir laissé l'assistance sur sa faim. Ses arguments relevaient plutôt d'une analyse socioculturelle : "Est-ce que vous croyez qu'aujourd'hui un Marocain puisse accepter qu'un inspecteur des finances fouine dans ses affaires personnelles, fasse un inventaire des bijoux de sa femme et évalue ses tableaux" pour déterminer l'étendue de sa fortune et l'impôt qui en découle ? Avant d'envisager une quelconque mesure à ce sujet, le gouvernement doit étudier la faisabilité et la rentabilité de cet impôt, a dit le ministre. Il a d'ailleurs annoncé la tenue prochaine d'un colloque sur la fiscalité, une sorte de grand-messe des décideurs politiques et des experts financiers du Royaume où il n'y aurait pas de tabou fiscal. Le budget 2013 soutient la classe moyenne Le projet de loi de finances 2013 comporte de nouvelles mesures destinées au soutien de la classe moyenne, devait préciser le ministre délégué chargé des Affaires générales et de la Gouvernance, Mohamed Najib Boulif, en réponse à une question orale à la Chambre des conseillers. Parmi les mesures envisagées, figurent l'amélioration de l'offre immobilière en y consacrant une enveloppe monétaire d'environ 4 milliards DH, notamment à travers le Fonds de solidarité de l'habitat, et la simplification des conditions d'accès au logement pour les particuliers et aux moyens de financement et au foncier au profit des coopératives. Selon le ministre, l'Exécutif a maintenu la subvention aux produits pétroliers et de base, avec à l'appui une allocation estimée à 56 milliards DH, mettant l'accent sur l'achèvement de la mise en application, suite aux rounds du dialogue social, des dispositions de l'accord du 26 avril, les crédits requis se chiffrant à 13 milliards DH.