Sévir pour arrêter l'hécatombe des accidents de la circulation Il faut sévir contre les chauffards, sanctionner encore plus sévèrement les contrevenants pour arrêter l'hécatombe des accidents de la circulation routière, qui font plus de 4.000 morts par an au Maroc, a souligné mercredi, le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane. Plus personne ne doit échapper à la loi, abstraction faite de son nom familial, de son appartenance sociale ou de sa responsabilité, y compris le chef du gouvernement, a affirmé sur un ton grave M. Abdelilah Benkirane, qui semble être toujours sous le choc du récent accident de l'autocar survenu à Tizi N'Tichka, lequel avait fait 43 morts et plusieurs blessés dont certains porteront à vie des séquelles de ce drame. Les autorités en charge du secteur, les services de la gendarmerie royale et tous les agents chargés de la circulation routière ainsi que les contrôleurs en charge de l'état mécanique des véhicules doivent faire preuve de fermeté et de rigueur dans l'accomplissement de leur mission, a-t-il dit devant la Chambre des Conseillers, qui a consacré la séance mensuelle réservée au chef du gouvernement au secteur des transports. Selon le chef du gouvernement, la recrudescence des accidents de la circulation dans le pays s'explique en dernier ressort par le relâchement constaté en matière des contrôles et de la répression des contraventions au code de la route et des règles de conduite aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du périmètre urbain. Répondant à des Conseillers, selon lesquels le nouveau code de la route a échoué et le durcissement de la répression ne constitue pas la solution idoine aux drames de la circulation au Maroc, le chef du gouvernement a convenu qu'un tel arsenal réglementaire n'est certes pas suffisant mais qu'il est nécessaire pour sévir contre les contrevenants et les chauffards avant de passer à une nouvelle étape d'éducation et de sensibilisation. "Pour moi, a-t-il dit, un conducteur qui provoque un accident mortel de la circulation, et dont la responsabilité est prouvée, doit perdre une fois pour toutes son permis de conduire". Un tel chauffard, qui est à l'origine d'un drame dont les répercussions sociales, familiales et économiques ne sont pas à démontrer doit être interdit de conduire à vie une voiture automobile, a dit M. Benkirane, qui a invité les Conseillers et les usages de la route à prendre au sérieux ses propos et qu'il s'agit d'une véritable guerre qu'il déclare aux accidents de la route. Il s'est déclaré à cette occasion favorable à des propositions des Conseillers, appelant à l'organisation d'un débat national dans le cadre d'un colloque sur la sécurité routière et les moyens de faire face à la multiplication des accidents et ce avec la participation de tous les intervenants. En attendant, a-t-il dit, des mesures urgentes doivent être prises pour inverser la tendance et mettre fin à l'inadvertance des automobilistes, l'irresponsabilité des piétons et au laxisme des contrôleurs. Les accidents de la route au Maroc font plus de 4.000 morts par an et provoquent des dégâts matériels de l'ordre de 14 milliards de dirhams, représentant 2% du produit intérieur brut, a-t-il rappelé, faisant observer que le Maroc occupe ainsi le premier rang au niveau arabe et le 6ème à l'échelle mondiale en matière des accidents de la circulation avec une prévalence de 12 accidents par heure et un mort toutes les deux heures. Il a indiqué dans ce cadre que quelque 67.082 accidents ont été enregistrés en 2011, soit une augmentation de 2,48% par rapport à 2010. 4.222 personnes ont trouvé la mort dans les accidents survenus en 2011 (+11,75%) et 12.482 autres ont été grièvement blessées, soit une hausse de 9,36% (3 blessés toutes les deux heures). 89.529 autres personnes ont été légèrement blessées dans les accidents survenus en 2011, soit une hausse de 2,84% (10 blessés par heure), a-t-il précisé. Il a fait savoir dans le même ordre d'idées que 80% des tués dans les accidents de la circulation survenus en milieu urbain font partie de la catégorie des personnes sans protection, dont 54% sont des piétons et des motocyclistes et 35% des utilisateurs de véhicules légers. Il a révélé de même que 108.919 véhicules ont été impliqués en 2011 dans des accidents corporels, soit une augmentation de 2,47% par rapport à 2010, dont 55,8% sont des véhicules légers et 34,6% des motocyclettes ou des bicyclettes, alors que 6,5% sont des camions du transport de marchandises et 1,6% des autocars. Pour expliquer les causes de ces accidents, l'on invoque souvent la faiblesse de l'infrastructure et de la qualité des routes outre l'état de délabrement des véhicules, a dit M. Benkirane, selon lequel l'élément humain est le premier responsable de ces accidents à hauteur de plus de 80%. Pour étayer ses propos, le chef du gouvernement a rappelé que plus des deux tiers des accidents (77,7%) surviennent à l'intérieur du périmètre urbain parce que 94 % des usagers de la route ne respectent pas le panneau de signalisation "STOP" et 9% des conducteurs ne s'arrêtent pas au feu rouge (29% des motocyclistes). En principe, a-t-il dit, ces accidents survenus à l'intérieur du périmètre urbain ne doivent pas provoquer d'importants dégâts. Malheureusement, a-t-il noté, ils sont responsables du tiers des décès et des blessés graves, parce que 28% des conducteurs de véhicules légers n'utilisent pas la ceinture de sécurité à l'intérieur du périmètre urbain et 21% des motocyclistes ne portent pas de casques de protection. Malgré le fait que le nombre des accidents de la circulation enregistré en dehors du périmètre urbain ne représente que le tiers du total des accidents, ils causent deux tiers du total des décès et des blessés graves, étant donné que ces accidents sont souvent dus à l'excès de vitesse, a-t-il noté. Selon lui, un tiers des véhicules impliqués dans ces accidents ont moins de 5 ans, et un autre tiers de ces véhicules ont plus de 15 ans, a-t-il ajouté, notant que le renouvellement du parc automobile n'a eu aucun effet sur la tendance. D'après le chef du gouvernement, la responsabilité humaine dans les accidents de la route concerne non seulement les conducteurs et les usagers de la route, mais également les contrôleurs de la route (police, gendarmerie royale, contrôleurs du ministère de l'équipement et du transport, responsables des auto-écoles, et des centres de la visite technique et autres intervenants en la matière). Selon lui, quoiqu'importante, la sensibilisation aux dangers de la route ne doit pas occulter la nécessité d'intensifier les contrôles. Pour mettre en lumière l'intérêt du contrôle et du durcissement de la répression, il suffit de rappeler que le nombre des accidents de la circulation a connu une baisse notable au cours des trois premiers mois ayant suivi l'entrée en vigueur du Code de la route, en octobre 2010, en comparaison avec la même période en 2009. C'est ainsi que le nombre des accidents a baissé de l'ordre de 17% et celui des décès et blessés de plus de 18%. Après cette période, le nombre des accidents a repris sa courbe ascendante, suite notamment au relâchement constaté au niveau des contrôles et de la répression, a dit M. Benkirane, selon lequel fini le temps du laxisme avec les chauffards. Plusieurs dispositions ont été déjà prises en matière de sécurité routière et de prévention des accidents de la route, a-t-il dit, précisant que la stratégie du gouvernement poursuivie en la matière vise notamment la mise à niveau du cadre juridique, des infrastructures de base et du parc automobile, le renforcement du contrôle automatique, pour limiter l'intervention de l'élément humain et l'amélioration des conditions de travail des professionnels du secteur. Le gouvernement œuvre en effet en matière de transport routier des marchandises, en partenariat avec les professionnels pour la mise en chantier des mesures contenues dans le contrat-programme, a-t-il dit. Ce contrat programme vise notamment la mise à niveau des acteurs du secteur, signé en juin 2011, particulièrement la révision des conditions d'accès aux métiers du transport routier des marchandises, le soutien à l'opération du renouvellement du parc, la promotion du transport international des marchandises, la mise à niveau et la formation du chauffeur professionnel, l'amélioration de sa condition sociale et la mise à niveau du cadre juridique régissant la relation transporteur-client. S'agissant du transport routier des personnes, le gouvernement, a-t-il affirmé est décidé à accompagner les réformes initiées dans ce domaine, en adoptant un contrat-programme pour la mise à niveau des acteurs du transport routier public des voyageurs. Il s'articulera, a-t-il précisé, autour de la consécration du professionnalisme, la modernisation du parc et la promotion des compétences des professionnels du secteur, ajoutant que le gouvernement a également mis en place une approche visant à abolir le système des autorisations et à adopter un système contractuel entre l'Etat et le transporteur sur la base d'un appel d'offres, en fixant une durée de trois ans comme phase transitionnelle pour les transporteurs et les bénéficiaires actuels d'autorisations, dans la perspective de passer à un nouveau système. Le gouvernement, a-t-il ajouté, va accompagner ces réformes à travers la mise à niveau des gares routières, l'adoption d'un nouveau modèle moderne de gares routières et gares secondaires à proximité des villes et en adoptant un cahier de charges pour la construction de gares spéciales et de bureaux indépendants de vente des billets. Evoquant la situation du transport urbain, le chef du gouvernement a fait savoir que la gestion déléguée du secteur du transport urbain a été un échec total. Une nouvelle formule de gestion de ce secteur par des agglomérats est en en cours de finalisation, a-t-il fait savoir Le chef du gouvernement a par ailleurs fait savoir qu'il sera procédé prochainement à la réorganisation du transport routier urbain et à la remise à niveau du transport par taxis. Il sera procédé aussi à la révision du système des autorisations pour le remplacer par un système contractuel visant à améliorer la qualité des services et des conditions de travail et de vie des professionnels du secteur. Le chef du gouvernement a par ailleurs annoncé la création de "l'Agence nationale de réglementation et de sécurité de transport", dans l'objectif de fédérer les efforts déployés en matière de sécurité routière et de prévention contre les accidents de la route.