La bonne gouvernance économique, socle de la démocratie La réussite du projet démocratique est tributaire, entre autres, de la bonne gouvernance économique des collectivités territoriales, selon les participants à une rencontre régionale, organisée dimanche à Salé sous le thème «pour une bonne gouvernance économique des collectivités territoriales au Maroc». Il est illusoire de vouloir renforcer le projet démocratique au Maroc sans une participation des citoyens dans la bonne gouvernance de l'économie et des finances des collectivités locales, a indiqué dans ce sens le président de l'Association Salalmoustaqbal, Moulay Ismail Alaoui. Intervenant lors de cette rencontre, initiée en partenariat avec le «Collectif démocratie et modernité» et «Targa-aide pour un développement durable», Moulay Ismail Alaoui a fait savoir que les acquis arrachés de haute lutte par le peuple marocain et confortés dans le cadre des mouvements populaires intervenus dans le sud de la Méditerranée restent «fragiles». Selon lui, la préservation de ces acquis et le renforcement de la démocratie dans le pays requièrent «davantage de vigilance» et une «participation accrue» de tous les intervenants pour la promotion de la bonne gouvernance économique. C'est pourquoi, il a été nécessaire d'organiser la présente rencontre pour approfondir la réflexion sur le meilleur moyen de promouvoir la bonne gouvernance économique des collectivités locales, la démocratie participative et la modernisation de l'Etat avec la participation de tous les intervenants, dont en premier lieu les présidents des conseils élus, mais également des représentants de la société civile, a-t-il dit, soulignant l'impératif d'adopter l'arsenal juridique nécessaire pour la mise en œuvre des dispositions de la nouvelle Constitution relatives à ce sujet. Pour sa part, le président du «Collectif démocratie et modernité», Ali Aâbabou, qui présidait la rencontre, a estimé que les questions de la bonne gouvernance économique sont au centre des préoccupations de tous les intervenants, eu égard aux nouveautés introduites par la nouvelle Constitution et les changements apportés par les mouvements populaires au Maghreb et au Machrek. En dépit de toutes les réformes menées au cours des dernières années aux niveaux constitutionnel, financier, institutionnel et autres, le Maroc n'a pas échappé à cette tendance, marquée par des manifestations (20 février) qui réclament notamment l'amélioration du niveau de vie des citoyens, la lutte contre la corruption et le chômage et l'accès aux infrastructures et aux services sociaux de base tout en exigeant une reddition des comptes de la part du gouvernement et des élus locaux. Pour sa part, la nouvelle Constitution du pays a fait de la bonne gouvernance un des leviers de son projet démocratique, a-t-il dit, expliquant que l'on ne peut pas parler de bonne gouvernance sans transparence et sans démocratie participative. Et c'est dans le cadre de ces concertations que se tient l'actuelle rencontre qui se propose notamment d'identifier les mécanismes d'élaboration de la planification et des budgets, de leur contrôle ainsi que de l'évaluation des réalisations et de faire connaitre les bonnes pratiques en matière de bonne gouvernance, a-t-il expliqué. Par la suite, les participants se sont penchés sur l'examen d'un projet d'étude élaboré par l'association «Targa-aide» sur la bonne gouvernance économique des collectivités territoriales au Maroc. Selon le président de l'association Ali Firdaoussi, l'élaboration de ce projet de plate-forme, fruit d'une trentaine d'années d'expériences, a pour but de mieux outiller l'expérience marocaine en matière de bonne gouvernance économique des collectivités locales à travers son évaluation sur les plans interne et externe. Selon les auteurs de cette étude, l'ouverture sur le monde extérieur et l'amélioration de l'implication des citoyens et de la société civile dans la gestion des affaires les concernant font partie des grands principes sur lesquels repose la bonne gouvernance économique des collectivités territoriales au Maroc. L'étude traite aussi du rôle de l'organisation territoriale (rôles et attributions des communes, des régions, des assemblées préfectorales et provinciales et de la ville) et du positionnement des établissements et administrations sectorielles, au niveau desquels on s'oriente vers une plus large association des citoyens et de la société civile pour améliorer les services dont ils bénéficient, asseoir les piliers de la transparence et initier de grands projets (réforme de la justice, moralisation des élections et de la vie publique. Et l'étude de soutenir qu'il s'agit peut être d'une mutation de la position des autorités locales, qui préservent leur pouvoir de tutelle sur les activités des conseils communaux et provinciaux et leur rôle consultatif au sujet des projets décidés par les conseils communaux. Ces autorités vont également continuer d'exercer leur pouvoir de proposition en ce qui concerne le compte administratif adopté par les conseils communaux. Régissant au contenu de cette étude, nombre de présidents de conseils communaux et d'experts n'ont pas manqué d'en relever les limites, notant que le problème des collectivités territoriales résident en fait dans la faiblesse des moyens financiers et économiques dont elles disposent.