L'application de la Constitution, ce n'est pas seulement l'affaire du gouvernement ! La société civile s'engage aussi à s'approprier ses nouvelles attributions constitutionnelles, et entend devancer le gouvernement sur plusieurs chantiers laissés en suspens, notamment, l'adoption de certaines lois organiques. C'est en ce sens que le Collectif démocratie et modernité (CDM), s'apprête à lancer un projet de consultation et de concertation populaire autour de plusieurs lois organiques prévues par le texte constitutionnel. La première initiative de ce genre, un projet qui bénéficie de l'appui de l'ambassade de Grande Bretagne au Maroc et en partenariat avec l'association Targa-aide, consistera en une série de rencontres régionales et nationales destinée à mettre à la disposition des structures associatives de la société civile marocaine, des élus locaux et des partis politiques, un espace d'échanges et de réflexion sur les pratiques nationales et internationales, relatives à une pleine application des dispositions de la Constitution. Il s'agit notamment des aspects relatifs aux principes de transparence, de reddition des comptes, de gestion saine des biens publics. L'objectif visé à travers cette initiative, est de «contribuer à faire émerger des processus de contrôle et de suivi permettant de consolider l'Etat de droit et la participation effective des populations dans la gestion des affaires publiques». Le projet devra déterminer les attentes des acteurs concernés sur les services attendus par les populations les plus vulnérables. Cela devrait concerner l'élaboration de la planification et des budgets ainsi que leur contrôle, les mécanismes d'une participation de la société civile et des citoyens aux grands choix de la collectivité locale, particulièrement la participation au choix des projets et aux budgets, tant au niveau des décisions que de l'évaluation des réalisations, ainsi que la reddition des comptes par les décideurs élus, à travers l'évaluation des résultats. Gouvernance économique locale Selon le CDM, «ce projet s'inscrit dans le cadre de la promotion d'une bonne gouvernance économique locale». «Le contexte politique et économique du pays place les questions de gouvernance, de démocratie participative et de modernisation de l'Etat, tant au plan national que régional et local, au cœur des priorités», ont justifiés les responsables du Collectif, en prélude au lancement du projet, ce 20 septembre, avant de souligner que «de tels défis ne peuvent être relevés sans la participation de tous les acteurs publics, privés et de la société civile. Et le CDM d'insister sur «le besoin urgent de la mise en place de mesures et de réformes notamment en matière de bonne gouvernance». Pour les dirigeants de l'association, ce projet cadre, donc, parfaitement avec ce contexte de nécessaires et urgentes réformes politiques, économiques et financières au niveau local et régional. Ce qui est certain, c'est que l'initiative ne manquera pas d'intéresser la société civile et les partis politiques, à l'approche des préparatifs des prochaines élections communales et dela mise en place de la régionalisation prévue durant les mois à venir. Conformément à l'approche participative que prône le CDM, le projet sera mis en œuvre à travers un processus de concertation avec les élus, la population et les associations, ainsi qu'avec l'administration territoriale. Au final, ces concertations devront aboutir à l'identification des indicateurs de bonne gouvernance économique des collectivités territoriales et ce, à travers l'analyse des bonnes pratiques nationales et d'un benchmarking des pratiques internationales en la matière. Pour le CDM et en attendant que le gouvernement se décide enfin à se pencher sur le sujet, il s'agit de permettre à la société civile et aux structures locales de disposer des outils nécessaires pour pouvoir influer sur la mise en place d'un nouveau cadre juridique des collectivités territoriales, prévu dans la nouvelle Constitution. En outre, ceci doit s'opérer à travers la présentation au gouvernement et au Parlement, ainsi qu'à l'opinion publique, des recommandations issues de l'étude et des concertations avec les associations et les élus dans les régions.