La revue «Al Azmina Al Hadita» sonne le tocsin Doucement mais sûrement, la publication philosophique «Al Azmina Al Hadita», se fraie son chemin dans un univers culturel morose, marqué par l'absence de véritables débats sur le sort de notre société et une démission criarde des intellectuels. Consacré à la problématique de la liberté et ses défis, le cinquième numéro de la revue a été présenté, jeudi 4 octobre, à Casablanca. Pour le directeur de la publication, qui n'est autre que Ismail Alaoui, président du Conseil de la présidence du PPS, «avec son contenu de qualité et ses remarquables contributions, la revue vise à la divulgation de la pensée libre, voire critique, tout en restant collée à l'actualité et les diverses questionnements des citoyens». Déjà, la revue compte à son actif quatre numéros, dont le contenu porte sur la diversité culturelle et l'identité nationale, croyance et violence, l'héritage culturel et la question de la modernité... Pour le prochain numéro, les responsables de la publication annoncent déjà la couleur. Ainsi, tout un dossier y sera dédié à la problématique de la religion et la politique. Quant au numéro actuel, il traite des questions de la liberté et ses enjeux. On peut y découvrir des études remarquables, confectionnées par d'imminents chercheurs, tels Olivier Abel, Jean-Loup Thébaud, Khanta Lahrichi et Mohammed Chaouki Zine, entre autres. Sous le titre, «L'image de soi dans le regard de l'autre», la présente édition réserve également un hommage au grand sociologue et romancier Abdelkabir Khatibi. Les férus de la lecture et étudiants pourraient y trouver le dernier entretien réalisé avec Khatibi, et des articles tels, «Khatibi, des mots en images», par Assia Belhabib et «Lecture dans vœu de silence» de Kouchi Said. Dressant un constat grave de la situation culturelle dans le monde arabo-musulman, Ismail Alaoui, a indiqué que la revue Al Azmina Al Hadita est pour l'heure l'unique périodique qui s'intéresse aux questions philosophiques, tout en soulignant que le nombre des livres traduits des langues étrangères à la langue arabe durant trois siècles n'équivaut même pas au nombre des livres traduits et ce durant une année en langue espagnole. «Cela ne peut susciter que déception et amertume», a-t-il ajouté. De son côté, Abdellah Belghiti Alaoui, rédacteur en chef, a axé son intervention sur la nécessité de la modernité pour bâtir une société démocratique. Autrement dit, «la modernité est l'aspiration des peuples de se gouverner eux-mêmes» a affirmé Belghiti. En se livrant à une démonstration philosophique, il fit allusion au philosophe allemand Emanuel Kant, qui a souligné dans l'un de ses textes que les «lumières n'exigent rien d'autre que la liberté, et même la plus inoffensive de toutes les libertés, c'est-à-dire celle de faire un usage public de sa raison dans tous les domaines». Pour le conférencier, «ce qui se passe actuellement dans le monde arabo-musulmane n'est en fin de compte qu'un simple reflet de la citation de Kant». Par ailleurs, Abdellah Belghiti s'est penché sur la question du déclin de la culture au Maroc. A l'en croire, le budget annuel mobilisé pour n'importe quel festival suffit à financer et distribuer gratuitement une revue à hauteur de 20.000 exemplaires, et ce pendant une vingtaine d'années. A la fin de la conférence, les responsables de la revue ont annoncé officiellement la création du Centre des études et recherches d'Al Azmina Al Hadita. Cette instance comprendra quatre départements : philosophie arabo-musulmane coiffé par le docteur Mohamed Mesbahi, la philosophie occidentale, dirigé par Jean-Loup Thébaud, les études anglo-saxonnes, chapeauté par Taib Belghazi, et l'unité de la coordination avec les universités de l'Amérique du nord, présidé par le grand philosophe Samuel Weber. En fait, le Centre envisage être un espace de dialogue et d'échange, avec comme finalité faire secouer l'esprit de l'Homme arabe et donner une bouffée d'oxygène à la réflexion philosophique.