Des cinéastes, chercheurs et universitaires ont rendu, vendredi à Tanger, un hommage posthume au grand écrivain et penseur marocain Abdelkébir Khatibi, décédé le 16 mars 2009 à Rabat, à l'âge de 71 ans. Lors d'une conférence tenue dans le cadre de la 11-ème édition du Festival national du film, les participants ont mis en relief la relation de l'écrivain avec les différents arts et modes d'expression, notamment le cinéma, la musique et la photographie. Intervenant lors de cette rencontre, initiée par le Centre cinématographique marocain (CCM) et la revue philosophique "Al Azmina Al Haditha", M. Noureddine Sail directeur général du CCM, a salué la mémoire de ce penseur multidisciplinaire, qui a su "créer son propre idiome à l'intérieur de la langue française", de même qu'il appelait de ses vÂœux la construction par les cinéastes marocains de leurs propres idiomes à l'intérieur du langage du 7-ème art. L'apport d'Abdelkébir Khatibi a été d'un grand intérêt pour toute une génération d'intellectuels et artistes marocains soucieux de développer des modes d'expression originaux au lendemain de l'indépendance, a-t-il ajouté. De son côté, le chercheur Abdellah Alaoui Belghiti, a souligné l'importance de "l'image" dans l'œuvre et la pensée de Khatibi, notant que le regretté a accompagné le travail de nombreux artistes et créateurs, avec des écrits qui ne se résument pas à des critiques ou commentaires greffés sur les travaux étudiés, mais constituent plutôt de vrais textes parallèles, proposant une deuxième lecture de ces oeuvres. Pour sa part, l'universitaire Assia Belhabib à mis l'accent sur le grand potentiel de l'oeuvre de Khatibi en termes d'image, relevant que plusieurs de ses romans sont adaptables au grand écran. Un fait qu'elle explique par l'intérêt que portait l'écrivain au cinéma et au langage cinématographique. Le critique et chercheur Farid Zahi a abordé, quant à lui, la présence de l'art dans l'oeuvre de Khatibi à travers l'approche que faisait le penseur du "signe en tant qu'image" et de "l'image en tant que signe", indiquant que les liens étroits qu'entretenait Khatibi avec le cinéma, la musique (notamment le jazz et le blues) et la photographie, ont participé à la formation de son imaginaire, où se côtoient le descriptif et l'abstrait.