Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a affirmé, lundi, devant la Chambre des représentants, que la mise en œuvre de la Constitution relève d'abord de la responsabilité de SM le Roi avant qu'elle ne soit celle du chef du gouvernement. Répondant à un député qui lui reprochait, lors de la séance mensuelle consacrée à la réponse du chef du gouvernement aux questions des députés sur la politique générale, d'avoir sous estimé le rôle du chef du gouvernement, en affirmant de n'être qu'un chef de gouvernement, il a souligné qu'il n'est effectivement qu'un chef de gouvernement, poste auquel peuvent accéder 30 millions de Marocains, alors que l'on a qu'un seul Roi, symbole de la stabilité et de l'unité du pays et que c'est à «Lui qu'incombe la mise en œuvre de la Constitution avant nous car il s'agit du bien de la société et du devenir du pays». La crise est une réalité que personne ne peut nier, car elle est liée à une situation que le gouvernement actuel a héritée, a-t-il dit. A son arrivée, a-t-il révélé, le gouvernement actuel a été contraint de tout refaire à commencer par la révision du projet de loi de finances élaboré par son prédécesseur et selon lequel le déficit budgétaire était fixé à 3,5 pc alors qu'il s'élevait dans la réalité à 6,1%. Donc le gouvernement ne pouvait pas travailler sur des chiffres erronés. Le projet du gouvernement précédent tablait aussi sur un prix de 75 dollars le baril de pétrole. Et même avec 100 dollars le baril, retenu dans la mouture actuelle en vigueur, les prévisions du gouvernement se sont avérées être dépassées. Dans le passé, la politique poursuivie consistait à cacher la vérité et à rendre publics des chiffres erronés, obligeant les chercheurs et les partis politiques de l'opposition à utiliser leurs propres moyens pour découvrir la vérité, alors qu'aujourd'hui le gouvernement a décidé de tout révéler et de ne rien cacher comme l'a communiqué le ministre de l'économie et des finances, a indiqué le chef du gouvernement. Malgré tous les chiffres annoncés et la conjoncture difficile que traverse le Maroc, la situation est stable et les finances du pays sont sous contrôle, a dit M. Benkirane. Et le chef du gouvernement de marteler : l'équipe gouvernementale actuelle n'a pas provoqué la crise actuelle, c'est la crise qui a nécessité l'avènement de ce gouvernement qui est décidé de réussir pour démentir les pronostics de ceux qui doutent de sa capacité de relever le défi. La crise a eu lieu en raison de la politique économique poursuivie jusqu'à présent et qui a montré ses limites, de la baisse de la demande extérieure des produits marocains du fait que les principaux partenaires du pays sont en crise et de la vulnérabilité des sources de financement (transferts des MRE, recettes du tourisme, etc...), a-t-il expliqué, notant au passage que l'ouverture par le FMI d'une ligne de crédit de 6,2 milliards de dollars au profit du Maroc illustre plutôt la confiance dont jouit le Royaume auprès de ses bailleurs de fonds dont le FMI, qui n'a jamais cessé de travailler avec le Maroc. L'ouverture de cette ligne de crédit que le Maroc peut utiliser en cas de besoin ne signifie pas que le pays va entrer dans une phase d'ajustement structurel, a-t-il ajouté, notant que la situation est différente de celle qui avait nécessité le recours à cette politique dictée par le FMI. On a été élu pour tenter de surmonter une situation difficile, a-t-il relevé, notant que le gouvernement ne détient pas des moyens extraordinaires. La crise au Maroc n'a pas la même ampleur que dans d'autres pays même européens (Espagne) et ailleurs où l'approvisionnement du marché et de la population en produits de base n'est plus convenablement assuré. Evoquant les mesures prises par le gouvernement pour faire face à cette situation difficile, M. Benkirane a rappelé qu'il a décidé d'augmenter les prix des hydrocarbures dans le but de maintenir le déficit budgétaire à 5 pc, comme prévu dans la loi de finances 2012, mesure, devant permettre une économie de 5,7 milliards de dirhams. Il a été décidé aussi d'activer le recouvrement des impôts impayés, ce qui va se traduire par la récupération de 2,8 milliards de dirhams, a-t-il ajouté. Il a en outre décidé de faire des économies à travers la rationalisation des dépenses de fonctionnement et de conditionner les transferts des établissements publics par leurs capacités de caisse et le rythme de réalisation de leurs projets, ce qui devra permettre une économie de 10 milliards de dirhams, a-t-il estimé. Il est revenu aussi sur les réformes structurelles, prévues dont celle de la Caisse de compensation, la réforme fiscale et la réforme de la loi organique de la loi de finances pour promouvoir la bonne gouvernance, la gestion basée sur les résultats et la programmation des investissements selon la capacité de réalisation. Il a été en outre prévu dans le cadre de la loi de finances de recourir au marché financier international pour lever environ 1 milliard de dollars et l'étude de la possibilité de couvrir les risques de la hausse des prix des carburants afin d'en limiter l'impact sur le déficit budgétaire, a-t-il rappelé. Les mesures prises visent aussi à améliorer les exportations marocaines à travers le lancement d'un modèle de développement qui place l'industrialisation du pays parmi les priorités de la politique économique par le biais de la promotion de l'investissement industriel et le développement de nouveaux secteurs industriels à forte valeur ajoutée en termes d'exportation. D'autres mesures ont été prises aussi pour limiter la hausse des importations en instaurant des clauses dans les cahiers de charges lors des appels d'offres limitant l'utilisation de ces produits dans les nouveaux projets d'investissement. M. Benkirane s'est également prononcé pour l'application du programme de l'efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables pour renforcer la sécurité énergétique nationale.