Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a affirmé, mardi, que l'augmentation des prix des hydrocarbures est une décision prise par le gouvernement dans le but de préserver notamment les équilibres du budget de l'Etat et de remédier à l'aggravation des déficits. S'adressant à des journalistes, M. Benkirane a indiqué que cette mesure a été dictée par le souci de remédier notamment à l'aggravation de la situation de la Caisse de compensation, du déficit budgétaire et du déficit du compte courant. Ce choix a été nécessaire pour éviter que le pays ne bascule vers la mise en œuvre d'un nouveau plan d'ajustement structurel, qui lui serait imposé par ses bailleurs de fonds internationaux, a-t-il expliqué. Pour ce qui est du cas de la Caisse de compensation, qui devra faire l'objet d'une réforme de fond au plus tard l'an prochain, deux scénarii ont été examinés par le gouvernement. Sur les 32,5 milliards de Dirhams, consacrés à la Caisse, 26 milliards, soit 80 pc, ont été déjà dépensés, a-t-il fait savoir, précisant que les 20 pc restants ne vont suffire que pour la couverture de la période allant jusqu'à la mi-juillet. Si le gouvernement n'agit pas, la situation va donc s'aggraver pour la Caisse de compensation, mais également pour d'autres secteurs et en particulier ceux concernés par la dialogue social, auquel le gouvernement a consacré quelque 13 milliards de dirhams, selon M. Benkirane. C'est pourquoi, il a été décidé de procéder à cette augmentation des hydrocarbures, qui ne devra avoir, en définitive, que des répercussions limitées sur le pouvoir d'achat des citoyens, a noté le chef du gouvernement, selon lequel la réforme de fond de la caisse de compensation à mener a pour objectif majeur de faire bénéficier directement quelque 3,5 millions de ménages des subventions du budget de l'Etat. Il a fait état à cette occasion d'une série d'obstacles devant entraver la concrétisation de ce projet dont le manque de documents d'identification (CIN) et le faible taux de bancarisation, précisant que le gouvernement est décidé à surmonter toutes ces difficultés pour permettre de remettre directement aux citoyens dans le besoin les subventions de la Caisse de compensation. Evoquant la situation financière du pays, le chef du gouvernement a indiqué que le déficit budgétaire est passé au cours des derniers mois de 4,8 pc initialement prévu à 6,1 pc, que les réserves du pays en devises fortes ne suffisent plus qu'à couvrir l'équivalent de 4 mois d'importation et que le déficit du compte courant a atteint 7,9 pc. Abordant par ailleurs le calendrier des échéances électorales en vue, M. Benkirane a estimé qu'il est désormais difficile pour le gouvernement de respecter l'engagement de les organiser cette année, rappelant que l'arsenal juridique nécessaire porte sur l'élaboration et l'adoption de pas mois de 30 projets de loi. Il est objectivement difficile d'organiser cette année ces élections, voire même l'année prochaine, étant donné que le chantier de la régionalisation avancée en cours au Maroc requiert l'approfondissement du débat aux niveaux national et régional avec la participation des partis politiques et l'adoption d'une série de lois. Pour la réussite de ce chantier, il est en effet impératif pour le pays de trancher la question d'établissement des listes électorales (faut-il établir de nouvelles listes ou se contenter de la révision des anciennes listes), de l'élection des représentants des salariés et des employeurs, et d'élaborer la loi des impôts et la loi sur la richesse des collectivités territoriales. Il est nécessaire aussi de procéder à un nouveau découpage administratif des collectivités locales, de définir le mode de scrutin des conseillers, d'arrêter leurs nombre et attributions et d'adopter la loi cadre relative aux collectivités territoriales.