Le chef de gouvernement a dit en termes très réalistes les enjeux de la restructuration de la Caisse de compensation hier à Rabat. Le chef de gouvernement a dit en termes très réalistes les enjeux de la restructuration de la Caisse de compensation hier à Rabat. Abdelilah Benkirane qui est intervenu au cours de débats organisés à la suite de la présentation par le Conseil de la concurrence de son étude sur les produits de grande consommation, a qualifié «le déficit de cette Caisse de danger par rapport au budget de l'Etat». Il a appelé à une estimation définitive des ressources allouées au soutien des produits de base afin «d'éviter leur progression croissante». Il a rappelé qu'alors que 32,5 millions DH ont été inscrits dans les comptes de l'Etat au titre d'appui à la consommation de base, le déficit actuel de la Caisse se monte à plus de 50 milliards DH et menace de s'aggraver à terme. Sachant que le soutien des prix exige un effort mensuel de 6 milliards DH, la logique de l'aggravation dépasse l'entendement, a-t-il laissé entendre. Il a, en outre, précisé que l'action du gouvernement dans ce domaine ne vise pas seulement à soutenir les consommateurs les plus défavorisés, mais encore à les encourager, laissant ainsi entrevoir la possibilité d'aides publiques directes en faveur de ces couches. L'étude menée par le Conseil de la concurrence sur la farine, le sucre et les carburants, produits subventionnés à la consommation, prend en considération le poids croissant des dépenses de la Caisse de compensation sur les finances de l'Etat et établit que pour ces trois produits au moins, elle profite plus aux couches aisées qu'à celles défavorisées. Elle fait ressortir que cette situation est plus marquée en ce qui concerne les carburants où non seulement le consommateur individuel, mais également l'industrie et les grands services, accaparent plus des 2/3 des produits. Le Conseil propose deux scenarii pour trouver solution au problème. Abdelali Benamour, président du Conseil, qui a précisé que cette étude qui a été présentée aux bureaux du chef de gouvernement en début de semaine dernière devrait induire des économies allant de 25 à 30 milliards DH au budget de l'Etat. Les exposés détaillant le projet et qui ont été faits par ses collaborateurs retiennent deux pistes de réflexion : une situation où après affinage des populations cibles, des transferts de revenus sont octroyés aux populations les plus défavorisées et, le cas où ces transferts sont accompagnés de modulations fiscales. Pour ce qui est de l'impact de ces hypothèses sur l'opérateur économique, les cadres du Conseil ont estimé que les gains en seraient de l'ordre de 13 milliards DH pour la filière de la farine et d'environ 7 pour ce qui est de celle du sucre. Pour les auteurs de l'étude, la refonte du système de compensation est d'autant plus nécessaire qu'il sera de plus en plus difficile de faire face aux dépenses d'une Caisse qui ont fini par égaler le budget «investissement» en se montant à quelque 50 milliards DH. En amont de ces propositions, l'étude a invité à un ciblage plus affiné des populations cibles, tant il est vrai que la compensation ne profite que faiblement aux consommateurs à revenu limité et grandement à ceux qui n'en ont pas besoin. Ils ont cependant appelé à affiner les propositions faites de manière à juguler le spectre de l'inflation induite.