La visite au Maroc d'une délégation officielle libyenne de haut niveau, conduite par le premier ministre Abderrahim Al Kaib, a poussé un certain nombre d'analystes et de diplomates à augurer d'une nouvelle page dans les relations entre les deux pays, tout particulièrement au niveau économique et commercial. Il faudra dire que le Royaume s'est distingué par ses positions politiques, pratiques et claires à l'égard de la Révolution libyenne, par son franc soutien et appui. De même, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération n'a pas hésité, à l'époque, à se rendre en visite en Libye pour rencontrer des responsables du Conseil national transitoire. Ensuite, le Maroc n'a pas non plus hésité à recevoir les blessés de la Révolution dans les hôpitaux du pays. Et, depuis la stabilité du nouveau pouvoir politique libyen, un rapprochement politique entre Rabat et Tripoli est perceptible et, aujourd'hui, il est question de rechercher les moyens susceptibles de faire avancer ce rapprochement et de l'intensifier au niveau de la coopération économique et des investissements. Ce climat positif qui s'est installé dans les rapports entre les deux pays est fondateur, aujourd'hui, de la volonté de Rabat et Tripoli de consolider leur coopération économique bilatérale, de faciliter le déplacement des personnes, des marchandises, des capitaux et des investissements, en conformité avec les intérêts des deux peuples et l'avenir de la région maghrébine. Tout cela a permis des pourparlers sérieux à Rabat desquels les observateurs s'attendent à des résultats prometteurs. La Libye est présente au Maroc, au niveau économique et celui des investissements, dans divers secteurs qui vont de l'immobilier au tourisme et à l'hôtellerie, en passant par la distribution des hydrocarbures et de l'énergie. La délégation libyenne aurait œuvré, naturellement, lors des discussions avec les responsables marocains, à préciser l'identité judiciaire actuelle de ces investissements et leur situation, en plus à élaborer un système de gestion et de mesures pour les développer, les renforcer et les diversifier. La réunion de Rabat aurait également été l'occasion d'explorer les opportunités de l'action économique commune, notamment en ce qui concerne l'industrie des phosphates et ses dérivés, les industries alimentaires, la pêche maritime, l'accès des exportations marocaines au marché libyen, la contribution des entreprises marocaines aux chantiers de reconstruction de la Libye, etc. D'autre part, de nombreux marocains s'attendent à une issue pour le règlement de la question du retour des travailleurs marocains qui avaient fui la guerre, de sorte à ce qu'ils retrouvent leurs droits dans la nouvelle Libye et que les familles puissent se rassembler, à côté de nécessaires solutions à d'autres questions liées au visa et au transport entre les deux pays. Les positions de principe et sages, exprimées par le Maroc lors de la Révolution libyenne, et les rapports de rapprochement entre Marocains et Libyens sont de nature, aujourd'hui, à encourager la mise en place des fondements d'une étape nouvelle entre les deux pays, basées sur le respect mutuel, la non ingérence dans les affaires intérieures et la coopération pleine dans les volets sécuritaire, politique et stratégique, ainsi que dans les domaines économique, commercial et du développement, de sorte à investir toutes les potentialités de chaque pays et ses points de force au service de l'intérêt commun. D'autant plus qu'une nouvelle dynamique aux projets libyens dans le Maroc (tourisme, hôtellerie, hydrocarbures, énergie et immobilier) et la mise en place de projets économiques communs sont de nature à contribuer à insuffler aux relations économiques entre les deux pays un nouveau souffle qui ouvrira la voie au renforcement de ces investissements. De même, la position géographique et stratégique du Royaume, sa stabilité sécuritaire et politique, les stimulants du climat d'affaires et le bilan de ses relations internationales sont autant d'éléments qui puissent servir les ambitions de la nouvelle Libye et ses besoins en matière d'ouverture et d'intégration des marchés régionaux et internationaux ainsi qu'avec la communauté internationale. Sans aucun doute, les nouvelles autorités libyennes sont conscientes de ces donnes. La composition de la délégation libyenne arrivée dans notre pays et sa présidence, à elles seules, suffisent pour preuve. Ce qui pousse à un grand optimisme pour l'avenir de la relation entre Rabat et Tripoli.