Le Premier ministre libyen Abdelrahim al-Kib a entamé mardi une visite de deux jours au Maroc, destinée à jeter de nouvelles bases et ouvrir une nouvelle page dans les relations entre les deux pays, au lendemain des changements intervenus dans la région. Pour Rabat, cette visite sera l'occasion d'approfondir le dialogue politique entre les deux parties et rechercher les moyens les plus appropriés pour renforcer le partenariat économique. Les entretiens que le Premier ministre libyen, aura notamment avec le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, devront en effet porter sur le dossier du Sahara marocain ainsi que sur nombre de questions régionales et internationales d'intérêt commun (Maghreb, Sahel), destinés à lancer les relations entre les deux pays sur une nouvelle base. Au cours de cette visite, la première du genre programmée au Maroc par le Conseil national de Transition (CNT) libyen, le Premier ministre libyen sera accompagné d'une importante délégation comprenant pas moins de dix ministres dont ceux de l'Economie, de l'Education nationale, de la Justice, de l'Enseignement supérieur, de l'Agriculture et du Travail outre le chef d'Etat-major des forces libyennes. Les membres de la délégation libyenne auront évidemment des entretiens avec leurs homologues marocains, notamment sur la situation de la communauté marocaine établie en Libye, dont les effectifs sont estimés à plus de 100.000 personnes avant la révolution libyenne ayant mis fin à la dictature du colonel Moammar Kedhafi. L'arrivée au Maroc du Premier ministre libyen à la tête de cette forte délégation témoigne de la place qu'occupe désormais le Royaume dans l'agenda du nouveau gouvernement libyen, que le Maroc a fortement soutenu et soutient. Le Maroc, rappelle-t-on, avait été l'un des premiers pays à reconnaitre le CNT comme représentant unique et légitime du peuple libyen œuvrant pour la réalisation de ses aspirations à l'équité, à la justice, à la démocratie et à un Etat de Droit. M. Taieb Fassi Fihri, alors ministre des affaires étrangères et de la coopération, avait été le premier responsable arabe à se rendre fin août 2011 à Benghazi, fief du mouvement insurrectionnel dans l'Est libyen. Le soutien du Maroc à la révolution libyenne a été fortement apprécié par le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, selon lequel “le rôle prépondérant et l'appui du Royaume du Maroc à la révolution libyenne étaient sans équivoque depuis la première semaine de la constitution du conseil national de transition". Au lendemain de la chute de la dictature du colonel Kedhafi, le CNT s'était engagé à ne pas oublier le soutien appréciable de tous les pays amis dont le Maroc. Au delà donc des relations diplomatiques et politiques qui semblent être reparties sur une nouvelle base, les deux pays se doivent d'œuvrer notamment pour mettre à niveau leurs relations économiques et commerciales et pourquoi pas parvenir à établir un nouveau partenariat plus serré entre eux. C'est d'ailleurs dans ce cadre qu'il convient de placer la campagne de prospection organisée du 13 au 20 décembre 2011 par Maroc Export à Tripoli et Benghazi, les deux plus grandes villes en Libye, où les opérateurs marocains cherchaient des opportunités de partenariat dans certains secteurs cibles (bâtiment, agroalimentaire, nouvelles technologies de l'information, matériel électrique). Des missions d'hommes d'affaires libyens ont été ensuite organisées au Maroc durant lesquelles des rencontres avec les représentants d'autres secteurs intéressés par le marché libyen ont eu lieu (textile, habillement, IMME, pharmacie, pêche, agro-industrie). La visite du Premier ministre libyen au Maroc offrira également aux deux parties l'opportunité de débattre de tous les dossiers concernant les intérêts de la nouvelle Libye au Maroc et dans la région dont les avoirs libyens investis dans le Royaume du temps du dictateur Kedhafi.