La situation économique et sociale au Maroc est « sous contrôle et ne suscite aucune inquiétude», à l'issue même de l'ouverture d'une ligne de crédit de 6,2 milliards de dollars par le FMI, a affirmé mercredi le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane devant la chambre des Conseillers. Après sa sortie plus fort que jamais de la turbulence du printemps arabe et en dépit de ses ressources limitées, le Maroc fait face aux effets de la crise qui secoue surtout les économies de ses principaux partenaires, a dit le chef du gouvernement, qui a démenti à cette occasion les déclarations faisant état de la décision du gouvernement d'annuler la gratuité de l'enseignement universitaire au Maroc. «Seules les déclarations d'Abdellah Benkirane doivent être prises en compte» dans ce domaine, a-t-il dit. Il a par ailleurs souligné que l'ouverture par le Fonds monétaire international d'une ligne de crédit de 6,2 milliards de dollars à laquelle le gouvernement peut recourir en cas de besoin est prévue dans son programme et ne constitue pas une mesure supplémentaire visant l'aggravation de l'endettement du pays et partant sa soumission à un plan d'ajustement structurel, comme il avait déjà fait l'expérience. Assainir le secteur des sports Il a par ailleurs appelé à l'assainissement du secteur des sports au Maroc dans le but de permettre au pays de renouer avec les victoires et de faire oublier les résultats décevants des sportifs marocains sur la scène internationale et en particulier lors des jeux olympiques de Londres. Dressant le bilan des réalisations accomplis par le Maroc dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), axe choisi pour cette deuxième séance mensuelle devant la Chambre des Coseillers, M. Benkirane a indiqué que suivant le seuil d'un dollar par jour et par personne établi par les Nations unies, le taux de pauvreté au Maroc est passé de 3,5 pc en 1990 à 0,6 pc en 2008, grâce aux efforts déployés dans le pays. Il a ajouté que sur la base de deux dollars par jour et par personne, la pauvreté a également reculé passant de 30,4 pc en 1990 à 8.1 pc en 2008, alors que l'Objectif du millénaire a été fixé à 15,2 pc à l'horizon 2015. Pour ce qui est du taux de précarité, les progrès réalisés sont encore insuffisants, a dit M. Benkirane, selon lequel le taux de la précarité a été réduit à 15.9 pc en 2008 contre 22.8 pc en 2001, alors que l'objectif escompté pour 2015 est fixé à 12 pc. Les lois de la physique Au-delà de ces statistiques, somme toutes justes, mais qui ne reflètent guère la réalité, a-t-il fait savoir, un grand nombre de citoyens vivent toujours sous le seuil de la pauvreté dans le dénuement et la précarité, en particulier dans les quartiers périphériques et les taudis et ce dans toutes les régions du pays. Rien n'a changé pour ces catégories sociales, qui semblent n'avoir pas bénéficié des fruits de l'effort consenti dans ce domaine, a-t-il affirmé. C'est pourquoi, il est impératif de poursuivre l'action pour les extraire de leur situation difficile et en particulier les veuves et les démunis, a-t-il ajouté, notant que le gouvernement estime qu'il est temps de procéder à la refonte de la caisse de compensation, voire à son démantèlement, pour en réserver les fonds aux couches qui méritent aide et assistance, a-t-il martelé, soulignant qu'il y a des déséquilibres qui scandalisent. Il y a des gens qui se paient des voitures automobiles à 5 milliards de dirhams et d'autres qui ne trouvent pas de quoi préparer de la Harira, a-t-il dit, notant que tout ce qui est déséquilibré risque de tomber un jour, selon les lois de la physique, a-t-il ajouté. Un effort de suivi des projets programmés dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et la précarité s'impose pour que le Maroc soit au rendez-vous en 2015 , a-t-il dit, appelant à préparer le terrain requis pour promouvoir l'investissement, réaliser les chantiers ouverts dans le cadre du plan Maroc Vert et mettre en œuvre les projets de la deuxième phase de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH), dont les résultats sont satisfaisants. Evoquant le bilan des objectifs du millénaire en matière d'éducation nationale, M. Benkirane a rappelé que le gouvernement a convenu de redoubler d'effort pour consolider les acquis dans le secteur de l'éducation et améliorer la qualité de l'enseignement préscolaire, primaire et secondaire. Selon lui, le taux de scolarisation au niveau primaire a enregistré une nette amélioration entre 2007-2008 et 2011-2012, passant de 91.4 pc à 97.9 pc et que le taux d'échec a baissé de 12.7 pc en 2007-2008 à 8.2 pc en 2011-2012. Au cours de cette période, il a été procédé à la création de nouveaux établissements scolaires et au renforcement du soutien aux élèves et à leurs familles dans le cadre du programme d'appui financier direct Tayssir et à l'augmentation du nombre de bénéficiaires de l'initiative royale «Un million de cartables», regrettant toutefois que le taux des déperditions scolaires reste trop élevé. Le gouvernement, a-t-il dit, planche actuellement sur l'élaboration d'un plan stratégique pour la période 2015-2016 en vue de présenter une offre scolaire prenant en compte les principes d'équité et d'égalité des chances, l'amélioration de la qualité de l'enseignement et de la gouvernance du système éducatif, outre la bonne gestion des ressources humaines. En matière de lutte contre l'analphabétisme, le chef du gouvernement a noté que la réalisation d'un taux de 100 pc quant à la maitrise de la lecture et l'écriture parmi les jeunes de 16 à 24 ans reste un réel défi, rappelant qu'en dépit de l'amélioration de cet indicateur qui est passé de 58 pc à 79,5 pc entre 1994 et 2009, cet objectif reste tributaire de l'amélioration des programmes de l'éducation non formelle et de lutte contre l'abandon scolaire, dont le taux est toujours inquiétant. le gouvernement oeuvrera de même pour la mise en place rapide de l'Agence nationale de lutte contre l'analphabétisme, a noté le chef du gouvernement. Egalité Il a en outre fait savoir que d'importants progrès ont été réalisés en matière de promotion de l'égalité des sexes et d'autonomisation des femmes, à la lumière des acquis juridiques et institutionnels accomplis par le Maroc, qui reste décidé à aller de l'avant pour la mise en œuvre des dispositions de la nouvelle Constitution dans ce domaine et répondre aux attentes concernant notamment l'emploi, l'accès aux postes politiques et l'égalité des salaires des femmes. Il a réaffirmé dans ce cadre la détermination du gouvernement de promouvoir davantage les libertés et les droits de la femme en termes de citoyenneté responsable, de qualification politique et de participation dans la vie politique, appelant les partis politiques et les syndicats à donner aux femmes plus de chances et d'opportunités pour accéder aux postes de responsabilité. Le gouvernement s'est fixé pour objectifs dans son plan d'action la protection de la famille et des familles en situation difficile, la prise en charge des femmes démunies, et la dynamisation du fonds de solidarité familiale, a-t-il rappelé. Il a, à cette occasion, appelé à intensifier la lutte contre la violence faite aux femmes à travers notamment la mobilisation de tous les départements concernés, la sensibilisation et l'éducation des populations en puisant notamment les valeurs nécessaires dans le culture marocaine et la religion musulmane, a-t-il expliqué. De nombreux autres points noirs sont encore à combler en matière d'emploi, d'accès aux postes de responsabilité et d'égalité entre hommes et femmes, a-t-il ajouté. Il s'est en outre arrêté sur l'Objectif du millénaire concernant la réduction de la mortalité infantile et de la l'amélioration de la santé de la mère, précisant que le Maroc s'est engagé à réduire de deux tiers (2/3) la mortalité des enfants de moins de 5 ans à l'horizon 2015 et de trois quarts (3/4) la mortalité des mères. Il a fait savoir à ce propos que l'amélioration des conditions de vie de la population et l'intensification des différents programmes de prévention et de lutte contre les maladies ont permis de faire baisser la mortalité des enfants de moins de cinq ans de 64 pc passant de 84 décès pour 1000 en 1992 à 30 décès pour 1000 naissances vivantes en 2011. Le décès des enfants de moins d'un an est passé aussi de 57 décès pour 1000 durant la période 1987-1991 à 40 décès pour 1000 en 2003 puis à 28,8 décès pour 1000 en 2011, a dit le chef du gouvernement, qui a rendu hommage à cette occasion aux efforts du département de tutelle. Grâce aux efforts consentis depuis des années par le ministère de la Sante, le Maroc a réussi aussi à stopper la propagation du virus du SIDA, qui ne dépasse pas 0,11 pc (2010) et à lutter avec succès contre d'autres malaadies dot la malaria. Les cas des malades du SIDA déclarés sont au nombre de 6453 cas fin 2011, alors que le nombre des individus vivant avec le VIH et dont 80 pc d'entre eux ignorent leur statut est estimé à 29.000, a-t-il affirmé. La tuberculose constitue toujours un véritable problème de santé au Maroc, a-t-il dit, notant que 25.530 nouveaux cas ont été déclarés en 2009. Malgré ces résultats positifs, plusieurs obstacles entravent toujours l'effort du gouvernement pour faire bénéficier des services de santé les couches vulnérables, a-t-il déploré, rappelant que le gouvernement s'est engagé à mettre en place un système de veille de santé efficace pour combattre les épidémies, les maladies courantes et les maladies chroniques. En un mot, le gouvernement œuvre pour consolider les acquis du secteur à travers notamment la mise en œuvre de l'AMO et du RAMED au profit de toutes les couches sociales, sans distinction aucune. Le chef du gouvernement a souligné par ailleurs la nécessité pour le Maroc de prendre au sérieux le besoin pour lui et le reste de la planète de contribuer à la sauvegarde de l'environnement pour le bien des générations futures et de la communauté internationale dans son ensemble. Dans ce cadre, il est impératif pour les pouvoirs publics mais également pour les habitants de contribuer à la sauvegarde de la biodiversité au Maroc et d'œuvrer pour assurer à tous les habitants l'accès à l'eau de boisson et aux services de l'assainissement liquide, selon M. Benkirane, rappelant que l'effort déployé dans ce cadre a permis de faire passer le taux d'accès à l'eau potable dans les zones rurales de 14 pc en 1994 à 91 pc à fin 2010. Font également partie de ce programme la protection des zones forestières et la réduction de la facture énergétique, a-t-il ajouté, soulignant que la stratégie nationale poursuivie dans ce cadre vise le développement des énergies renouvelables pour réduire la dépendance du Maroc des énergies classiques. Il a par ailleurs rappelé que le Maroc joue pleinement son rôle international en nouant une série de partenariats dédiés au développement de tous les pays. Dans ce cadre, le Royaume a initié diverse mesures en faveur des pays africains, surtout les pays les moins avancés pour faciliter l'accès de leurs produits au marché marocain et à annuler leurs dettes envers le Royaume, a-t-il relevé. Il est à noter que les OMD devant être réalisés à l'horizon 2015 ont été adoptés lors de la conférence des Nations Unies, réunie en septembre 2000 à New York. Au nombre de huit, ces objectifs sont proclamés à travers la Déclaration du Millénaire des Nations Unies adoptée par 191 pays dont 147 étaient représentés par leur chef d'Etat ou gouvernement dont SM le Roi Mohammed VI. Ces OMD visent la Réduction de l'extrême pauvreté et de la faim, l'Education primaire pour tous, la Promotion de l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, la Réduction de la mortalité infantile, l'Amélioration de la santé maternelle, la Lutte contre le VIH/Sida, le paludisme et d'autres maladies dont la tuberculose, et la Préservation d'un environnement durable ainsi que la Mise en place d'un partenariat mondial pour le développement.