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Publié dans L'observateur du Maroc le 24 - 09 - 2010

La pauvreté extrême est passée de 3,5% de la population en 1990 à 0,6% en 2008, alors que l'objectif était d'arriver à 1,8% en 2015. Les indices pour l'éducation, l'égalité des sexes, la mortalité infantile et celle des mères, sont tous en amélioration, dépassant même les objectifs annoncés. Nous sommes donc face à une réussite éclatante et non pas face à un quelconque échec. Il est bien entendu compréhensible que les Marocains soient plus ambitieux encore pour leur pays et qu'ils réclament l'éradication de tout signe de précarité. La stratégie du Maroc, source d'une vision Royale claire, s'appuie en grande partie sur l'Initiative nationale de développement humain lancée en 2005. Les résultats obtenus malgré les difficultés attestent que la demande est la bonne. L'idée d'associer la société civile par un souci participatif a donné ses fruits. Les politiques sectorielles ont toutes en vue la dimension sociale et l'accès aux infrastructures de base (routes, hôpitaux, écoles, eau, électricité) est au centre de préoccupations. C'est grâce à cette vision globale que le Maroc s'inscrit parmi les pays ayant le mieux tenu les engagements sur les Objectifs du millénaire. Il est évident que cette démarche est perfectible. L'un des champs de réflexion actuelle est la Caisse de compensation. Elle a englouti ces trois dernières années près de 72 Mds de DH, or tout le monde s'accorde à dire qu'elle ne profite que faiblement aux plus démunis dont l'accès à la consommation est limité par nature. Or la caisse intervient à ce niveau. L'idée de ciblage, d'aides directes conditionnées à la scolarisation des enfants et leur suivi médical fait son chemin. La sensibilité de la question est grande, les prix des denrées de base constituant un ferment de la tension sociale. Mais un large consensus pourrait permettre la réaffectation des fonds en faveur de la lutte contre la précarité. C'est un vrai challenge pour la classe politique marocaine si elle veut se mettre au diapason de l'engagement Royal en faveur du développement humain.
«La conscience humaine peut-elle s'accommoder de voir qu'un milliard de personnes continuent d'endurer les affres de la faim ?»
HAKIM ARIF
L'intervention du Roi Mohammed VI devant la 65e session de l'Assemblée générale des Nations Unis était un moment de questionnement franc et sans concession. Le Roi a appelé tout d'abord à «procéder à une évaluation objective des progrès réalisés et identifier les obstacles à surmonter en vue de définir les stratégies nécessaires pour accélérer la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement à l'horizon 2015.» Le Maroc, qui a lancé dès 2005 l'Initiative nationale pour le développement humain, est très bien placé pour savoir en profondeur les tenants et les aboutissants d'un tel projet humain. Son enseignement peut être mis au bénéfice de tous les pays qui voudraient s'engager sur cette voie. «Nous avons adopté, pour son élaboration, une démarche concertée et inclusive, fondée sur la participation démocratique et la gouvernance de proximité. Elle s'appuie sur l'appropriation par les acteurs concernés des projets retenus par l'Initiative pour faire face aux déficits sociaux». Il s'agissait non pas d'imposer des projets centralisés, mais plutôt de répondre à des demandes issues de consultations générales. Le résultat est reconnu aujourd'hui comme une réussite par les instances internationales qui suivent l'évolution du développement humain à travers le monde. Le Roi le souligne dans son discours : «Grâce à cette Initiative audacieuse, avec les réformes profondes, les plans sectoriels et les chantiers structurants qui l'accompagnent, le Maroc a réalisé des avancées significatives dans la concrétisation des OMD, surtout pour ce qui concerne la lutte contre la pauvreté, la précarité et la marginalisation, ainsi que l'amélioration des conditions de vie en milieux urbain et rural, notamment à travers la généralisation de l'accès à l'électricité et à l'eau potable». Le succès de l'INDH est dû à un suivi permanent et régulier de tous les projets et c'est dans ce sens qu'il faut comprendre les nombreux déplacements du Roi à travers toutes les communes marocaines. Il n'était pas question de dévier les projets de leur destination finale. Comme il n'était pas non plus question d'en faire un enjeu politique. Le Roi a rappelé également la mise en place des régimes d'assurance-maladie obligatoire (AMO) et d'assurance médicale pour les personnes démunies. Cette mesure qui exige un engagement financier très conséquent a permis à des millions de Marocains d'accéder aux services de santé, améliorant ainsi leur niveau de vie de manière remarquable. Le Roi a également souligné les avancées réalisées dans tous les autres domaines sociaux: «Avec une volonté politique affirmée, le Royaume a réalisé des progrès remarquables en matière de parité et d'équité entre les genres et dans les domaines de la famille, de la santé, de l'enseignement et de l'emploi, ainsi que pour ce qui concerne le renforcement de la représentation politique de la femme et de sa participation effective et agissante à la vie publique». C'est ainsi que le Maroc a pu généraliser l'enseignement primaire et assurer la scolarisation de 93% des enfants de 6 à 11 ans. «Par ailleurs, nous avons mis en place, à partir de 2008, un plan d'urgence visant à accélérer la mise en œuvre de la réforme du système d'éducation et de formation» a souligné le Roi. Le Maroc a lancé et achevé plusieurs projets sans pour autant négliger la dimension environnementale. «Eu égard à l'intérêt que nous portons à la dimension écologique du processus de développement, nous avons réalisé des avancées appréciables en matière de préservation de l'environnement et de lutte contre les changements climatiques», a souligné le Souverain. Le plan-pilote d'énergie solaire et le projet intégré d'énergie éolienne témoignent du souci d'un développement durable. Grâce à ces projets, le Maroc «pourra, à l'horizon 2020, satisfaire 42% de ses besoins énergétiques, à partir des sources d'énergie renouvelables et propres», a précisé Mohammed VI. Si les objectifs du millénaire peuvent être atteints dans certains pays, il n'en est pas de même pour d'autres. Le Roi l'a déploré devant l'assemblée. «La conscience humaine peut-elle s'accommoder de voir qu'un milliard de personnes continuent d'endurer les affres de la faim et que, chaque année, des millions d'enfants périssent de malnutrition ou à cause de maladies et d'épidémies dont le traitement est disponible et, de surcroît, peu coûteux?» Pour Mohammed VI, la réponse est évidemment négative. «Nous refusons cette réalité triste et amère, tant elle heurte les desseins sublimes des religions révélées. Elle s'inscrit également en rupture avec l'essence même des systèmes démocratiques, avec l'esprit des traités internationaux et avec les nobles idéaux de fraternité, de solidarité et d'équité». Le danger est en effet grand de laisser une grande partie de la population mondiale dans la misère. D'autant plus qu'elle est «instrumentalisée pour attiser rancœurs et extrémismes». Le Maroc, qui doit lui-même faire face aux exigences du développement humain et avec les moyens dont il dispose, s'engage pourtant dans des actions solidaires très importantes au bénéfice de pays en difficultés, notamment en Afrique. Ainsi, le pays a «inscrit le développement humain et la réalisation des Objectifs du millénaire au cœur d'une politique de coopération Sud-Sud, aussi concrète que novatrice, surtout en direction des pays africains frères». Néanmoins, le Roi ne pouvait se satisfaire des résultats des OMD à l'échelle mondiale. Pour qu'ils soient atteints, il est nécessaire d'arriver à un «engagement politique ferme de la part de tous les Etats, ainsi qu'un partenariat mondial consistant, assorti d'un calendrier précis de mise en œuvre». Il faut aussi penser au-delà de 2015 afin d'assurer «la pérennité de nos actions actuelles et de mieux nous préparer à relever les nouveaux défis à venir», prône le Souverain.
«Nous devons donc œuvrer ensemble pour la consolidation d'un modèle harmonieux et solidaire de développement humain et durable, et ce, dans le cadre d'une gouvernance mondiale aussi équitable qu'efficiente. Il nous appartient aussi d'assurer, au profit des générations montantes, les conditions d'une vie digne et de construire un avenir commun où règnent sécurité et stabilité, progrès et prospérité», a conclu Mohammed VI.
Où en est le Maroc ?
OMD 1 Réduire l'extrême pauvreté et la faim
Mission accomplie. Ces deux objectifs ont été atteints avant le deadline fixé par l'ONU ! Ainsi, la pauvreté, mesurée à 1 $ US PPA par jour et par personne, a diminué de 3,5% en 1990 à 2,0% en 2001, puis à 0,6% en 2008, contre une valeur cible de 1,8% à l'horizon 2015. La proportion de la population n'atteignant pas le niveau minimal d'apport calorique a reculé de 4,6% en 1985 à 0,9% en 2008 pour un objectif de 2,3% à l'horizon 2015.
OMD 2 Assurer l'éducation primaire pour tous
Encore un effort. Le Maroc est en train de rattraper le retard qu'il avait sur ce registre. Le taux net de scolarisation des enfants de 6 à 11 ans a été estimé au niveau national, en 2008/09, à 90,5% contre 52,4% en 1990/91, pour un objectif de 100% en 2015. Le taux d'alphabétisation des jeunes de 15-24 ans est passé de 58% à 79,5% entre 1994 et 2009 pour un objectif de 100% en 2015. Cet objectif est réalisable à condition de renforcer la tendance.
OMD 3 Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes
La longue marche vers l'égalité. L'indice de parité entre les sexes a atteint, en 2008/2009, 89% au primaire, 80% au secondaire collégial, 97% au secondaire qualifiant et 90% au supérieur. Par rapport à l'année scolaire 1990/91, cet indice a enregistré un gain de 31 points dans le secondaire qualifiant et 34 points dans l'enseignement supérieur contre seulement 21 points au primaire et 11 au secondaire collégial. L'objectif est d'éliminer les disparités entre les sexes à tous les niveaux de l'enseignement en 2015. En matière d'emploi, beaucoup reste à faire, car la participation réelle de la femme demeure insuffisante. C'est ainsi qu'elle représente un actif sur quatre et un taux d'activité trois fois inférieur à celui des hommes (25,8% contre 75,3%). La nature de la participation des femmes est révélatrice de la précarité de l'emploi féminin. On note que chez les diplômés de niveaux moyen et supérieur, le chômage est plus intense parmi les femmes que parmi les hommes, soit respectivement une différence de 7 et 14 points.
OMD 4 Réduire la mortalité des enfants de moins de cinq ans
Une tache noire qui peine à se rétrécir Après avoir été très élevée en 1980 avec 143 décès avant cinq ans pour mille naissances, la mortalité infanto-juvénile au Maroc a diminué de moitié pour atteindre un taux de 76‰ vers la fin des années 80, puis 47‰ au cours de la période 1999-2003. Selon les résultats provisoires de l'Enquête nationale démographique (END) 2009/10, la mortalité infanto-juvénile ne serait plus que de 37,9‰ (juin 2008 -juin 2009). Cet objectif est réalisable mais l'accessibilité physique et financière aux soins et la qualité insuffisante des services de santé constituent aussi des contraintes non négligeables à cet égard. D'autant plus qu'elles sont associées à des déterminants de base qui ne relèvent pas du seul système de santé, mais qui sont de nature socio-économique, démographique et culturelle. A noter que l'OMD 4 est de 25%, soit réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans.
OMD 5 Améliorer la santé maternelle
Et si l'END avait raison ? L'Objectif fixé par l'ONU est de 83 décès par 100.000 naissances vivantes (NV). Le Maroc est (très) loin d'avoir atteint cet objectif. Cependant, les résultats provisoires du 1er passage de l'END 2009/10 semblent renverser une tendance lourde : le taux de mortalité maternelle ajusté se situerait à 132 décès pour 100.000 NV entre juin 2004 et juin 2009. Comparée aux estimations approximatives de 2003-2004 (227 décès maternels pour 100.000 naissances au cours de 1995-2003), la mortalité maternelle au Maroc aurait reculé de près de 42%. Ceci est plausible quand on sait que le gouvernement a mis en place un plan visant à accélérer la réduction de la mortalité maternelle et néonatale, en tant que composante prioritaire de la stratégie de santé 2008-2012. Des mesures urgentes ont été prises dont les plus importantes sont la gratuité des accouchements et des césariennes au niveau des maisons d'accouchement et des maternités hospitalières.
OMD 6 Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies
VIH-Sida. La prévention est de mise. Le nombre de personnes vivant avec le VIH a été estimé à près de 25.500 en 2009 et la prévalence du VIH dans la population à 0,11%. Selon les projections établies, cette prévalence restera très faible, autour de 0,12%, et relativement stable au cours des prochaines années. La prévalence du VIH chez les professionnelles du sexe montre des chiffres entre 2% à 3% relativement stables depuis l'année 2001. La présence d'une épidémie VIH concentrée parmi les professionnelles du sexe au niveau de la région de Sous Massa Draa est clairement établie avec des prévalences supérieures à 5% depuis plusieurs années. L'OMD 6 vise à stopper la propagation du VIH-SIDA et commencer à inverser la tendance à partir de 2015. Selon le HCP, cet objectif est réalisable.
Tuberculose, un ennemi public. La tuberculose demeure un problème de santé publique au Maroc. En 2009, environ 25.530 nouveaux cas ont été dénombrés, soit l'équivalent d'une incidence annuelle cumulée de 81 pour 100.000 habitants. Sept cas sur dix (70%) sont âgés de 15 à 45 ans, près de six sur dix (57%) sont de sexe masculin, généralement résidant dans des zones urbaines très peuplées. L'objectif est d'inverser la tendance.
Paludisme is back Le dernier foyer de transmission du paludisme a été neutralisé en 2002 et le dernier cas de paludisme autochtone a été dépisté en 2004. Du fait des déplacements de population, le paludisme importé a enregistré 56 nouveaux cas en2000, 83 en 2006 et 142 cas dépistés en 2008. Le Maroc en est conscient et reste vigilant en renforçant les acquis par des activités de surveillance et de lutte adéquates.
OMD 7 Assurer un environnement durable
L'eau potable (presque) pour tous. Le taux d'accès à l'eau potable en milieu rural est passé de 14% en 1995 à 90% en 2009. Au niveau national, le taux de branchement individuel est passé, au cours de la même période, de 81% à 96,2%, avec un taux d'accès à l'eau potable global de 100% en milieu urbain (y compris la desserte par bornes fontaines). L'objectif est de réduire de moitié la proportion de la population qui n'a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau de boisson salubre.
L'assainissement, un droit. Le Maroc se réjouit d'avoir réduit le pourcentage de la population qui n'a pas d'accès à des services d'assainissement de base. En milieu urbain, le taux de raccordement global au réseau d'assainissement a été estimé à 88,4% en 2009 contre 74,2% en 1994. L'objectif est de réduire de moitié la proportion de la population qui n'a pas accès de façon durable à un meilleur système d'assainissement.
Les autres cibles de l'OMD 7 concernent l'intégration des principes du développement durable dans les politiques et programmes nationaux et inverser la tendance actuelle à la déperdition des ressources naturelles, également cet objectif vise à réduire l'appauvrissement de la diversité biologique et en ramener le taux à un niveau sensiblement plus bas d'ici à 2010. Le processus de concertation en vue d'adopter La Charte nationale de l'environnement et du développement durable constitue un pas pour atteindre ces objectifs. D'autre part, l'OMD 7 cible l'amélioration sensiblement, d'ici à 2020, les conditions de vie de 100 millions d'habitants des taudis. Au royaume, cette cible trouve sa traduction dans le programme de Ville sans bidonvilles.
OMD 8 Mettre en place un partenariat mondial pour le développement
L'OMD 8 concerne la façon dont les pays développés peuvent aider les pays en développement à réaliser les sept autres objectifs en augmentant l'aide au développement, en améliorant l'accès aux marchés et en allégeant la dette. La conférence internationale sur le financement du développement tenue à Monterry au Mexique en 2002, a incité les principaux pays donateurs à prendre des engagements pour commencer à inverser la baisse de l'aide publique au développement et à mettre davantage l'accent sur la réduction de la pauvreté, l'éducation et la santé pour aider les pays à réaliser les objectifs du millénaire pour le développement.
«D'importants efforts restent à accomplir pour surmonter les déficits».
Nouzha Skalli, Ministre du développement social, de la famille et de la solidarité
Entretien réalisé par S. L.
L'Observateur du Maroc. Le bilan marocain en matière de réalisation des OMD est plus qu'honorable, reste que comme la majorité des pays du globe, le Royaume n'a pu atteindre les OMD (sauf OMD1) comme prévu en 2010. Pourquoi selon vous?
Nouzha Skalli. Le Maroc est pleinement engagé dans la réalisation des nobles objectifs que sont les OMD non seulement parce qu'il s'est solennellement engagé à cela devant la communauté internationale, mais aussi parce que ces objectifs font partie de l'agenda national du pays. Pour impulser le développement humain, Sa Majesté le Roi, appuyé par son gouvernement, a lancé de grandes réformes sociétales. Le tout couronné par le projet national d'envergure : l'Initiative nationale de développement humain (INDH). Cette initiative institue la lutte contre la pauvreté comme une composante constante et prioritaire du développement économique et social du pays en ciblant les 403 communes rurales les plus pauvres et 267 quartiers défavorisés des villes.
Les obstacles à l'accélération des OMD sont liés en grande partie à deux facteurs largement identifiés que sont la crise économique et les effets des changements climatiques. Mais comme l'a souligné Sa Majesté le Roi, dans son allocution lors du sommet des OMD à New York, au sujet de la réalisation de ces objectifs.
Pensez-vous que d'ici 2015, le pays pourra atteindre les objectifs fixés?
Le Maroc a réalisé des progrès notables dans les domaines que couvrent les ODM. Il a confié leur suivi au Haut commissariat au plan (HCP) qui élabore un rapport périodique avec la contribution effective des acteurs nationaux au niveau central ou régional. Ainsi le dernier rapport 2009 du HCP nous permet d'être objectivement confiants dans la capacité du Maroc d'atteindre l'ensemble des OMD en 2015, certains étant déjà atteints. Et qu'on en juge par les réalisations chiffrées du Maroc que rappelle le rapport du HCP. Toutes ces avancées réalisées nous permettent d'être optimistes quant à la capacité du Maroc à tenir ses engagements pour 2015 en matière d'OMD.
Cependant, nous avons conscience que d'importants efforts restent à accomplir pour surmonter les déficits et les obstacles en matière de développement social et d'égalité. Mais notre volonté est ferme. Pour cela nous comptons bien entendu sur nos efforts propres et sur notre mobilisation sociale, mais nous comptons également sur un partenariat mondial efficace orienté vers les OMD visant un monde plus humain où règnent la justice, la paix et l'égalité, et où seront bannis les violences, la faim, la pauvreté, l'analphabétisme et l'exclusion.
Comment les nombreux acteurs (Fondation Mohammed V, votre département, l'INDH, etc.) coordonnent leurs actions pour éviter de se chevaucher sur le terrain du "social"?
La réussite des OMD est effectivement tributaire de la convergence des actions de tous les intervenants gouvernementaux vers la réalisation de ces objectifs. Elle est également liée à notre capacité de mobiliser tous les acteurs autour d'objectifs de développement, et particulièrement les associations de la société civile qui constituent un véritable gisement de compétences et de citoyenneté.
Pour ce qui est du social, la multiplicité des intervenants est incontournable, d'autant plus que les besoins sont immenses. L'INDH constitue déjà une action fédératrice qui responsabilise l'ensemble des intervenants au niveau local.
Notre ministère qui a la charge de coordonner les politiques sociales a pris plusieurs initiatives dans ce sens. On peut citer le cadre stratégique pour la réduction de la pauvreté que nous avons élaboré avec nos différents partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux, et avec l'appui du PNUD, ou encore le programme d'action de convergence territoriale autour de l'enfant (PACTE) ou encore, la «maison du handicap» destiné à fédérer et coordonner les différentes initiatives en faveur des personnes handicapées. Ceci dit, réussir une véritable intégration de l'ensemble des interventions sociales, y compris celles des particuliers et du secteur privé reste encore un défi à relever.
Développement humain
Lahlimi défend le bilan du Maroc
Pour le HCP, l'approche de la pauvreté adoptée par l'OPHI ne peut servir, en aucun cas, au classement des pays en développement avant qu'elle ne se fonde sur la même période de référence. Il s'agit d'un argument de taille. Lahlimi rappelle que les périodes de références prises en considération par les chercheurs d'Oxford vont de 2000 à 2008, ce qui rend, à ses yeux, infondé le classement des pays selon l'indice de pauvreté multidimensionnelle. A titre d'illustration, le classement établi compare le Maroc de 2004 à l'Egypte de 2008 et à la Jordanie de 2007. Ceci dit, tout l'effort fourni par le Maroc, entre 2004 et 2008, en matière de développement humain, économique et social, et aussi en matière de production de statistiques récentes, est ainsi omis pour la simple raison que la dernière enquête sur la démographie et la santé, réalisée au Maroc, remonte à 2004. Autre argument avancé par A.Lahlimi est celui de l'approche de la notion de pauvreté même. En ajoutant que l'insuffisance des variables et des données sur lesquelles se fonde le MPI, constituent à eux seuls de grandes carences qui fragilisent cet indice. A. Lahilmi estime que ces déficits conceptuels montrent l'incapacité de cette démarche à se substituer aux approches objectives des organismes internationaux. En clair, le MPI est largement en deçà de la pertinence de l'indice confectionné par le Haut Commissariat au Plan. Pour être plus concret, A. Lahlimi explique que l'indice MPI, mis au point par l'organisation OPHI et publié dans un rapport intitulé “Acute Multidimensional Poverty”, retient dans son calcul des dimensions ne couvrant pas toutes les priorités socio-économiques dont celles qui développent la capacité des individus à s'auto protéger eux-mêmes de la pauvreté. De fait, cet indice exclut, l'ensemble des indicateurs d'apport qui mesurent la capacité des populations à se prendre en charge. C'est le cas des facteurs de revenu tels que l'emploi, la couverture sociale ou encore l'accès au réseau routier et aux moyens de financement. Ce n'est pas tout. Sur le plan de la disponibilité des données, seuls 61 parmi les 104 pays disposent des données relatives aux 10 indicateurs utilisés. Pour le reste des pays, les indicateurs manquants ont été remplacés par les bornes, inférieure ou supérieure, des variables ou de leurs proxy, bref par des approximations à forte dose de subjectivité. Or, même si on applique l'approche d'Oxford aux données marocaines, les résultats vont dans le même sens que ceux calculés par l'approche du HCP. La méthode d'Oxford appliquée aux données des enquêtes marocaines montre que la pauvreté a diminué de 28,5% en 2004 à 11,1% en 2007. Selon l'approche multidimensionnelle du HCP, la pauvreté a baissé de 23,9% en 2001 à 12,1% en 2007. La baisse de la pauvreté est confirmée par les deux approches mais l'usage des données de 2004 au lieu de celles de 2007 ne reflète pas le niveau actuel de la pauvreté au Maroc.


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