Objectifs du millénaire Les différents représentants des pays arabes étaient présents le 12 juillet au Parlement pour discuter des achèvements et aspirations réalisés dans le cadre du rapport des objectifs du millénaire pour le développement… En voici quelques points Il ne fait aucun doute que les pays arabes ont enregistré de nombreux progrès significatifs en terme de développement humain (augmentation de l'espérance de vie, baisse des taux d'analphabétisme et de mortalité infantile et maternelle…). Néanmoins, les années 90 ont été marquées par un net ralentissement. Conscients de cette réalité, tous les pays arabes y compris le Maroc se sont accordés sur le fait que le développement humain est une aspiration fondamentale. Ainsi, ont-ils tous adopté la déclaration du millénaire qui comprend huit objectifs de développement. à atteindre conformément à un calendrier défini, reflétant les aspirations les plus élémentaires des peuples de la région pour une vie meilleure. Ainsi, pour la période 1999-2015, ces pays se sont engagés à réduire de moitié la pauvreté et la faim, à assurer l'éducation primaire pour tous, à promouvoir l'égalité des sexes, à réduire de deux tiers la mortalité des enfants de moins de cinq ans et de trois quarts la mortalité maternelle, à combattre le virus du Sida, le paludisme et la tuberculose, à assurer un environnement durable et à mettre en place un partenariat mondial pour le développement. Après dix ans, ces pays se sont réunis le 12 juillet courant au Parlement à Rabat pour dresser un rapport de l'évolution de la concrétisation de ces objectifs. Ce rapport a également permis de se rendre compte que certains pays accusent des lacunes dans la collecte des données relatives au développement sachant que de telles informations sont pourtant une base indispensable pour l'achèvement de ces objectifs… Pauvreté Pour le premier objectif qui est la réduction de l'extrême pauvreté et de la faim, il était difficile de déterminer la véritable étendue de la pauvreté. Mais les chiffres les plus récents (Rapport 2003 de la Banque mondiale) révèlent que la pauvreté touche environ 20 % de la population au Maroc, en Algérie et en Egypte, environ 10 % de la population en Tunisie et en Jordanie, 40 % au Yémen et 46 % en Mauritanie. Pis, au vu des tendances récentes, ces chiffres vont probablement augmenter dans un prochain avenir dans certains pays comme le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie et Djibouti où la proportion de la population qui lutte pour survivre a augmenté pendant la deuxième moitié de 1990. Au cours de la même période, la proportion de la population sous-alimentée ne s'est pas ou très peu réduite. Six pays ne sont pas sur la bonne voie, alors que quatre autres dont le Maroc ont enregistré un recul. En Mauritanie, au Soudan et au Yémen entre un et trois personnes sur dix souffrent de la faim et en Somalie on estime cette carence à plus de 7 personnes sur dix. Ainsi, pour lutter contre la pauvreté dans la région, le rapport de la Banque mondiale propose de donner la priorité à l'inclusion sociale et la mise en place de politiques favorables à la création d'emplois dans les régions rurales, sachant que dans la plupart des pays arabes, l'incidence de la pauvreté rurale dépasse celle des centres urbains. En ce qui concerne l'objectif de donner à tous les enfants, garçons et filles, partout dans le monde et d'ici 2015, les moyens d'achever un cycle complet d'études primaires, les progrès réalisés au cours des années 90 n'ont pas été suffisants pour que la région puisse atteindre la cible de l'éducation primaire pour tous. Sur les treize pays disposant d'information dans ce sens (voir graphe.), six (y compris le Maroc) seulement sont sur la bonne voie. Les taux d'inscription à l'école primaire dans la région sont relativement bas avec une moyenne proche de 80 %. Toutefois le rapport souligne qu'un succès a été remarqué dans quelque pays comme l'Irak, la Jordanie et le Qatar où ce taux a dépassé 90 %. Quant à l'égalité des sexes, la plupart des pays sont sur la bonne voie pour atteindre cet objectif. Au niveau de l'enseignement primaire, des progrès rapides et très encourageants ont été enregistrés dans neuf pays. Les Emirats Arabes Unis et l'Irak ont, quant à eux, reculé dans ce domaine durant les années 90. La réduction progressive de l'inégalité des sexes dans l'enseignement primaire et secondaire est néanmoins trop lente et il sera impossible pour le monde arabe de l'atteindre en 2005. Cela sera possible en 2015. Réduction de la mortalité infantile Les progrès dans le domaine de la réduction de la mortalité infantile qui est la quatrième cible du millénaire sont très encourageants, puisque treize pays avancent à un rythme satisfaisant. En Egypte et au Maroc par exemple, la mortalité des enfants de moins de cinq ans était relativement élevée en 1990, mais grâce à leurs efforts concertés, ils ont pu la réduire passant en dessous de la barre des 50 décès pour 1000 naissances vivantes. Les Emirats Arabes Unis, le Koweït, Oman, Bahreïn, Qatar, la Libye, les Territoires palestiniens occupés et la Tunisie enregistrent, quant à eux, les plus faibles taux de mortalité infantile dans la région. La forte augmentation de la couverture de vaccination ( surtout contre la rougeole) est l'une des principales raisons de ces améliorations. Concernant l'amélioration de la santé maternelle, la grande majorité des pays arabes ne dispose pas de données fiables pour évaluer, de manière précise, cette question critique. Selon les quelques données recueillies pour l'élaboration du rapport, il semble que le taux de mortalité maternelle varie de manière importante entre les pays avec des Etats où l'on observe des taux de moins de 50 décès pour 100.000 naissances vivantes (Bahreïn, Jordanie, Koweït, Qatar, Arabie Saoudite, et Emirats Arabes Unis) et d'autres où les taux dépassent les 800 pour 100.000 naissances vivantes (Mauritanie, Somalie, Soudan et Yémen). Comme dans le cas de la santé maternelle, les informations au sujet du virus du sida et les autres maladies sexuellement transmissibles sont rares et insuffisantes. Selon les données disponibles, l'on compte plus d'un demi million de séropositifs dans les pays arabes depuis les années 80. Les femmes représentent 55 % dont 45 % sont âgées entre 15 et 29 ans. Pour l'environnement durable, de nombreux pays ont réalisé de grands progrès en améliorant l'accès aux installations sanitaires. Les efforts visant à augmenter l'accès à l'eau potable dans les zones urbaines et rurales sont plus lents mais restent néanmoins encourageants. Pourtant, malgré la fragilité de l'environnement dans la plupart des Etats de la région, cinq pays seulement ont adopté des stratégies de protection de l'environnement. De plus, la proportion du territoire consacrée à la préservation de la diversité biologique ne dépasse pas 5 % dans la plupart des pays. La dette reste un obstacle devant la concrétisation des objectifs du millénaire dans plusieurs pays du monde arabe. Au Liban, le service de la dette extérieure absorbe 40 % des revenus des exportations, contre près de 20 % en Algérie et au Maroc et 15 % en Tunisie et en Jordanie. Il est évident que si ces pays pouvaient allouer le service de leurs dettes aux objectifs du millénaire pour le développement, les perspectives de développement s'amélioreraient d'une manière plus que significative. Cependant, il faut dire que l'objectif du développement en général n'est pas seulement lié à la volonté politique mais aussi à celle des peuples.