Les longues heures de jeûne ces dernières années ne sont pas une chose aisée pour tout le monde, surtout les fumeurs. En plus de la faim et de la soif, les accros à la cigarette manquent de leur dose de nicotine. Ce mois de jeûne tombe en plein été.Le jour est long. La nuit est courte. Les fumeurs qui veulent arrêter y voient une opportunité. Pour les autres, c'est un calvaire. « C'est difficile de travailler sans fumer. On essaye de tenir le coup », se plaigne Ahmed, un traducteur. Ce soir, poursuit-il, je compense le manque de fumée. « Un fumeur ne doit pas forcément voir rouge durant le Ramadan. Je suis un fumeur invétéré et je suis toujours de bonne humeur. Les nerfs à vifs pendant le jeûne n'est guère dû au manque de cigarettes. Il s'agit d'une simple légende urbaine », lance Khalid, un universitaire. «Arrêter de fumer, j'y pense sérieusement cette année », rétorque Zakaria 29ans, employé dans un centre d'appel à Casablanca qui poursuit : « Je n'arriverai pas à le faire pendant le reste de l'année. C'est une vraie chance. J'en ai marre de la cigarette mais arrêter n'est pas une chose aussi simple peu importe ce qu'on pourra en dire.» «Oui, mais au même temps, tu nous sors la même chanson chaque Ramadan. Ça ne te fatigue pas ?», lui répond son ami. Il est de même pour Al Maâti, 45 ans, qui pense que « chaque jour que Dieu fait est une occasion idéale pour arrêter de fumer. Tout est question de volonté et de prise de conscience du risque et du gain en qualité de vie à arrêter de fumer, mais je ne dirais pas que Ramadan est le meilleur moment car ajouter au manque de fumer, la faim et la soif n'est pas ce qu'on fait de mieux pour renforcer la volonté. » Yassine, 25 ans, ingénieur, pense autrement : « c'est déjà une bonne chose qu'on ne peut pas fumer pendant la journée, ça a au moins le mérite de baisser la consommation quotidienne en cigarette. C'est déjà pas mal, à mon sens. Mais arrêter ? Je pense qu'il en faut autant de volonté que dans le reste de l'année. La rechute à la fin du mois sacré est toujours très possible, voire même probable. » Ahmed, employé dans un bureau de tabac, insiste sur le fait que les rentrées provenant de la vente de cigarettes n'ont pas changé. Du moins, en ce qui le concerne. « J'ai beaucoup d'habitués. Ceux qui fument un paquet par jour, continuent de le faire, ceux qui fument plus continuent d'en fumer plus, peu importe le nombre d'heures du soir», précise-t-il. Quelques ruelles plus loin, Saleh notera que la vente des cigarettes en détail diminue pendant le mois sacré. « Les gens préfèrent avoir une cigarette prête bien au chaud pour la fumer juste après l'appel à la prière », affirme-il. Curieusement, souligne-t-il, un nombre de fumeurs de détail de son quartier sont passés au paquet. « Est-ce qu'on fumerait plus pendant Ramadan ? C'est possible », renchéri Saleh. « Je fume un grand paquet de demi par jour depuis le début de Ramadan. La faute au café de chaque soir, » dit-il en esquissant un sourire. Les spécialistes indiquent que pour arrêter la cigarette, il est conseillé de changer de programme. C'est-à-dire, changer ces habitudes quotidiennes. Rien de meilleur que le mois de Ramadan. Deuxième conseil : résister, disent-ils. Il a été prouvé par des scientifiques que l'envie de fumer vient par des vagues de cinq minutes. Bien sûr, ces vagues vont devenir de plus en plus nombreuses à fur et à mesure, mais c'est à ce moment là qu'il faut faire preuve de détermination et c'est là que le premier conseil devient infaillible. Autre chose, il faut absolument éviter la cigarette. La tentation restera toujours forte. Et le risque de rechute demeurera, le restant de sa vie. Il faudra donc éviter les endroits où l'on fume. Dernière chose : durant le Ramadan il faudra mieux exploiter le temps en pratiquant des activités bénéfiques pour la santé comme le sport. L'Organisation mondiale de la santé a rapporté que chaque année 5 millions de personnes meurent dans le monde à cause du tabac. 84% se trouvent dans les pays en voie de développement. Ce chiffre pourrait tripler d'ici à 2030.