L'association de l'université d'été d'Agadir a réuni, ce weekend, une pléiade d'acteurs de la culture et la langue amazighes. Enseignants-chercheurs, intellectuels, militants politiques et associatifs, journalistes, intéressés de tous les coins du pays, se sont donné rendez-vous à cette manifestation d'envergure. Forte de ses trente ans de présence dans l'échiquier culturel amazigh, cette structure organisatrice s'est attelée, en cette 8ème manche, à mobiliser tout ce parterre d'experts en la matière, autour de la thématique d'actualité, à savoir «la mise en œuvre de la constitutionalité de tamazight : défis et perspectives». Une occasion, tout d'abord, de rappeler la parcours laborieux de ce mouvement qui s'est déclenché au moment où les droits dont, en fait, celui de l'identité et la langue amazighes, étaient littéralement bafoués par un système subtilisateur et répressive. Depuis, la cause amazighe s'est érigée en une marque identitaire de premier plan, jusqu'à l'instant où la reconnaissance déclarée ne fut qu'une question de temps, au regard des insistances accrues des forces éclairées de la Nation. Son officialisation au niveau de la nouvelle Constitution s'est insérée dans la série de générations de réformes, car, en effet, le combat que les progressistes et les démocrates authentiques ont mené pour la réhabilitation de ce droit légitime, au côté des intervenants associatifs amazighs, toutes sensibilités confondues, est indissociablement lié aux multiples luttes à caractère institutionnel, social, économique, culturel...On ne saurait alors concevoir une expression de démocratisation d'un volet vital et sensible, tel que l'amazighité, en dehors de tous les autres axes de la vie active. L'université estivale d'Agadir, consacrée, de bout en bout, à la contribution effective à la réflexion nationale autour des dispositions des lois organiques dont le débat s'amorce à plus d'un titre. Ce colloque scientifique auquel a été conviée également une panoplie d'académiciens de plusieurs pays, s'est focalisé, à travers des communications diverses et pertinentes, sur les modalités de fonctionnement de la langue amazighe, au niveau des différents domaines de la vie quotidienne. A ce propos, le département de l'éducation nationale s'avère très concerné par la mise en application de l'amazighité, aussi bien en aval qu'en amont, simultanément au scolaire et au supérieur, comme évoquait l'éminente intervention de Mohamed Oulhaj. Tout exaltant fortement l'éminence de la constitution qu'il considère comme une révolution nationale, malgré quelques faiblesses de ce texte, l'intervenant ne manquait pas de soulever maintes recommandations, notamment le retrait du Maroc de la ligue arabe et la rebaptisation de l'UMA en Union de Tamzgha ou Union du grand Maghreb. Mais, on retiendra cette réplique, non sans intérêt, de Myriam Demnati qui, en connaissance de cause, fustigeait le système scolaire marocain, profondément miné et, de ce fait, il serait insensé de s'attendre à meilleure prestation de l'incorporation généralisée de tamazight, face à de tels déficits structurels de l'enseignement. D'autre part, le Domaine de la communication et de l'information a été, pareillement, longuement débattu, à partir de l'intéressante intervention de Lahoucine Chaâbi qui, d'emblée, mettait en évidence l'acuité de ce volet en tant qu'outil véhiculaire de la culture et de la civilisation amazighes, au même titre que l'enseignement. Tout en insistant sur le fait que le discours sur l'amazighité se devrait de passer du stade protestataire à une phase beaucoup plus technique et rationnelle pour permettre la matérialisation des enjeux de tamazight, d'une manière équitable et fluide. La rencontre d'Agadir qui revêt un caractère national, de par la présence des intervenants et la problématique mise sous orbite, s'inscrit, effectivement, dans une volonté manifeste de mettre à contribution des textes constitutionnels pour une mise en pratique sereine et collective. C'est également et avant tout le rôle de l'Etat qui devrait s'assumer pleinement sur cette ébauche nationale, disait Mohamed Oulhaj, au passage de son exposé de grand intérêt.