Quel sera le futur des relations entre la France et l'Afrique ? Lors de sa campagne électorale, François Hollande s'est exprimé clairement quant à cette question. Ce dernier déclarait alors qu'une fois au pouvoir, il «répudierait tous les miasmes de la françafrique». Son approche consisterait à mettre fin à la françafrique telle qu'elle a toujours été pratiquée en éliminant tous «les réseaux d'influences et d'accords secrets ayant longtemps caractérisé les relations entre Paris et ses ex-colonies» , étant donné que le principe sous-jacent régissant la françafrique est basé sur un soutien politique et militaire pourvu aux Etats africains par la France contre la signature d'accords concernant les richesses minières africaines. Après avoir déjà rencontré des chefs d'Etat africains, notamment Mohammed VI (Maroc), Boni Yayi (président du Bénin et président en exercice de l'Union Africaine), et Mahamadou Issoufou (Niger), cette semaine diplomatique de François Hollande a été marquée par une forte présence africaine. Ainsi, il s'est entretenu avec Alpha Condé de la Guinée le lundi, Ali Bongo Ondimba du Gabon jeudi et Macky Sall du Sénégal vendredi. Les entretiens étaient centrés entre autres sur le futur des relations franco-africaines. Si certains chefs d'Etat comme le président Bongo Odimba y ont vu une occasion pour discuter des relations de leurs pays avec la France, il demeure que le projet d'Hollande semble toujours tenir. En effet, la politique africaine de François Hollande relativement à l'Afrique s'articule autour de son désir de «terminer avec les rapports de domination, d'influence et d'affairisme» existant entre la France et l'Afrique faisant ainsi référence aux réseaux de politiciens et d'hommes d'affaires à travers lesquels la France a maintenu son pouvoir et son influence en Afrique depuis plusieurs années et de défendre l'idée selon laquelle «la démocratie vaut partout dans le monde, et notamment en Afrique». Ainsi, durant sa campagne électorale, il s'était engagé à dénoncer sans merci les élections frauduleuses où que ce soit. Par ailleurs, la nomination de Laurent Fabius au poste de ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, Pascal Canfin et Manuel Valls comme principaux interlocuteurs des pays africains, s'inscrit toujours dans la lignée de cette politique africaine car cette nouvelle équipe est constituée essentiellement de responsables n'appartenant pas à d'«anciens réseaux» et désireux de soutenir la politique de Hollande, surtout Laurent Fabius qui a émis le désir de vouloir «en finir avec la politique des coups, les effets d'annonce sans suite et les méandres françafrique». Cette nouvelle politique d'Hollande concernant les relations franco-africaines est considérée par de nombreux africains comme une lueur d'espoir pour l'Afrique en ceci qu'elle donnera un visage différent aux relations historiques entre la France et ses ex-colonies. Pour certains, ce sera le temps pour l'expansion des opportunités jusques là restreintes aux dirigeants le plus souvent impliqués dans des affaires de corruption, à la masse populaire, mais aussi le temps de débarrasser l'Afrique des « vieux lions » assoiffés du pouvoir. Quoique bon nombre de chefs d'Etat africains défendent la continuité de la françafrique, certains comme Ali Bongo Ondimba partagent l'idée de son enterrement. Dans un reportage avec France 24, il opine clairement : «depuis un certain temps, j'ai été moi aussi suffisamment clair sur cette prétendue affaire de françafrique. J'ai aussi appelé de mes vœux à ce qu'elle n'existe plus sous les formes dont elle a été présentée». Enterrer la Françafrique est un projet lourd d'enjeux. En effet, comme beaucoup d'autres chefs d'Etat français, Nicolas Sarkozy, une fois arrivé au pouvoir, envisageait redonner aux relations franco-africaines un autre jour, finalement c'est un rôle plutôt interventionniste qu'il a joué dans les affaires africaines, notamment dans les crises lybienne et ivoirienne. En promettant de rompre avec les vieilles pratiques inhérentes à la françafrique, le projet de Hollande semblerait à portée de main. Cependant, la Françafrique comme l'a déclaré Gauthier Rybinski, spécialiste des relations internationales sur France 24 « ne va pas s'achever du jour au lendemain étant donné que certains dirigeants africains en demandent encore.» Par ailleurs, elle est « une notion importante, une nébuleuse opaque, qui reste dans le secret», mais qui est «appréciée de chaque côté : ça va dans les deux sens.» «Qui s'y frotte s'y pique».