Le ministre de la santé, le Pr El Houssain Louardi, a indiqué jeudi à Rabat, lors de séance de clôture des audiences publiques sur la santé, en cours depuis le 26 juin, que ces assises représentent de nouvelles réalisations sur la voie de la démocratisation et du développement du secteur. Faisant le bilan de ces consultations, organisées dans le cadre des préparatifs du colloque national prévu sur le secteur pour le doter d'une charte nationale, il a indiqué que plus de 90 communications ont été présentées par les représentants du tissu associatif, de syndicats, d'organisations professionnels, d'experts dans divers domaines de la santé, des droits de l'homme et des politiques publiques. Il a par ailleurs appelé tous les partenaires et les professionnels de la santé au Maroc à « travailler la main dans la main dans le but d'améliorer la situation du secteur, car il n'est plus permis de trahir la confiance des citoyens ». La séance de clôture des ces audiences publiques, organisées dans le cadre du programme de communication interactif «Intidarat», a été marquée par la présence de la ministre de la Femme, de la Famille, de la Solidarité et du Développement social, Bassima Hakkaoui qui s'est félicitée de cet exercice de « démocratie participative », précisant que sa participation se justice surtout par « la convergence des programmes d'actions de son département avec ceux du ministère de la santé » pour améliorer davantage le taux de mortalité maternelle et infantile et la prise en charge des couches vulnérables dont les vieillards et les personnes en situation d'handicap. Pour la promotion de la bonne gouvernance, a fait savoir Pr Louardi, il a été recommandé au terme de ces audiences publiques, d'améliorer les missions du ministère de la santé en matière de régulation de la santé et des professions médicales, de mettre en oeuvre la régionalisation avancée dans ce domaine et d'œuvrer pour assurer davantage de convergence aux politiques publiques dans l'objectif d'assurer le droit de tous à la santé. A ce propos, nombre d'intervenants ont insisté sur la nécessité de mettre en œuvre les dispositions de la Constitution concernant notamment le droit à la santé, la satisfaction des besoins fondamentaux en matière d'hospitalisation et de protection sanitaire, de développer le partenariat avec les opérateurs et d'assurer aux couches démunies et aux personnes à besoins spécifiques le droit à la santé et la protection sanitaire nécessaire, a relevé le ministre de la santé. Au niveau du financement du système de santé, les intervenants ont proposé la mobilisation des fonds requis à travers des financements conjoints et la généralisation de la couverture médicale dans l'objectif d'améliorer l'accès aux soins et aux services de santé. Les recommandations émises dans l'objectif d'améliorer la gestion des ressources humaines insistent surtout sur l'impératif d'adopter une nouvelle approche plus adaptée aux mutations en cours, et d'œuvrer pour la qualification et la formation de capacités humaines de meilleure qualité et en grand nombre et ce au lieu de se contenter de la gestion des fonctionnaires dans la perspective de combler le déficit qu'accuse le secteur au niveau des spécialistes et de la répartition géographique des professionnels. Il est également indispensable d'intensifier les efforts dans le sens de développer les professions de santé pour accompagner les mutations sociales du pays, a-t-on encore proposé dans ce cadre. S'agissant du secteur des médicaments, plusieurs participants ont appelé au respect des normes internationales de qualité et de sécurité pour protéger le consommateur, sans perdre de vue l'impératif de parvenir à la sécurité du pays en matière de production des médicaments. Pour ce faire, les participants ont insisté sur la nécessité d'encourager l'innovation et la production des médicaments génériques de qualité dans un cadre légal tenant compte de la sécurité du consommateur. A ce propos, le ministre de la santé a rendu un vibrant hommage au secteur de production des médicaments, qui constitue selon lui un fleuron de l'industrie nationale, compte tenu de la haute qualité des capacités humaines et industrielles qu'il recèle et de la main d'œuvre nombreuse qu'il emploie. Il est vrai que les prix des médicaments sont élevés, mais il est vrai aussi que le gouvernement travaille d'arrache pied pour les mettre à la portée de toutes les bourses sociales, a-t-il dit en faisant allusion au programme de son département pour la période 2012-2016, présenté en cours de matinée en conseil de gouvernement. Malgré toutes les contraintes qu'affronte le secteur (faiblesse du financement, déficit en ressources humaines et défaillances en matière de gouvernance), le ministre avait précisé dans un exposé présenté en conseil de gouvernement que 55 mesures urgentes sont en cours d'exécution et 13 programmes contenant 28 plans d'action sont en cours de réalisation dans le but d'améliorer la situation du secteur. Dans des déclarations à la presse peu avant la réunion de ce Conseil de gouvernement, le ministre de la santé avait en effet détaillé ces mesures, précisant qu'au-delà de ce programme, l'Etat doit rester comme il l'était le garant de l'équité et de l'égalité en matière d'accès aux soins de santé et du renforcement de leur offre. Le programme du ministère de la santé se propose aussi de promouvoir au niveau du secteur une régionalisation avancée dans le but d'impliquer et de responsabiliser davantage les acteurs régionaux et locaux, de renforcer les relations de partenariat avec le secteur privé, et de mettre en œuvre une nouvelle politique de proximité au niveau des urgences et de la santé mentale, devenue un problème de santé. Le programme du ministère vise également à promouvoir une meilleure gestion des ressources humaines, a-t-il fait savoir, tout en saluant les efforts des professionnels du secteur qui s'acquittent de leurs tâches dans des conditions difficiles, quelques fois très mauvaises même, marquées par un manque drastique en personnel. L'amélioration de l'accès aux soins de santé dans les zones isolées est un autre objectif de taille de ce programme sectoriel, dont la réussite requiert la mobilisation d'importants fonds d'investissement et la création de quelque 2000 postes d'emploi. Rien que pour l'année 2012, a-t-il dit, 12 milliards de Dirhams sont mobilisés dont une grande partie sera consacrée à la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre du dialogue social. Commentant par ailleurs le mouvement de grève observé le même jour dans les services de santé dans les différents régions du pays, Pr Louardi, a rappelé qu'il s'agit d'un droit constitutionnel qui doit être respecté, soulignant toutefois que la plupart des revendications des syndicats ont été satisfaites, à l'issue de l'adoption il y a déjà plus de deux mois de huit décrets d'augmentation des salaires des médecins résidents et internes, des médecins du secteur public et des professeurs universitaires. Ces décrets portent aussi sur les indemnités pour risques professionnels, et les indemnités de permanence, de garde et de responsabilité. Depuis sa nomination à ce poste, a-t-il dit, deux rounds ont été déjà organisés dans le cadre du dialogue social avec les syndicats, soulignant que ces discussions se poursuivent actuellement au niveau du 3ème round en cours pour résoudre tous les problèmes. « Il n'est plus permis de décevoir les citoyens qui nous font confiance », a-t-il affirmé, invitant tous les partenaires et les professionnels de la santé au Maroc à « travailler la main dans la main pour améliorer la situation du secteur, car il n'est plus permis de trahir la confiance des citoyens, dont les attentes sont très grandes ».