C'est bien parti pour la démocratie dans le secteur de la Santé, le Pr El Houssain Louardi, ministre de la Santé, a procédé, mardi à Rabat, au lancement des audiences publiques, étape décisive dans le processus d'élaboration d'une charte nationale de la santé définissant les contours d'une politique sanitaire participative au service de tous les habitants. Le débat en cours a pour objectif de “construire une politique sanitaire participative, répondant aux attentes des citoyens", a-t-il dit dans une allocution d'ouverture de ces audiences, qui se situent dans le cadre d'un processus participatif visant à associer le plus grand nombre de partenaires, conformément aux dispositions de la Constitution, aux préparatifs du prochain colloque national sur la santé, dont les travaux devront être sanctionnés par la mise en place d'une charte nationale sur le secteur. Ces audiences publiques sont organisées dans le cadre du programme de communication “Intidarat", lequel tire sa légitimité de la nouvelle Constitution, a indiqué le Pr Louardi, qui a rappelé que différentes actions sont initiées en parallèle dans le cadre de ce programme, à savoir des audiences radiophoniques interactives et directes permettant aux citoyens d'exprimer librement leurs avis et attentes, le lancement d'une page Facebook et une synthèse des articles de presse sur le secteur. Pour l'année en cours, le ministère de la santé a arrêté un plan d'action visant à améliorer la gouvernance dans le secteur, a rappelé le ministre de la santé, ajoutant que d'autres initiatives sont prises pour accompagner surtout la généralisation du régime d'assistance médicale (RAMED). Il a en outre fait état des efforts déployés pour accélérer l'élaboration des textes juridiques nécessaires à la mise en œuvre des engagements du dialogue social, à la restauration des centres hospitaliers universitaires, à la création de la Fondation Hassan II pour les œuvres sociales pour les professionnels de la santé et à la réglementation en matière de bioéquivalence des médicaments génériques. Cette action porte aussi sur la finalisation de la procédure d'obtention par téléphone ou internet des rendez vous au niveau des hôpitaux régionaux, avant de la généraliser à tous les établissements hospitaliers, a-t-il dit, rappelant que 30 unités médicales d'urgence de proximité ont été déjà créées parmi 80 unités programmées dans les régions ne disposant pas d'hôpital ou situées loin des centres hospitaliers existants. Dans le but d'améliorer davantage les services de santé offerts aux citoyens, le ministère œuvre aussi pour réduire la mortalité maternelle et néonatale en élargissant la gratuité des soins qui portent désormais sur nombre de complications (Placenta Preavia, hémorragies et infections du Post Partum), ainsi que sur les bilans biologiques et le suivi de la grossesse. Pas moins de 41 établissements de santé seront construits dans le cadre de ce plan d'action 2012, a ajouté le Pr Louardi, relevant que des Observatoires régionaux ont été créés pour assurer le suivi du RAMED. Revenant sur la portée de ces audiences publiques, le ministre a souligné que la compilation des propositions et suggestions des participations devra permettre de dégager une nouvelle vision rénovée sur le système de santé au Maroc dans le but d'être en phase avec les mutations en cours dans la société marocaine. Le programme de cette rencontre dont les travaux se poursuivront jusqu'au 5 juillet porte sur une série d'axes concernant le droit à la santé, le financement du système de santé, la gouvernance et la gestion du secteur, la politique de sécurité sanitaire, les professions et métiers de santé, les industries pharmaceutiques, la politique du médicament et les technologies biomédicales. Pour sa part, le ministre chargé des relations avec le parlement et la société civile, Habib Choubani, a salué cette initiative qui fait partie des débats nationaux ouverts sur différents thèmes. Il s'agit d'un véritable exercice de démocratie, devenu désormais possible grâce à la mise en œuvre des dispositions de la nouvelle Constitution, a-t-il ajouté. Pour le modérateur de la séance, le Pr Moulay Tahar Alaoui, président de l'ordre des médecins, cette rencontre constitue “un tournant historique" dans la mesure où elle marque “la mise en œuvre de la démocratie dans le secteur de la santé au Maroc", “tant réclamée par les professionnels". “C'est un moment que l'on attendait depuis des années dans le secteur", a-t-il expliqué. Participent à ces audiences publiques les représentants des départements ministériels, des organisations de coopération internationale au Maroc et des organisations non gouvernementales opérant en matière des droits de l'Homme, de la santé et du développement. Sont également associés à ce travail des organismes gouvernementaux des droits et de la gouvernance publique, des académiciens, des chercheurs universitaires, des experts de différentes disciplines, des représentants de la société du savoir et de la connaissance, des ordres professionnels et des syndicats des professionnels de la santé dans les secteurs public et privé.