Le Pr Houcine Louardi a décliné la démarche qu'il compte suivre pour résoudre les principaux maux qui rongent le système de santé au Maroc. Le ministre de la Santé, en une heure, a fait le tour de la «politique de santé pour le Maroc d'aujourd'hui», lors d'une conférence débat organisée par le Secteur Santé du Parti du progrès et du socialisme, dirigée par les docteurs Touria Skalli et Abdelilah Chenfouri. C'est à un véritable plan de développement de la Santé que le conférencier s'est adonné, démontrant par là une véritable maîtrise des dossiers, de la pratique médicale et de la réalité marocaine. Après avoir abordé les acquis en matière de santé, il s'est longuement arrêté sur les grands défis, représentés par les difficultés d'accès aux soins, le déficit aigu en ressources humaines, l'insuffisance de financement, la crise de confiance et le déficit de gouvernance. Chiffres en mains et comparaisons avec des pays à développement similaire (Tunisie et Algérie) mais aussi avec des pays de l'OCDE, le ministre a parcouru tous les segments d'accès au soin (médecin, hospitalisation, médicaments, etc.), les disparités régionales afférentes, et le manque de capacité en matière de formation et de recrutement, malgré le fait que le budget sectoriel de la Santé n'est exécuté qu'à hauteur de 48%. Il a également abordé la question de la moralisation du secteur, face à l'exercice illégal, la qualité de l'accueil qui laisse à désirer, la mauvaise gestion des rendez-vous, la sécurité des patients, la mauvaise gouvernance ... Houcine Louardi préconise, pour mettre un terme à ces graves dysfonctionnements, une stratégie sectorielle avec comme principaux impératifs la déclinaison des dispositions de la nouvelle constitution, la réponse aux attentes essentielles de la population et la restauration d' un climat de confiance entre les parties prenantes du secteur et le citoyen. Trois approches complémentaires sont mises en avant : les droits avec l'approche genre, la démocratie sanitaire (participation, transparence et responsabilité) et une approche systémique pour renforcer le système de santé. Un programme de communication avec les citoyens est lancé avec «intidarats» , un Colloque national sur la santé est également prévu, en attendant la mise en place des commissions et conseils prévus par la loi. De même, le ministre envisage de permettre aux usagers de participer aux CA des CHU. Le ministre a tracé deux objectifs de la politique de santé : l'accès de tous les citoyens à des soins de santé, au moment opportun, selon leurs besoins et non leur capacité de paiement, d'une part, et des services de qualité, sécurités, efficaces et axés sur le patient, qui se basent sur les valeurs de justice sociale et spatiales, la solidarité, la participation et la responsabilité du praticien et du citoyen. Six axes d'interventions prioritaires sont avancés et 55 mesures d'urgence sont déjà engagées, avec 13 programmes regroupant 28 plans d'actions spécifiques en cours de budgétisation, à côté des réformes à introduire. Signalons enfin qu'un riche débat a eu lieu auquel plusieurs experts médicaux ont pris part, dont des professeurs universitaires, des présidents d'associations médicales, des médecins spécialistes, des pharmaciens, des médecins dentistes ainsi que des associations d'accompagnement de patients (pathologies lourdes) …. En définitive, Houcine Louardi a convaincu par sa sincérité et sa démarche qui exclut toute démagogie. «Il ne s'agit pas d'appuyer sur des boutons pour résoudre tous les problèmes », a-t-il notamment déclaré, ajoutant qu'il ne contournera « aucun problème » et les solutions doivent s'inscrire « dans la légalité et en concertation avec les concernés ». Il a énuméré les nombreux contacts et réunions qu'il a tenues avec les professionnels de la Santé et promis « le changement progressif », avec le lancement d'actions pilotes qui pourraient être « améliorées et généralisées » par la suite. Par cette ouverture sur le monde des professionnels de la santé et du tissu associatif agissant dans le domaine, le ministre a conquis l'assistance à la cause du changement, dans la responsabilité et le sérieux.