Depuis le recouvrement de l'indépendance nationale en 1956, des efforts considérables ont été déployés pour permettre au système national de santé de pouvoir mener à bien ses multiples objectifs et missions. Tous les ministres qui se sont succédé à la tête du département de la santé ont contribué chacun à sa manière, sa stratégie, ses visions, ses préoccupations ou son appartenance politique à développer, à améliorer le niveau sanitaire de notre pays, marquant de son sceau son passage au niveau du ministère de la santé. Enormément de réalisations ont vu le jour, des investissements colossaux ont été consentis, pourtant les résultats sur le terrain ne reflètent pas les potentialités existantes Il y a à l'évidence un décalage entre les principes annoncés et le discours politique tenu d'une part et la réalité sur le terrain d'autre part. Aujourd'hui, hormis certaines actions louables qui ont donné des résultats appréciables, telles la réduction de la mortalité maternelle, la réduction de la mortalité infantile, la prise en charge des insuffisants rénaux pour dialyse, le budget du ministère de la Santé qui a enregistré une augmentation très significative, celui consacré aux médicament qui a été multiplié par trois grâce à l'implication de l'actuelle ministre de la Santé Mme Yasmina Badou, force est de constater que le présent état de santé ne reflète pas les investissements effectués. Pour débattre de tous ces acquis, mais aussi des problèmes qui minent le secteur de la santé et qui ne permettent pas à ce département vital de s'exprimer pleinement, mais aussi et surtout d'apporter et de soumettre au débat toutes ces questions, les suggestions, les propositions et les solutions, le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) a organisé une conférence débat ayant pour thème : Stratégie du PPS pour le développement de la santé le Vendredi 28 Octobre 2011 à Casablanca. Ce grand événement a été rehaussé par la participation effective du secrétaire général du PPS Mohamed Nabil Ben Abdallah qui a prononcé à cette occasion une allocution très importante, forte, exhaustive, pertinente, appréciable, appréciée et très applaudie. Par la suite le camarade Lahoucine Louardi , membre du bureau politique, responsable national du secteur de la santé au PPS, doyen de la faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca a présenté la stratégie du PPS pour le développement de la santé. Nabil Ben Abdallah : Nous devons être, le parti d'un nouvel espoir et d'un nouveau départ La santé est un droit fondamental de tout citoyen Après avoir passé en revue la situation actuelle que vit notre pays, une situation très riche en événements majeurs dont les enjeux politiques n'échappent à personnes : la nouvelle constitution, les prochaines législatives, la Koutla, mais aussi les alliances politiques contre nature … Le secrétaire général du PPS, Nabil Ben Abdallah, a rappelé à l'assistance que le Parti du Progrès et du Socialisme doit être la hauteur pour incarner le recours tant attendu. Nous sommes tous conscients que tous nos concitoyens expriment une réelle volonté pour le changement. Les Marocaines et les Marocains désirent par-dessus tout entreprendre une rupture définitive avec les habitudes vicieuses, nuisibles, choquantes et pénalisantes qui ont prévalu durant des années et qui ont conduit à des situations qui n'ont pas permis d'asseoir sur des bases saines le développement de la transparence. Aujourd'hui, plus qu'en tout autre temps, les Marocains se tournent vers nous au PPS, ils nous font pleinement confiance. Nous l'avons mesuré notamment lors des différents meetings que notre parti a entrepris au niveau des différentes régions de notre pays, de Tanger à Lagouira à l'occasion du referendum de la nouvelle constitution. Nous avons mesuré à sa juste valeur la symbiose, la confiance que nous ont témoigné nos concitoyens. Nous sommes redevables de cette grande marque de confiance et c'est tous ensemble, unis que nous nous tournons vers eux. Nous avons le devoir et l'obligation de nous dresser tel un seul homme aux côtés de notre population, aux côtés de notre jeunesse qui attend beaucoup de nous pour faire face à tous les défis qui se posent à nous tous en cette période charnière que connaît notre pays. C'est pourquoi chacun de nous doit être animé d'une réelle volonté pour participer activement à toutes les actions qui visent la lutte contre toutes les formes de corruption. Nous avons une nouvelle constitution, une nouvelle génération de droits, nous devons par conséquent écarter de notre chemin tous les apprentis sorciers, les ennemis de la démocratie, celles et ceux qui se plaisent dans la médiocrité, les corrompus qui sont la source de tous les maux dont souffre notre société. Nous devons combattre de toutes nos forces ces parias de la transparence, de la justice, de l'équité, ces ennemis de la nation qui nuisent grandement au développement de la nation. C'est eux qui sont responsables de la démission de notre jeunesse de la chose publique qui s'est exprimée dans le silence des urnes par dépit autant que par rejet, une jeunesse qui se réfugie dans une abstention très pénalisante qui a permis à un grand nombre de ces apprentis sorciers de siéger au sein d'institution honorables, mais aussi de mener à la faillite plusieurs communes au détours de gestions calamiteuses, d'agissements et procédures où règnent souvent des écrans de fumée qui ont permis à plusieurs individus de bénéficier d'avantages considérables au détriment des services destinés à la collectivité, ce qui a conduit notre pays à la situation que nous connaissons. Autant de réalités que nous constatons et dont nous comprenons les causes, c'est pourquoi notre plus grand défi aujourd'hui réside dans le fait de convaincre tous nos concitoyens qu'une autre société est possible, qu'un autre avenir est à construire avec eux et pour eux. Nous devons, au PPS convaincre notre population, les Marocaines, les Marocains, les personnes âgées, les adultes, les femmes, les hommes, les jeunes que tout est possible si nous mettons la main dans la main pour un avenir meilleur et des valeurs nobles. Nous devons redonner à chacun une envie réelle pour participer à un avenir meilleur, serein, radieux, juste, équitable où chacun pourra avoir sa chance pour accéder à l'éducation, à des soins de santé de qualité, à l'emploi, au logement, à une justice indépendante, à plus de sécurité … C'est l'enjeu du rendez-vous du 25 Novembre 2011, nous devons être présents c'est notre devoir à tous, c'est le devoir de tous nos candidats aux prochaines élections législatives, de tous les membres du bureau politique , de tous les membres du comité central , de tous les membres du Parti du Progrès et du Socialisme. Notre ambition est légitime, nous avons les femmes et les hommes qu'il faut, des compétences avérées, des citoyens dignes de confiance et qui sauront se montrer digne. Au PPS, nous ne voulons pas le pouvoir pour le pouvoir, le pouvoir pour assouvir des besoins personnels, mais nous voulons le pouvoir pour porter l'espoir, nous devons être, pour nos concitoyens, le parti d'un nouvel espoir et d'un nouveau départ. Concernant le secteur de la santé, le secrétaire général du PPS, Nabil Ben Abdallah dira : nous sommes tous conscients qu'un très grand nombre de nos concitoyens rencontrent aujourd'hui de réelles difficultés pour accéder aux soins. Cette situation est quotidiennement vécue par les habitants des zones difficiles d'accès et parfois même en milieu urbain. Au PPS, nous considérons le droit à la santé comme étant un droit fondamental du citoyen, nous avons toujours milité et œuvré afin que l'ensemble de la population marocaine puisse bénéficier d'une couverture sanitaire équitable et équilibrée. Pour débattre de la santé, de notre vision, des solutions que nous proposons afin que chaque citoyen puisse bénéficier de soins de qualité, notre camarade Lahoucine Louardi qui est le responsable et le coordinateur national du secteur santé au PPS va nous présenter un travail très important, riche en enseignements. Lahoucine Louardi : Des forces … mais aussi des faiblesses En fin connaisseur, en expert maîtrisant à merveille tous les aspects, les rouages du système de santé, ses forces mais aussi ses faiblesses, le professeur Louardi a présenté à l'assistance nombreuse venue assister, écouter et participer à ce grand rendez-vous annuel de la santé qui en est à sa troisième édition un exposé de très grande facture, riche en enseignement. Le Pr Louardi a d'abord mis en exergue les acquis en matière de santé, rendant par la même occasion un hommage à l'actuel ministre de la santé pour les efforts entrepris par le département de la santé dont la gratuité des accouchements et des césariennes, la formation des professionnels de santé, la construction et l'équipement des maternités, ce qui explique en grande partie la diminution de la mortalité infanto – maternelle qui a connu une diminution très significative (112 décès pour 100.000 naissances vivantes) et la mortalité infantile (36 enfants qui décèdent pour 1000) les chiffres sont ceux du haut commissariat au plan. Le professeur Louardi a aussi mis en avant l'amélioration de l'accès aux soins pour les démunis, l'augmentation du budget réservé aux médicament est de 1, 5 milliard de DH, ce qui est de nature à assurer une plus grande disponibilité en médicaments. La moralisation du secteur de la santé qui fait partie intégrante de la stratégie du développement de la santé 2008-2012 et qui vise à combattre et à lutter contre toutes les formes de corruption dans les hôpitaux. Mais force est de constater que les rapports annuels de l'OMS jugent sévèrement la réactivité du système national de santé, considéré comme faible. Ce qui classe le Maroc dans la queue du peloton des pays à économie similaire. Les raisons d'un tel classement sont multiples, il est important d'en citer trois : 1 / Une extrême complexité du système national de santé qui se caractérise par une multitude d'intervenants sans harmonisation et coordination de leurs activités, 2 / Un financement faible et fragmenté, 3 / l'absence d'une politique agressive et cohérente en matière de santé. Mortalité pré-hospitalière Il y a une absence de prise en charge pré-hospitalière qui se traduit par 63 % de mortalité pré-hospitalière pour les accidents graves de la voie publique. Dans ce domaine le Maroc est très en retard par rapport à des pays de même niveau tel la Tunisie, l'Algérie, la Jordanie. Le 1er SAMU inauguré depuis 04 ans par SA Majesté le Roi Mohammed VI, n'est pas fonctionnel, ce qui représente une anomalie, une perte de temps et donc de chance de pouvoir sauver des vies humaines. Le parc des ambulances est dépassé, ce sont souvent des voitures transformées où le strict nécessaire n'est pas disponible. Par ailleurs seuls 10 % des personnes qui travaillent dans ce domaine important ont un certificat de secouriste. Toujours dans le domaine des incohérences, il y a lieu de noter le très faible taux d'occupation moyen des hôpitaux qui n'est que 56% seulement, ce qui veut dire que nous avons des lits qui sont inoccupés et donc un recrutement qui reste faible. En outre, nous notons une production très faible au niveau des salles d'opérations chirurgicales avec 3,6 interventions chirurgicales/chirurgien/semaine, des chiffres qui restent en deçà des normes, ce qui signifie que nous gaspillons énormément de moyens. Iniquité dans l'accès aux soins 20% de la population la plus riche consomme 56% des soins alors que 20% de la population la plus pauvre n'en consomme que 3% (rapport de 1 sur 19), une forte participation des ménages au financement des soins (54%), une iniquité dans l'offre et une iniquité dans l'accès aux soins entre les régions d'une part et d'autre part, entre le milieu rural et le milieu urbain [31% de la population rurale est à plus de 10 km d'un centre de santé], un déficit qualitatif et quantitatif en professionnels de la santé [l'OMS situe le Maroc parmi les 57 pays du monde qui connaissent une pénurie aigue en médecins : 5,4 médecins pour 10 000 habitants «12 pour 10000 en Tunisie, 13 pour 10.000 en Algérie»], exécution très faible des crédits alloués au ministère de la santé [48% seulement], Centralisation outrancière Malgré tout ce qui se dit et s'écrit, la santé reste un système très centralisé et par voie de conséquence très bureaucratisé. Toutes les décisions sont prises au niveau central malgré la régionalisation. Les conséquences de cette centralisation se traduit par des retards inadmissibles surtout quand il s'agit de problèmes qui concernent la santé des citoyens. Il est aberrant qu'en 2011 l'on soit toujours acculé à en référer à l'échelon central pour des problèmes locaux Concernant le budget de la santé, celui-ci est estimé à 11 milliards de DH, mais on note que seuls 48 % de ce budget sont exécutés, ce qui va se traduire par un retour dans les caisses de l'Etat de plusieurs milliards au moment où des besoins réels ne sont pas satisfaits. A l'évidence, il y a un manque de visibilité, de transparence dans les choix qui sont opérés, un vision limitée et une absence de stratégie qui sont inhérents au centralisme administratif et à l'absence de déconcentration. Dans le même registre, le professeur Lahoucine Louardi donnera plus de précision concernant une absence de politique du médicament, il est vrai que le budget–médicaments est de 1.5 milliard de DH, mais dans les faits, dans la réalité, on ne trouve pas ces médicaments, les malades sont obligés d'acheter leurs médicaments. Une absence d'une véritable politique de prise en charge des urgences et des malades mentaux, 48 % de la population présente un trouble mental, c'est dire que nous sommes face a un réel problème de santé, mais rien de concret n'a été fait pour remédier à ce problème. Il y a actuellement 350 psychiatres pour tout le Maroc, seulement 10 pédopsychiatres au moment où beaucoup d'enfants ont un réel besoin de prise en charge. Et paradoxe il y a en tout et pour tout 2200 lits de psychiatrie pour une population de prés de 34 millions d'habitants Au même moment 146 établissements de soins sont fermés faute de personnels et de moyens médico-techniques, une couverture médicale ne dépassant guère 30% de la population, une intervention directe de l'Etat par l'intermédiaire du ministère de la santé allant du rôle de prestataire de service à celui de pourvoyeur de financement, ou encore de régulateur [régulation autoritaire] et planificateur. Concernant le partenariat public-privé, le professeur Louardi a mis en exergue l'expérience réussie avec les néphrologues, ce qui permet aujourd'hui à tous les insuffisants rénaux de bénéficier des séances de dialyses dans des structures privées dans des conditions très satisfaisantes. Mais malgré les efforts déployés par la ministre de la santé visant le développement d'une collaboration fructueuse entre les deux secteurs public et privé et le volontarisme de certains professionnels du secteur privé, la complémentarité entre le public et le privé est encore un souhait, c'est une perte de temps, d'occasions ratées pour permettre à un plus grand nombre de citoyens de bénéficier de l'expérience, de l'expertise des professionnels de santé qui exercent dans le secteur privé. Le professeur Lahoucine Louardi a tenu à rappeler que ce sont là des éléments qui ne contribuent pas au développement du secteur de la santé et qu'au PPS, nous militons depuis des années pour permettre à chaque Marocain d'avoir accès aux mêmes soins, aux mêmes médicaments indépendamment des moyens financiers des uns et des autres, de leur lieu de résidence ou de toutes autres considérations, devrait être une préoccupation constante des responsables du secteur de la santé afin d'assurer une démocratisation des soins et une justice sanitaire et équitable si nous voulons réellement assurer la préservation, l'amélioration et le développement de l'état de santé de toute notre population. Equité et solidarité Notre approche, dira Louardi, s'articule autour de stratégies visant à améliorer les performances du système de santé (son efficience et sa réactivité) pour répondre au mieux aux besoins accrus de la population en matière de santé et de bien être de la population, et ce afin que : Tous les citoyens aient accès aux soins de santé, au moment opportun, selon leurs besoins et non leur capacité de paiement ; Les services de santé offerts soient de qualité, sécurisés, efficaces et axés sur le patient. Cette vision s'inscrit aussi, dans le cadre des engagements internationaux du Royaume du Maroc en matière de santé, notamment ceux en rapport avec l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) en l'an 2015. Cette vision se fonde sur les valeurs de : Equité : Le système de santé doit s'organiser de telle sorte à réduire les inégalités d'accès aux soins notamment entre les régions, les milieux (rural et urbain) et entre groupes sociaux. Ce qui devrait permettre à chaque citoyen de réaliser pleinement son potentiel de santé. Solidarité : Les réformes du système de santé devront être menées en s'appuyant sur un système plus solidaire pour garantir l'accessibilité aux soins à tous les citoyens et particulièrement les plus démunis. Un débat très animé a suivi ce qui a permis aux uns et aux autres de s'exprimer et d'apporter leurs contributions, leurs critiques et suggestions qui ont fait l'objet d'un grand intérêt. En conclusion, nous tenons à rendre ici hommage à notre camarade Lahoucine Louardi qui a su admirablement capter l'attention des participants, son intervention fut chaleureusement applaudie à maintes reprises, ce qui représente un bon signe car le message est bien passé. Cela nous conforte et nous pousse à être très optimistes pour le devenir des futures générations qui sont conscientes des enjeux réels que peut représenter la santé des citoyens. Pour nous au PPS le droit à la santé a toujours été considéré comme un droit fondamental du citoyen, nous avons toujours milité et œuvré afin que l'ensemble de la population marocaine puisse bénéficier d'une couverture sanitaire équitable et équilibrée donnant au concept de démocratisation des soins sa véritable signification. Au P.P.S, nous n'avons jamais failli à notre mission, nous avons toujours été fidèles à nos engagements, aux principes qui sont les nôtres, à notre culture. Le référentiel du PPS en matière de santé trouve sa source dans les valeurs du socialisme, valeurs d'égalité, de liberté réelle, de démocratie dans ses différentes acceptions politique, économique et sociale, de progrès humain et de respect des droits de la personne humaine. Ont pris part à ce grand rendez-vous de la santé du PPS, Mme Nezha Skalli membre du bureau politique, le camarade Ahmed Zaki, Abderrahim Bansar coordinateur du PPS de la région de Casablanca, Touria Skalli, Ahmed Salam Latafi, Fatima Farhat, les candidats PPS pour les prochaines élections au niveau de Casablanca , des médecins du secteur public et privé, des directeurs de cliniques, des infirmiers, les syndicats, les étudiants en médecine, les étudiants des instituts de formation aux carrières de santé, les représentants des ONG, de la société civile …