Quelques semaines seulement après son élection à la tête de la CGEM, Meriem Bensalah fait sa première sortie médiatique pour dévoiler la liste des 22 commissions mises en place et livrer aussi son plan d'action à court et moyen termes. Juste après la tenue, mercredi 27 juin, de son premier conseil d'administration, la nouvelle «patronne des patrons» a su, tout au long de la conférence de presse, impressionner les gens des médias. C'est une femme vraie, sincère, qui ne fait pas dans la langue de bois. Sa notoriété, elle la tire de sa maîtrise des codes de son monde. Avec elle, l'organisation patronale saura s'adapter aux évolutions du monde et de la société. Meriem Bensalah entend bien y apporter sa touche personnelle pour rendre la CGEM plus efficace et reconstruire un rapport vrai avec l'économie du pays de manière à faire apparaître l'avenir. Ce n'est, sans doute pas, par pur hasard que la CGEM, sous la houlette de Mme Bensalah, se donne une nouvelle image, et appelle à «Entreprendre ensemble le changement». Dans cette nouvelle voie, réussir l'avenir, moderniser et développer nos entreprises malgré les difficultés, est l'affaire de tous ceux qui travaillent dans l'entreprise, dira la présidente. Plus qu'un rôle d'interface, la CGEM doit avoir plus de capacité de former, de dialoguer et d'investir. Elle doit veiller à la fois à l'intérêt de l'entreprise, à ses besoins et à l'intérêt général du pays. Qu'il s'agisse des politiques visant à créer un environnement favorable à l'investissement ou à favoriser la naissance, la croissance et la transmission des entreprises. Mme Bensalah, dans un langage cru et direct, a su démontrer son opiniâtreté à ferrailler sans relâche sur tous les dossiers qui sont au cœur de la politique économique et sociale du pays. A commencer par la problématique de la compétitivité, jusqu'à l'employabilité en passant par la responsabilité sociale de l'entreprise, y compris l'épineux dossier des caisses de retraites. Mais, entreprendre ce vaste chantier ne peut faire oublier les obstacles qui jalonnent ce long mouvement vers le changement. «Oui, nous sommes en crise, mais ce n'est pas une fatalité», répond Mme. Bensalah. Il nous faut d'abord reconstruire cette solidarité interne, se donner les moyens de vivifier le tissu industriel national... tout cela passe par de nouvelles pratiques de solidarité sociales entre employeurs et syndicats, explique la présidente. Mme Bensalah sait que les entreprises, les secteurs d'activités, les filières de métiers sont tous confrontés à une rude concurrence internationale, à des évolutions inimaginables de la société. A la question sur le droit de grève, la présidente rétorque qu'on est «presque au bout du tunnel». Pour elle, «gérer le risque, c'est le mesure. D'où la nécessité de codifier les relations entre employeurs et employés». Il est vrai que cette situation de «flou juridique» pénalise toute l'économie du pays. «Nous devrions nous entraider, nous comprendre. Il s'agit en fin de compte de rapprocher tous les acteurs, coordonner, partager les informations». A mesure que les acteurs se rapprochent, ils finiront par «mieux se connaître et se respecter mutuellement». Car «la compétitivité, c'est aujourd'hui. Le temps presse. Mais on n'a pas le temps d'attendre. Cette situation d'attentisme ne permet guère de reconquérir la confiance des investisseurs». Mme Bensalah entend servir trois dimensions totalement liées : la bonne gouvernance, la responsabilité sociale de l'entreprise et la croissance économique et son dynamisme. Les 22 commissions mises en place (plus que les 18 auparavant) brassent toutes les thématiques liées à la vie de la PME (banques et financement, fiscalité, RSE, transparence comptable, éthique et morale des affaires, conquête des marchés et accès aux marchés publics... mais aussi la communication et les relations publiques), pour plus d'écoute, de proximité et d'opérationnalisation. Il faut en finir avec cette image de «prédation» qui s'est installée dans l'opinion publique. «Faire des affaires, ce n'est pas se remplir les poches et s'en aller. Il s'agit de contribuer à faire tourner l'économie nationale», précisait Mme. Bensalah. « Nous voulons participer à l'harmonisation des relations avec le GPBM et faire aboutir un ensemble projet de lois avec le gouvernement ». La sortie de la loi sur les délais de paiement, par exemple, constitue une des clés à la problématique de financement de la PME. Et la «Vision 20/20» ? «On n'est pas contre. Mais c'est une vision qui s'étale dans le temps. La CGEM a besoin d'un plan d'action à court terme». Le défi, rappelait Mme Bensalah, est de livrer, au cours de ce mandat, quelque chose de palpable. «Il y a de la volonté de notre part. Il faut aussi du courage politique de la part du gouvernement» L'organisation patronale, forte de ses nouvelles adhésions et de sa profonde représentativité au niveau des différentes régions du royaume, mesure sa lourde tâche et compte bien réussir sa marche vers la modernité. Après la signature du Mémorandum à Skhirat, on prépare aujourd'hui la constitution du Comité de suivi du partenariat Public-Privé.