L'arrestation par la BNPJ (Brigade nationale de la police judiciaire) de l'ex patron de la Comanav , Taoufiq Ibrahimi, et de Mohamed Rami, son ancien conseiller et actuel responsable de l'INRH à Casablanca, ainsi que de deux cadres de l'UMT, Said El Hirch, secrétaire général du syndicat des dockers du Maroc, et Abderrahim Mandour, responsable DRH du Groupe CMA-CGM-Comanav, a occupé les manchettes de la presse nationale ce début de semaine. Un événement qui survient dans le sillage d'une éventuelle mise en faillite du Groupe Comarit-Comanav Ferry, dont les 5 bateaux sont toujours immobilisés au Port de Sète (France) et celui d'Algesiras (Espagne). Ce feuilleton dure depuis l'année dernière et continue encore à entretenir le suspense, au détriment des intérêts des 1.500 marins et salariés du Groupe. Va-t-on alors assister à un procès aux multiples facettes et à plusieurs étages, pour déterminer les responsabilités, ou est-ce un simple épisode d'une actualité très bien tendue, nourri par des intérêts inavoués et opaques ? Auquel cas, cette affaire Comarit-Comanav Ferry, à défaut d'un sauvetage en bonne et due forme, serait une simple tempête dans un verre d'eau, comme tant d'autres, qui ont émaillé l'actualité politico-financière ces derniers temps ! Des questions qui méritent d'être posées, car dans cette affaire plus précisément, les lectures diffèrent selon que l'on se place du côté du gouvernement ou du côté de la partie adverse. D'aucuns interprètent l'interpellation de Taoufiq Ibrahimi , entre autres, comme une première historique dans les annales de la responsabilité pénale des dirigeants d'entreprises. Ce serait un « signal fort sur l'engagement irrévocable de l'Etat marocain à ne pas laisser ses investissements stratégiques pris en otage par des intérêts personnels et opportunistes ». Le portail maritime du Maroc : «maritimenews.ma» publie un texte, sans citer son origine, dans lequel il est bien souligné qu'«il n'est plus permis de laisser des secteurs stratégiques pour le développement économique du royaume, comme le transport maritime et portuaire, en proie à des pratiques d'une autre ère, qui ne correspondent...plus à la nouvelle dynamique que connait le royaume après l'adoption de la nouvelle constitution du 1er juillet 2011... ». Il ya surtout cette phrase qui semble avoir une sonorité particulière : « A tous ceux et celles qui président aux destinées du secteur maritime et portuaire du Maroc, une nouvelle règle de gouvernance vient d'être mise en œuvre, l'exercice de la responsabilité n'est plus un fait pour honorer la personne, mais bien une charge pour laquelle le principe de reddition des comptes est fortement associé ». Mais, il ya aussi cette autre version qui tente de rétablir toute une série des faits. Tout est parti après la déposition de Samir Abdelmoula, la veille du démarrage de l'opération transit des MRE (aller comprendre pourquoi). Car, il faut rappeler que la saisie des bateaux de la compagnie et la situation sociale chaotique dans laquelle ont été embarqués plus de 1.500 marins et salariés du Groupe, devait susciter des questionnements des groupes parlementaires. Le débat relayé par la presse a été quelque peu contourné. Les réponses données par le ministre de l'Equipement et des transports Abdelaziz Rabbah, semblait aux yeux des protagonistes, moins convaincantes. De source proche du dossier, on a appris que le Groupe CMA-CGM (3ème armateur mondial) qui a racheté le Groupe Comanav, a délégué M. Ibrahimi, pour mettre en place un « plan de sauvetage » de la Comarit-Comanav Ferry. Ce projet, d'après notre source, devait être présenté au ministère de tutelle. Il s'agit essentiellement de créer une société nouvelle, une sorte de coquille juridique dans laquelle on logera les actifs de la Comarit. L'objectif étant de sauver le pavillon marocain et, du même coup, sauver les emplois des marins et des employés du groupe. Il parait que ce projet n'a pas eu l'accueil escompté, compte tenu des garanties exigées (notamment celles du gouvernement) pour la reprise des actifs de la Comarit. On y reviendra dans nos prochaines éditions avec de nouveaux développements.