La Bourse de Casablanca (BC) a besoin d'une nouvelle réforme profonde et structurelle et non simplement d'un lifting, a estimé, jeudi soir à Casablanca, le directeur du développement de la BC, M. Badr Benyoussef. Le marché financier marocain a, certes, atteint un niveau de maturité et de professionnalisme reconnus au niveau international, or il continue de souffrir d'une offre très limitée en produit, avec uniquement, le marché du cash, les actions et les obligations, a-t-il indiqué lors d'un workshop sous le thème "le positionnement régional de la place financière de Casablanca, quels enjeux réglementaires pour une meilleure attractivité financière". Ce marché perd de son attractivité jours après jours aussi bien auprès des investisseurs locaux qu'internationaux, a-t-il fait savoir, ajoutant que la place financière nationale commence à accuser un retard même par rapport aux marchés africains. Une situation qui s'explique, selon M. Benyoussef, par la structure de la réforme de 1993 qui, malgré de grandes avancées en terme de structures de marché et de protection des actionnaires, les minoritaires surtout, implique que tout changement ou modification doit passer par le circuit législatif. Le marché africain, fort d'un potentiel de croissance très important, constitue un relais par rapport aux pays occidentaux, a indiqué de son côté, l'avocat à la Cour, Associé DUHAMEL BLIMBAUM D&B LAW FIRM, ajoutant qu'en terme de sécurité juridique, ce marché reste difficile à appréhender (marché africain). Face à cette situation, a-t-il poursuivi, il est logique de passer par un hub régional ou un centre rattaché à l'Afrique qui puisse offrir un niveau de sécurité juridique conforme aux standards internationaux et permettra aux acteurs internationaux d'accéder aux marchés du continent. Il a souligné à ce propos que Casablanca a des atouts pour s'inscrire dans cette stratégie, ajoutant que Casa finance city (CFC) a un bel avenir vis-à-vis des investisseurs étrangers. Le Royaume dispose également d'une position géographique stratégique lui permettant de tisser des liens avec les principaux pays d'Europe, d'Afrique et du Moyen-Orient, a-t-il ajouté. Pour ce qui est du climat des affaires et environnement réglementaire, M. Duhamel a relevé une réelle volonté des autorités marocaines pour renforcer l'attractivité financière du pays et ses stabilités, politique et économique et pour développer les échanges avec le reste du monde, ajoutant que l'accès au financement, la corruption, les infrastructures inadaptées et la présence d'un réseau trop restreint de conventions fiscales sur la double imposition, constituent des freins pour le développement des affaires au Maroc. La réforme des marchés de capitaux est entrée dans sa phase active avec l'approbation par le conseil du gouvernement de quatre projets de loi relatifs au marché financier, a-t-il souligné, précisant que le marché boursier sera dynamisé par la transformation du Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM) en une autorité marocaine du marché des capitaux, dotée de l'autonomie financière. Le marché boursier sera également dynamisé par l'entrée en vigueur du projet de loi sur le marché à terme et celui sur le prêt de titres, a-t-il poursuivi, relevant que pour garantir la sécurité du marché, ce projet prévoit la création d'une chambre de compensation. Pour sa part, le directeur général adjoint û CDVM, M. Hicham El Elalamy, a fait savoir que la réglementation financière n'est qu'une composante de l'attractivité du marché parmi tant d'autres, ajoutant qu'à elle seule, cette réglementation est nécessaire mais loin d'être suffisante. Pour qu'un marché soit attractif, M. Elalamy a expliqué qu'il doit remplir un ensemble de conditions dont la transparence, l'intégrité et l'équité, ce qui suppose une autorité de marché forte et indépendante, un professionnalisme des intervenants (formation et habilitation), des moyens technologiques et organisationnels ainsi que des professions organisées, mobilisées et volontaristes. Le marché attractif doit également être un marché liquide qui fournit des infrastructures de qualité, notamment la fiabilité, la continuité, la rapidité d'exécution, le retour rapide et un risque pays acceptable (stabilité politique et économique), a-t-il poursuivi, ajoutant que le public doit être averti et la réglementation efficace. Cette conférence s'inscrit dans le cadre du cycle des workshops organisés par la bourse de Casablanca et qui visent à traiter des différentes problématiques qui touchent ce marché et ce en vue de trouver de pistes pour le dynamiser et l'améliorer. Ce workshop a été également l'occasion pour sensibiliser les autorités et les différents opérateurs sur la nécessité de faire évoluer la réglementation financière marocaine, dont la dernière réforme date de 1993.