La morosité du marché boursier perdure, et rien ne semble faire réagir les investisseurs. Le doute ayant pris la place de la confiance, un panel de différents intervenants sur le marché s'est réuni ce mardi à la Bourse de Casablanca. Objectif : analyser la situation et proposer des pistes de solutions. «Le marché ne s'inscrit plus dans une tendance baissière. Il est aujourd'hui dans une phase d'immobilisme pesant», c'est ainsi que Taha Jaïdi, responsable desk à Attijari Intermédiation a décrit le marché boursier, lors du septième workshop organisé par la Bourse de Casablanca, mardi dernier, sous le thème «Stimuler la confiance des investisseurs dans le marché boursier marocain». Pour cet analyste, l'immobilisme est le signe non trompeur d'une méfiance et du doute de la part des investisseurs particuliers comme institutionnels. Il va sans dire que cette méfiance a fortement entachée les performances du marché. La contreperformance annuelle s'élève à 14 %. La volumétrie est des plus «ridicules», comparativement à celle affichée il y a encore deux ou trois années. De même, le ratio de liquidité, qui se calcule sur la base du taux de rotation de la capitalisation sur le marché central des actions, est en deçà de 2 %; il y a quelques années, ce même taux oscillait entre 6 et 10 %. La volatilité n'est non plus épargnée. Le constat est que celle-ci est de moins en moins importante. Les socles de la confiance Pour Jaïdi, plusieurs mécanismes impactent le niveau de confiance chez les investisseurs. A la base, et sur le même pied d'égalité, il y a le contexte politique et réglementaire, le contexte géopolitique et le contexte international. En second lieu, c'est le contexte macro-économique qui intervient quand les trois premiers présentent au moins une stabilité, sinon un climat positif. Après la situation macro-économique, les investisseurs accordent une importance au niveau de croissance de la capacité bénéficiaire des sociétés cotées. En dernier lieu, ils s'attardent sur le niveau de valorisation du marché. Dans la situation actuelle, «la confiance des investisseurs en le marché casablancais est impactée de manière significative par le contexte géopolitique que connaît la région nord-africaine depuis l'éclatement des révolutions, ainsi que par le contexte international et la croissance bénéficiaire des sociétés», précise Jaïdi. Avant d'ajouter que les performances macro-économiques ne sont pas reflétées sur le marché, car les opérateurs l'ayant permises, n'y figurent pas. Il s'agit, entre autres, de l'évolution des ventes de ciment au niveau de tout le secteur avec le démarrage du nouvel opérateur qui n'est pas coté en Bourse. Par ailleurs, il faut souligner que les deux premiers éléments influent essentiellement sur les investisseurs étrangers qui ne cessent de déserter le marché. Hormis ce mécanisme, l'ensemble des intervenants ont souligné l'importation de la diffusion d'information pertinente en temps utile. Manque d'informations Le responsable d'Attijari Intermédiation a précisé que ces quelques mois connaissent un vide informationnel criant, laissant libre cours aux rumeurs et aux spéculations, il s'agit notamment des périodes janvier-février, juillet-août et novembre. Le Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM), en la personne d' Ali Amrani, directeur des émetteurs, et Hicham Cherradi, directeur des marchés, a précisé que «les réformes entreprises par le gendarme de la Bourse prévoient l'obligation de publication de manière trimestrielle d'indicateurs d'activité et de résultats pertinents à même de combler le vide qui sévit entre les dates de publications annuelles et semestrielles». De plus, «le support électronique sera privilégié pour la diffusion de ces publications, et figure dans la réforme entamée comme support complémentaire à la publication dans les journaux d'annonces légales. Car, à ce jour, cette dernière est la seule à être reconnue par la loi», précise Amrani. Du côté des investisseurs professionnels, en l'occurrence les gestionnaires de fonds, Youssef Berdai, directeur des investissements à CFG Gestion, «la confiance est le garant d'une forte liquidité du marché et de la juste valorisation de ce dernier. Ces deux éléments, une fois atteints, renforcent à leur tour la confiance chez les investisseurs, ce qui constitue à la fin une boucle fermée». Pour y arriver, la diffusion d'informations demeure toujours l'atout le plus important. Il s'agira donc de la diffusion d'informations continues et assidues de la part des sociétés cotées, d'une transparence dans l'analyse des réalisations par rapport aux business-plans annoncés, d'une transparence également dans les transactions boursières des dirigeants des sociétés cotées, de la révision à la baisse des seuils de franchissement et de la publication de notes couvrant la majorité des valeurs, mises à jour de manière plus fréquente. Un marché trilingue L'attractivité de notre place passant également par la disponibilité de l'information en d'autres langues outre que le français, Amrani a précisé que pour l'heure, il est prévu la publication des extraits des notes d'informations en anglais et en arabe, la publication des états financiers en d'autres langues étant plutôt délicate. Du côté de la Bourse de Casablanca, «ce sont des fiches par société cotée qui sont disponibles dans les deux langues. Par ailleurs, un travail avec les émetteurs et les commissaires aux comptes est entrepris pour la réalisation d'un canevas qui permettrait d'automatiser et de simplifier la publication des états financiers en anglais», souligne Badr Benyoussef, directeur du développement à la SBVC.