Un peu plus de 25 milliards DH à fin septembre, contre à peine 20 milliards un an plutôt, le déficit budgétaire risque de dépasser la barre des 30 milliards DH d'ici la fin de l'année. En dépit de l'amélioration notable des recettes fiscales, le Trésor doit trouver ces milliards dont il a besoin pour éviter de se trouver en mauvaise posture. Au-delà des comptes spéciaux, qui ont totalisé près de 4 milliards DH, à fin septembre dernier, l'argentier du royaume fera, sans doute recours au marché intérieur pour lever les fonds nécessaires et qui s'avèrent plus important que prévu. Les besoins mensuels du Trésor se sont établis pour le mois de décembre à plus de 11 milliards de dirhams. Les analystes financiers d'Attijari Intermediation prévoient 10 milliards d'arriérés et un peu plus de 6 milliards comme tirage à l'international. L'argentier de l'Etat peut se retrouver en difficultés. Côté investisseurs, la demande laisse à désirer, commente les analystes de la banque d'affaires, ce qui pourrait présager que le Trésor pourrait consentir à une hausse des taux d'ici la fin d'année. D'ailleurs, la courbe primaire a été impactée à la hausse. Le taux de rendement de la maturité 2 ans qui a connu un fort engouement de la part des investisseurs s'est vu apprécié de plus de 3 pbs. Aussi, le court terme n'a pas échappé à ce mouvement haussier avec une rentabilité pour la maturité 13 semaines qui passe de 3.35% à 3.36%. Avec une levée de 2.9 milliards de dirhams, le Trésor porte le montant de ses soumissions pour le mois de décembre à plus de 8 milliards dirhams, soit un taux de réalisation des besoins prévisionnels de 67%. Au terme des neuf premiers mois de l'année 2011, le déficit budgétaire a atteint 25,6 milliards, au lieu de 20,2 milliards une année auparavant, indique le dernier rapport de Bank Al Maghrib. Cette nouvelle aggravation, essentiellement imputable à la poursuite de la hausse des charges de compensation, aurait été plus accentuée, en l'absence du recul observé des dépenses d'équipement et de celles au titre des autres biens et services, ainsi que du redressement des recettes, lui-même attribuable à l'amélioration des produits de la majorité des impôts directs et indirects, notent les auteurs du document. Les recettes ordinaires, chiffrées à 157,4 milliards DH, ont marqué une amélioration de 7,4% en glissement annuel, reflétant une progression de 6,2% des recettes fiscales et de 24,6% de celles non fiscales. La hausse des recettes fiscales recouvre une augmentation des impôts directs et indirects, ainsi qu'une baisse des recettes relatives aux droits de douane. Les rentrées au titre des impôts directs ont ainsi progressé de 8,4% à 54,1 milliards de dirhams, avec une hausse de 11,2% à 32,6 milliards du produit de l'impôt sur les sociétés, dont 7,3 milliards pour le seul mois de septembre, tandis que les recettes au titre de l'impôt sur le revenu, chiffrées à 20,1 milliards, ont marqué une progression 5,8%. 55 milliards pour la TVA Pour leur part, les recettes des impôts indirects ont augmenté de 7,4% pour atteindre 71,2 milliards, soit 50,4% du total des recettes fiscales. Le produit de la TVA s'est amélioré de 8,8% à 55 milliards, recouvrant une hausse de 15% de la TVA à l'importation et une quasi-stabilité de celle intérieure à 22 milliards. Les rentrées de la taxe intérieure de consommation, d'un montant de 16,3 milliards, se sont améliorées de 2,8%, tandis que les droits d'enregistrement et de timbre ont drainé un montant de 8,3 milliards, en hausse de 9,6% d'une année à l'autre. En revanche, les recettes des droits de douane continuent leur contraction observée depuis plusieurs mois, revenant en une année de 9,3 milliards à 7,7 milliards. Les dépenses ordinaires, en accroissement de 15,8% à 156,7 milliards de dirhams, ont été tirées principalement par les charges de compensation, d'un montant de 37,3 milliards contre 20 milliards à fin septembre 2010. En revanche, les dépenses de fonctionnement, chiffrées à 89,3 milliards, n'ont augmenté que de 2,3%, sous l'effet du recul de 14,1% des charges au titre des autres biens et services à 25,2 milliards, la masse salariale s'étant établie à 64,2 milliards, en accroissement de 10,5%. Dans ces conditions, l'épargne budgétaire s'est limitée à 689 millions, contre 11,2 milliards à la même date de l'année précédente. Concernant les dépenses d'équipement, d'un montant de 30,2 milliards, elles ont reculé de 5,6%, atténuant ainsi l'accroissement des dépenses globales à 11,7%, pour un montant de 186,9 milliards. Pour sa part, le stock des arriérés de paiement a atteint 19,8 milliards de dirhams à fin septembre 2011 au lieu de 15,4 milliards en décembre 2010, traduisant ainsi une constitution d'un montant de 4,4 milliards. Compte tenu de l'évolution des arriérés et du solde positif des comptes spéciaux du Trésor de 3,9 milliards, le déficit de caisse s'est établi à 21,2 milliards, au lieu de 19,1 milliards au terme de la même période de l'année précédente. Outre les recettes de privatisation de 5,6 milliards, le financement du besoin du Trésor a été assuré par les ressources intérieures à hauteur de 11,7 milliards et des flux nets du financement extérieur d'un montant de 3,9 milliards de dirhams. Taux interbancaire sur un trend haussier Les taux interbancaires continuent sur leur tendance haussière dépassant de plus de 7 pbs le taux directeur. Si la réserve obligatoire bancaire semble bien se comporter avec plus d'un milliard d'excèdent entre la moyenne constituée et la moyenne requise par l'institut de l'émission, les tensions sur le marché, eux, sont bien palpables, estiment les analystes d'Attijari Intermediation. Les taux de rémunération exigés par l'argentier de l'Etat au secteur bancaire virent au rouge. Ces derniers ont atteint durant la semaine dernière plus de 3,40% pour les emprunts avec prise en pension et plus de 3,35% pour les emprunts à blanc. Il n'en demeure pas moins que ce rehaussement des taux de placement n'a pas découragé les banques qui se sont refinancées à hauteur de 1,2 milliard DH en moyenne quotidienne auprès du Trésor