Si sa carrière cinématographique a pris un sacré coup de jeune en 2006, avec un oscar du meilleur acteur, pour son interprétation du dictateur ougandais Idi Amin Dada dans “Le dernier Roi d'Ecosse”, l'imposant acteur américain Forest Whitaker “au regard creepy” incarne une belle success-story à la hollywoodienne. Pourtant, ses premiers pas, il les a faits à la télévision. Diplômé en musique de University of Southern California, puis étudiant en art dramatique à l'université de Berkeley, Forest Whitaker fait son baptême de feu artistique dans les séries télévisées phares des années 70-80, comme Arnold et Willy, Capitaine Furillo, ou encore “L'Homme qui tombe à pic”. Sur grand écran, il décroche en 1982 un petit rôle dans “Tag : The Assassination game”, puis dans la comédie “Fast Times at Ridgemont High”, où il donne la réplique à un jeune premier : Sean Penn. Mais, ce n'est qu'en 1986 qu'il se fait remarquer du grand public, d'abord dans “La Couleur de l'argent” de Martin Scorsese, puis en rejoignant le Vietnam et la compagnie Bravo du Platoon d'Oliver Stone. Un Vietnam retrouvé un an plus tard dans “ Good Morning Vietnam”. Et après l'effort, le réconfort. La consécration arrive en 1988, avec le “Bird” de Clint Eastwood: son interprétation du musicien de jazz Charlie “Bird” Parker lui vaut le prix d'interprétation au Festival de Cannes. Ses qualités ne trahissent pas. Son physique, à la fois imposant et lunaire, qu'il doit à une pratique intensive du football américain dans sa jeunesse, lui permet d'alterner productions hard, comme “Blood sport” (1988), “Blown away” (1994), “Panic room” et “Phone game” (2002), mais aussi des films plus profonds. C'est ainsi que Whitaker joue drama dans “The Crying Game” (1992), des rôles de genre fantastique “Body Snatchers” (1993) et “Terre champ de bataille” (2000) ou encore des registres inclassables comme le tueur professionnel mélancolique de “Ghost Dog: la voie du samourai”, en 2000. Son passage derrière la caméra était tout aussi réussi. En 1993, l'acteur réalise le téléfilm “Strapped” pour la chaîne Hbo. Deux ans plus tard, Forest Whitaker réalise la comédie dramatique “Où sont les hommes?”, qui le voit notamment diriger la diva mondiale Whitney Houston. Un début prometteur qu'il tentera de faire mûrir à nouveau en 1998 dans le drame “Ainsi va la vie” avec Sandra Bullock et, en 2004, avec la comédie “Des étoiles plein les yeux”, emmenée par Katie Holmes. L'année 2008 marque, pour lui, le retour au cinéma nerveux, à l'affiche d' “Angles d'attaque” et “Au bout de la nuit”, inspiré d'un scénario écrit par le maître du polar James Ellroy. En 2010, il partage avec Jude Law l'affiche d'un film d'anticipation, Repo Men de Miguel Sapochnik, avant de rejoindre le casting de “The Experiment” de Paul Scheuring, remake américain d'un film allemand qui avait fait sensation (Das Experiment, 2000). En dehors des plateaux de tournage, Whitaker, l'homme, est très impliqué dans les causes universelles. Il a été ainsi nommé, en juin dernier, ambassadeur de bonne volonté de l'UNESCO. Il est aussi engagé dans plusieurs associations comme Penny Lane, qui vient en aide aux adolescents abusés. Toujours en relation avec l'humanitaire, l'acteur mène des projets mêlant septième art et causes justes, comme “Better Angels” qui traitera des enfants soldats en Ouganda, et “Common Destiny”, un documentaire sur le rôle de l'éducation dans la promotion de la paix. Il est, en tout, le portrait-robot d'un artiste complet qui n'en finit pas de surprendre.