Le bureau politique du Parti du progrès et du socialisme a décliné, hier à Rabat, lors d'une conférence de presse, le programme électoral du Parti, dans la perspective des élections législatives du 25 novembre prochain. La plateforme électorale du PPS est résumée en « 15 engagements » phares avec « 100 mesures » destinées à assurer, à très court terme (durant la prochaine législation), la justice sociale et cibler l'homme pour satisfaire ses besoins les plus pressants. Sous le mot d'ordre « La justice sociale maintenant, l'humain d'abord », les militants et les candidats défendront les couleurs du Parti, devant les citoyens. Le programme définitif a fait l'objet d'intenses débats, depuis deux mois, et part, d'abord, du constat général que le pays fait des progrès qui restent insuffisants et très en deça de ses potentialités. La démarche du PPS préconise une révision des grands dysfonctionnements économiques et budgétaires. Elle part de l'impératif de réorienter le « gâteau national », actuellement dirigé vers le capital, pour une meilleure répartition des richesses nationales. Pour cela, lit-on dans le programme, « Il faut absolument se fixer comme objectif de réaliser un taux de croissance supérieur à 6% afin de pouvoir combler les déficits sociaux structurels et combattre le chômage endémique et notamment le chômage des jeunes diplômés ». Tout pour l'emploi, notamment l'emploi des jeunes « La problématique de l'emploi est au cœur de notre programme et au centre des préoccupations du PPS. Il ne s'agit pas de n'importe quel emploi, mais d'un emploi décent qui garantisse la dignité de l'homme et lui assure une vie convenable. S'il n'y a pas de solution magique à ce niveau, nous pensons qu'il faille explorer toutes les voies possibles et faire « feu de tout bois ». Le programme emploi que nous préconisons peut se décliner dans les mesures suivantes : - La poursuite de la politique des grands travaux pour équiper le pays en autoroutes (Ex : autoroute de l'Atlas reliant Fès et Marrakech), en voies ferrées (en pensant à relier Marrakech à Laayoune), en routes régionales, en ports et aéroports, en logements sociaux. Ces grands travaux qui seront réalisés soit par l'Etat, soit dans le cadre d'un partenariat public- privé auront un double impact : améliorer la compétitivité de l'économie et l'attractivité pour les investisseurs d'une part et répondre à des besoins sociaux essentiels d'autre part. -Outre ces grands projets structurants, création dans chaque région au moins une technopôle et un grand pôle universitaire. Les technopoles et les universités seront les noyaux de constitution des pôles de compétitivité régionaux qui donneront un élan nouveau à la régionalisation. Ces mesures à caractère général, doivent être complétées par des actions spécifiques. La lutte contre la précarité dans le monde rural, une question essentielle Le plan Maroc Vert doit donc prévoir les mécanismes permettant de contrecarrer l'inégalité des rapports entre capitalistes privés et petits producteurs, notamment dans le processus d'agrégation prévu par le pilier 1 ;il faut assurer des prix rémunérateurs aux petits paysans et des emplois décents aux travailleurs agricoles et ne pas les laisser soumis aux règles imposées par les investisseurs privés mus exclusivement par des objectifs de rentabilité et de profit ; +enfin, le développement de l'agriculture ne saurait être dissocié d'une grande politique de promotion du monde rural à travers une approche intégrée de développement des activités non agricoles (industrie, artisanat, tourisme…), l'accès à l'eau potable, aux soins et de promotion de la femme rurale. Réduire les inégalités campagnes- villes et promouvoir le monde rural Une bonne partie des problèmes de la ville trouvent leur source à la campagne qui draine annuellement un « surplus » de population de 500 000 personnes. Le développement du monde rural et sa mise à niveau économique et sociale constituent un impératif du développement du pays dans son ensemble. Le programme que propose le PPS s'articulera autour des axes suivants : - La création d'un cadre institutionnel favorisant la mobilisation des agriculteurs et de toutes les potentialités productives, à travers : •La liquidation des régimes d'appropriation collective des terres et la levée des freins fonciers qui bloquent l'investissement et la modernisation de notre agriculture, mise des terres guich , collectives et de la réforme agraire à disposition des agriculteurs qui les exploitent , et constitution d'une réserve foncière publique à partir des terres habous et du domaine public de l'Etat au service des objectifs stratégiques en matière de recherche, de formation, production de semences, promotion de l'investissement • La réforme des circuits de commercialisation et, notamment, la réduction immédiate à 3% des taxes prélevées dans les marchés de gros, •La mise en place, en substitution au fonds de développement agricole, d'un fonds de soutien à l'intensification agricole alimenté par les taxes fiscales indirectes supportées par les agriculteurs, Réduire les inégalités sociales et réhabiliter le service public La réduction de la fracture sociale constitue un véritable enjeu pour la stabilité politique et la paix sociale dans le pays, condition sine qua none pour le renforcement de la démocratie et du développement. Les deux phénomènes vont de pair. Un partage plus équitable des richesses passe impérativement par une profonde réforme fiscale. la réforme fiscale que nous proposons vise deux objectifs complémentaires : d'une part, favoriser l'investissement et lutter contre les revenus spéculatifs en instaurant des taux différenciés selon la nature de l'activité ; d'autre part, protéger et soutenir le pouvoir d'achat des larges couches populaires à travers notamment la réduction, ou la suppression , des taux de la TVA sur une série de produits de base comme les médicaments, les produits alimentaires de base, le relèvement du seuil d'exonération de l'IR à 48 000 DH. - Elargir l'assiette fiscale et lutter contre l'évasion et la fraude fiscales. Il est anormal que sur 1,67 million de TPE seules 310 000 aient la patente et que l'essentiel de l'effort fiscal soit la contribution des fonctionnaires et salariés taxés à la source, ainsi que celle de quelque centaines d'entreprises ; un grand effort d'intégration de l'informel, fondé sur l'accompagnement et la pédagogie, mais aussi sur la sanction des infractions à la loi quand cela s'impose, devra être conduit ; - Instaurer un impôt sur la fortune ; - Instaurer un impôt sur les grosses successions ; - Taxer les résidences secondaires et le foncier non bâti pour libérer les logements dans les zones de pénurie d'habitation ; - Corriger l'incohérence dans la taxation respective du travail et du capital. Il est paradoxal dans notre pays que les plus values de cession d'actions en bourse soient imposées à 15%, celui des OPCVM et du foncier à 20%, tandis que les revenus du travail sont beaucoup plus imposés. Revaloriser le Salaire minimum Tout en réduisant progressivement l'écart entre le SMIG et le SMAG dans la perspective de l'unification du salaire minimum, et augmenter les bas revenus de telle sorte à resserrer l'écart des rémunérations. Cette révision à la hausse ne pénalisera pas l'investissement. Bien au contraire, en stimulant la consommation, elle augmentera la demande locale et favorisera à terme l'investissement. Pour soutenir le pouvoir d'achat de la population et en premier lieu des revenus du travail, il faut indexer le salaire sur le « coût de la vie » (dont il faut revoir le calcul) et la productivité. - Créer les conditions pour le développement d'une véritable classe moyenne et ce en donnant au travail et à l'effort la valeur qu'ils méritent, en valorisant les compétences personnelles, en changeant les critères de promotion dans le travail et la fonction publique…L'école et le système éducatif doivent contribuer à développer une nouvelle culture pour le travail et l'effort. De même qu'il convient d'encourager les citoyens à accéder à la propriété de leur logement. Assurer la gratuité et la qualité des services sociaux de base comme leviers fondamentaux de l'égalité des chances. L'éducation : une priorité nationale Le Parti du Progrès et du Socialisme, prenant en considération les nouvelles donnes des retombées de la mondialisation et de l'importance de la formation du capital humain pour faire face à la compétitivité dans une économie de plus en plus internationalisée, et attaché aux principes fondamentaux de la dignité humaine, de l'égalité des chances et de la solidarité sociale, fait du développement du secteur de l'éducation et de la formation, et celui de la recherche, une priorité nationale, et s'engage à défendre avec vigueur et détermination une véritable refondation de l'école et de l'université au service du développement économique, social et culturel. Il s'engage à contribuer à apporter des réponses concrètes et pragmatiques aux diverses problématiques et trouver des solutions adéquates aux multiples insuffisances et dysfonctionnements, ouvrant ainsi la voie à la naissance d'une nouvelle école nationale réconciliée avec son environnement et en phase avec les besoins de la société et les attentes des citoyens. Santé : rendre confiance au citoyen La politique de santé proposée par le PPS, dont la finalité est d'assurer l'accès aux soins et généraliser la couverture médicale, vise deux objectifs essentiels : - L'accès de tous les citoyens à des soins de santé, au moment opportun, selon leurs besoins et non leur capacité de payement, - Des services de santé de qualité, sécurisés, efficaces et axés sur le patient. Conduire une nouvelle politique du sport Il faut préciser que le sport est, pour la première fois inscrit dans la Constitution comme un droit du citoyen, au même titre que l'éducation et la santé. Partant de là, il appartiendra aux diverses institutions de l'Etat (Gouvernement, parlement, collectivités territoriales) de l'inscrire parmi leur préoccupation et d'assumer leur responsabilité pour permettre son exercice par tous les citoyens, indépendamment de leur sexe, de leur âge, ou de leur localisation géographique. Le sport doit être considéré comme une activité physique participant à l'épanouissement de la personnalité et au bien-être de la population. C'est le SPORT DE MASSE ouvert à tous et devant être pris en charge par tous les intervenants politiques, économiques et sociaux (administrations, Etablissement publics et privés, collectivités locales). A cet effet, le gouvernement fera adopter par le Parlement UNE CHARTE DU SPORT POUR TOUS qui précisera les modalités de la mise en œuvre du sport de masse à ces divers échelons, l'objectif étant de permettre à tout un chacun de pratiquer le sport en tant que facteur de développement physique et mental et instrument d'épanouissement humain. Une mention spéciale doit être accordée au SPORT scolaire et universitaire pour que tous les élèves et les étudiants puissent pratiquer le sport de leur choix dans les établissements qu'ils fréquentent. Une politique d'habitat qui répond aux besoins en logement La crise de l'habitat, tant dans les agglomérations urbaines que dans les villages et centres urbains, est devenue préoccupante. Elle a des retombées négatives sur le mode de vie et le paysage urbain ainsi que sur la détérioration de la qualité de la vie et la santé des citoyens. Le PPS plaide pour l'adoption d'une politique d'habitat qui préserve le patrimoine architectural, humanise nos villes et facilite l'accès à un logement décent à tous les ménages en fonction de leur pouvoir d'achat. Aller vers la parité et l'égalité effective des sexes En s'appuyant sur les acquis déjà réalisés notamment à travers le nouveau code de la famille et le nouveau code de la nationalité et ainsi que sur les avancées enregistrées en matière politique, social ou économique, le PPS militera pour la mise en œuvre effective des nouvelles dispositions constitutionnelles en matière de parité. Mener une grande politique de lutte contre la pauvreté et la précarité Une première évaluation de l'INDH révèle que chaque fois que la population est associée aux processus de formulation et de suivi des projets, les résultats sont tangibles ; par contre, chaque fois que les pratiques autoritaires prédominent, chaque fois que l'autorité locale n'arrive pas à se débarrasser des vieilles habitudes où elle seule a le pouvoir de décider et d'allouer les ressources, selon des pratiques clientélistes ou bureaucratiques, les résultats et l'impact sur les populations ne sont pas au rendez-vous. Une attention particulière à l'égard des personnes aux besoins spécifiques (les handicapés, l'enfance abandonnée et l'enfance des rues et les personnes âgées sans ressources). Sans bonne gouvernance, c'est l'épée dans l'eau… La question de la gouvernance démocratique est au cœur de notre programme. Elle conditionne les progrès de l'ensemble des autres chantiers et est posée en des termes nouveaux par la nouvelle constitution. En effet, cette dernière donne à la question de la gouvernance une dimension politique essentielle et la rend indissociable des réformes politiques indispensables visant notamment à concrétiser les principes constitutionnels nouveaux. Il s'agit particulièrement ‘affirmer les principes de bonne gouvernance et de la moralisation de la vie publique et de l'Etat de droit économique La réforme de la justice Elle passe d'abord et en premier lieu, par la concrétisation constitutionnelle de son indépendance; la justice dans son fonctionnement doit gagner la confiance des citoyens à travers son efficacité et l'accessibilité de ses procédures : la révision de ses rapports avec les services de sécurité ( qui doivent être assujettis au contrôle judiciaire, notamment pour ce qui concerne l'exécution des missions de police judiciaire), la mise en œuvre des nouvelles dispositions constitutionnelles relatives au rôle et à la composition du Conseil Supérieur du Pouvoir judicaire, l'amélioration du statut des juges… sont autant de mesures qui doivent permettre de progresser dans la voie d'une justice honnête et impartiale. Une stratégie audacieuse de lutte contre la corruption La lutte contre la corruption, la moralisation de la vie publique, la consécration de l'Etat de droit sur tous les plans et, en particulier, sur le plan économique devront constituer une priorité stratégique du prochain gouvernement qui devra créer les conditions d'une mobilisation permanente, loin des effets d'annonce sans lendemain et loin de tout logique de campagne épisodique. En ce qui concerne la lutte contre les privilèges et l'économie de rente, il convient à court terme de donner des signes tangibles d'élimination de certains cas flagrants de monopoles ou de privilèges illicites, notamment les licences d'exploitation dans certains secteurs : pêche, exploitation des carrières, transport ; La régionalisation : un chantier porteur Le chantier de la régionalisation avancée constituera un axe majeur pour le futur gouvernement qui devra élaborer une loi organique concrétisant les principes constitutionnels visant la construction de l'Etat unitaire décentralisé, le renforcement de la démocratie de proximité, la promotion du développement humain et les solidarités territoriales. La Commission nationale a fait un important travail fondé sur la concertation et l'écoute et a émis des propositions constructives autour desquelles il est fondamental d'ouvrir un large débat ; il est essentiel que le modèle marocain de régionalisation soit l'objet d'un consensus national tant dans ses volets institutionnels, politiques, économiques que sur le plan du découpage territorial.